Moscou, naissance et renaissances d’une ville « phénix »

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« Moscou est nécessaire à la Russie » (Nicolas Gogol).

Etablie sur sept collines dans une plaine arrosée par la Moskva, la ville de Moscou doit son essor à son rôle de carrefour commercial et à sa centralité. Son entrée dans l’histoire date de 1147 sous l’impulsion du prince de Souzdal Youri Dolgorouki qui décide d’y bâtir un « kreml », un fortin de bois et de terre, ancêtre de l’actuel Kremlin. L’essor de la capitale de ce que l’on nommera désormais la Moscovie ne cessera dès lors d’augmenter, porté autant par l’époque que par des princes ambitieux. Détruite une première fois en 1238 par l’invasion des Tatars de la Horde d’Or, Moscou se relèvera avant de se soumettre à ses ennemis dans le seul but de servir ses ambitions territoriales. A la fin du XVe siècle, alors que la puissance tatare est moribonde, grâce à la mise au pas d’autres principautés, Moscou accouche de la Russie ! Plus tard, Ivan IV dit « le Terrible » s’accorde le titre de Tsar (César) pendant que l’Eglise russe orthodoxe se détache de Constantinople et devient autocéphale. Dignité impériale, dignité patriarcale, la vocation universelle de la Russie, de Moscou, est assurée c’est l’idée de la « Troisième Rome » ! En 1712, Pierre le Grand (1689-1725) fonde la nouvelle capitale de la Russie dans un lieu « improbable » : Saint-Pétersbourg. Une nouvelle page de l’histoire de Moscou et de la Russie va s’écrire alors. Se met alors en place le mythe de Moscou « ville éternelle ». Car à côté de cette Saint-Pétersbourg officielle, artificielle, tournée vers l’Europe, « non russe », Moscou apparaît clairement comme le coeur et le conservatoire ancestral de l’identité de la Russie. Cette ville se montre aussi plus excentrique, plus slavophile, plus frondeuse que la « Venise du Nord » ! S’ensuit une première renaissance de Moscou. Elle date de l’incendie de 1812 durant son occupation par les troupes françaises. Un chaos créateur ! Reconstruite, elle devient la « ville phénix », la cité qui renaît de ses cendres. Cet élan créateur est renforcé au milieu du XIXe siècle par l’essor fulgurant de son industrie. Moscou s’étale, se dilate et engage un dialogue constant avec la modernité artistique, littéraire et devient une immense scène expérimentale. La seconde renaissance de Moscou date de la révolution bolchévique et du rétablissement de son statut de capitale en 1918. Cœur de la « Troisième Internationale », Moscou devient alors une ville-manifeste, soviétique, vitrine d’une nouvelle société porteuse d’un avenir radieux à l’image de son métro (1935), le plus beau du monde. Aujourd’hui, Moscou est une mégapole de plus de 12 millions d’habitants, la capitale politique et financière du plus vaste pays du monde. L’excès y est la règle, dans la longueur des embouteillages, dans les réalisations architecturales toujours monumentales. Et comme hier, tout s’y décide, tout y revient, tout y est possible, Moscou n’est décidément pas toute la Russie mais « Moscou est nécessaire à la Russie » (Nicolas Gogol).


Votre conférencier :

Diplômé de l’École du Louvre et de l’université Paris-IV-Sorbonne, Fabrice Delbarre est Guide conférencier-national.


Les dates à retenir :

1147 : fondation de la ville de Moscou par le prince Youri Dolgorouki.

1238 : destruction de Moscou par les tataro-mongols de la Horde d’Or.

1452-1505 : allégeance de nombreuses principautés au prince de Moscou.

1712 : la capitale est transférée à Saint-Pétersbourg par Pierre le Grand.

1812 : Incendie de Moscou durant la campagne de Russie.

1918 : Les Bolchéviques rétablissent Moscou comme capitale.

1935 : Début de la construction du métro de Moscou.

1941-1942 : Bataille de Moscou. Les allemands arrivent à 23 km de Moscou.

1947 : Début de la construction des 7 gratte-ciels de Moscou.

2018 : La coupe du monde de football est organisée à Moscou.


A lire pour aller plus loin :

John Bowlt, (dir.), Moscou et Saint-Pétersbourg 1900-1920 - Art, Vie et Culture, Hazan, 2008.

Dimitri Chvidkovski, & Jean-Marie Perouse de Montclos, Moscou. Patrimoine architectural, Flammarion, 1997.

Vladimir Guiliarovski, Moscou et les Moscovites, Verdier, 2005.

Pascal Marchand, Moscou, Autrement, coll. « Atlas/Mégapoles », 2010.


A regarder pour aller plus loin :

« Moscou ne croit pas aux larmes » de Vladimir Menshov, 1980, DVD Potemkine Film.


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Fabrice Delbarre
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