La vie moderne selon Gustave Caillebotte, à l'occasion de l'exposition au Musée d'Orsay
Connu pour ses vues du Paris haussmannien et ses parties de canotage, Gustave Caillebotte (1848-1894) est bien le peintre impressionniste de la vie moderne de cette fin de 19e siècle qu’il marque autant par son style pictural que par ses engagements. Un style qui lui est propre d’abord : une touche lisse, des effets sublimes de reflets, des perspectives audacieuses, une étude minutieuse de ses sujets, une modernité photographique. Des engagements notables ensuite car si Caillebotte s’adonna à ses passions comme la peinture, le nautisme et l’horticulture, sa fortune personnelle lui permit aussi de collaborer activement à la tenue de plusieurs des Expositions Impressionnistes. Il enrichit également le groupe artistique par des sujets novateurs autour de la figure masculine ; apport suffisamment remarquable pour qu’il soit aujourd’hui le thème de l’exposition que le musée d’Orsay lui consacre cet automne à l’occasion de l’acquisition de deux de ses tableaux. Ils rejoignent ainsi la belle collection que le musée possède déjà et dont le fonds est en partie constitué du legs que Gustave Caillebotte consentit à l’état français de 70 chefs d’œuvre comprenant des toiles qu’il avait peintes lui-même et beaucoup d’autres achetées à ses amis Cézanne, Monet, Renoir, Degas entre autres.
Votre conférencière :
Nathalie Douay est historienne de l'art et conférencière nationale.
Les dates à retenir :
1848 : naissance le 19 août à Paris de Gustave Caillebotte dans une famille faisant commerce de drap depuis le 18e siècle. Son père fera fortune en devenant fournisseur des armées de Napoléon III.
1870 : Gustave obtient sa licence de droit et entre cette même année dans l’atelier de Léon Bonnat. Il fait ensuite la connaissance de Giuseppe de Nittis qui le présente à Edgar Degas et l’invite en Italie. Il rencontre également Marcellin Desboutin, Henri Rouart et Claude Monet avec lesquels il se lie d’amitié.
1874 : il hérite d’une très forte somme d’argent à la mort de son père. Dès lors, il peut se consacrer à ses nombreuses passions dont la peinture.
1876 : refusé au Salon officiel l’année précédente, son tableau des Raboteurs de parquet est exposé dans la galerie de Paul Durand-Ruel à l’occasion de la 2nde exposition des Impressionnistes avec 6 autres de ses œuvres.
1877 : il rend possible la tenue de la 3ème exposition du groupe en finançant l’évènement. Par la suite, il continuera à participer et financer des expositions du groupe. Il achète régulièrement des œuvres de ses amis pour enrichir sa collection personnelle.
1882 : il partage son atelier avec Claude Monet (1840-1926).
1883 : convaincu que ‘l’on meurt jeune dans sa famille’, Gustave Caillebotte rédige un testament par lequel il signifie sa volonté de léguer 70 œuvres de sa collection à l’État français comprenant des tableaux de Monet, Degas, Pissarro, Sisley, Renoir, Manet et Cézanne.
À partir de 1886, Gustave Caillebotte s’adonne de plus en plus à ses autres passions comme le canotage et le jardinage. Il cultive de nombreuses orchidées et chrysanthèmes dans la serre qu’il se fait construire dans sa nouvelle propriété du Petit Gennevilliers.
1888 : il est invité, ainsi que son ami Armand Guillaumin, à exposer à Bruxelles avec le Groupe des XX.
1894 : Gustave Caillebotte décède d’une congestion cérébrale le 21 février à l’âge de 45 ans. Paul Durand-Ruel lui organise sa première rétrospective en présentant 123 de ses œuvres.
1897 : le ‘legs Caillebotte’ est exposé dans une annexe construite spécialement au musée du Luxembourg ; après avoir été transférée au musée du Louvre puis au musée du Jeu de Paume, sa collection est présentée au musée d’Orsay depuis son ouverture en 1986.
À lire pour aller plus loin :
Paul Perrin, Gustave Caillebotte : Peindre les hommes, Éditions Gallimard, 2024.
Anne Sefrioui, Caillebotte, Éditions Hazan, 2023.
Dans l’intimité des frères Caillebotte : Peintre et photographe, catalogue d’exposition, Éditions Flammarion, 2011.