Les Femmes et la Révolution : 1770-1830

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Les premières années révolutionnaires furent un réel moment, peut-être le premier aussi important et décisif concernant l’émancipation des femmes. Certes, depuis des siècles, elles étaient habituées à se battre, à participer ou à déclencher des émeutes, toutefois, l’objectif demeurait strictement frumentaire ou fiscal. Il s’agissait d’émeutes de la faim, de tumultes devant les boulangeries, de pillages de convois de farine ou de terroriser les agents du fisc, puis elles rentraient dans leur foyer.

En 1789, constituant plus de la moitié de la population, environ 14 millions, majoritairement rurales et pour 15% d’urbaines, hormis une mince frange qui n’en avait guère besoin, toutes travaillaient dur, soit aux champs et, en ville, où des milliers de femmes occupaient des dizaines de métiers requérant, pour la plupart du temps, une qualification minutieuse, toutefois, elles étaient rémunérées à la moitié des salaires masculins, -constatons que, de ce côté, l’évolution est lente-

Eternelles mineures, à l’exception des veuves et de quelques cas très particuliers, elles ne possédaient pas de personnalité juridique, passant de l‘autorité du père à celle du mari ou du fils aîné. Considérées avant tout comme gardiennes du foyer et reproductrices, assignées à la place où Dieu les avait placées, physiologiquement inférieures et, par ailleurs, considérées comme dénuées de raison, parce que trop sensibles à leurs émotions et à leur flux.

Or, à partir de 1789, la donne change, les femmes, soyons plus juste, des femmes entrent en lutte mais, cette fois, il s’agit d’une lutte féminine, tout à la fois, sociale, sociétale, économique et politique pour l’obtention d’un statut juridique, pour l’égalité, pour le droit de vote, pour celui à l’instruction et celui de porter la cocarde et les armes. Ce sera l’objet de la conférence que de suivre la montée en puissance de ce mouvement.

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Votre conférencière :

Docteur en histoire, spécialiste de la Révolution française, Christine Le Bozec a enseigné à l’université de Rouen, dont elle fut l’un des doyens. Elle a publié de nombreux ouvrages, dont La Première République, 1792-1799 et Les Femmes et la Révolution.


Les dates à retenir :

5/6 octobre 1789, marche des femmes sur Versailles.

6 mars 1792, Pauline Léon et 319 femmes réclament la création d’une garde nationale féminine, ce serait la naissance des « Tricoteuses ».

20 septembre 1792, légalisation du mariage civil, le divorce.

10 mai 1793, création du club des Citoyennes révolutionnaires républicaines, club strictement féminin.

Juin 1793, début de la bataille des femmes pour le port de la cocarde.

30 octobre 1793, décret Amar, les femmes considérées comme un danger politique, social et rivales économiques des hommes, elles sont interdites de clubs, interdites de prise de parole en public, leurs sociétés dissoutes.

Mi-février 1794, malgré le décret Amar, elles continuent à se battre et le pic de radicalité féminine est atteint, qualifiées d’Enrages » elles soutiennent Hébert.

1794-1795, bien que, toujours, interdites de militer, elles constituent l’avant-garde de la sans culotterie.

Germinal an III, 1er avril 1795, elles envahissent la Convention thermidorienne, réclament « Du pain et la Constitution de 1793 ».

1er prairial an III, 20 mai 1795, à nouveau à la tête de la foule qui envahit la Convention, elles résistent avant l’intervention de la Garde qui chasse les émeutiers.

4 prairial, 23 mai 1795, un décret les exclut de la vie publique, interdit tout rassemblement, elles sont chassées de l’espace public.


À lire pour aller plus loin :

Dominique Godineau, « De la guerrière à la citoyenne. Porter les armes pendant l’Ancien Régime et la Révolution française », Clio, Histoire, Femmes et sociétés, 2004. 

Claude Guillon, « Pauline Léon, une républicaine révolutionnaire », Annales Historiques de la Révolution française, n° 344, avril/juin 2006.

Christine Le Bozec, Les femmes et la Révolution, Paris, Passés/Composés, 2019.

Antoine Litli, Le monde des Salons. Sociabilité et mondanité à Paris au XVIIIème siècle, Paris, Fayard, 2005.

Jean-Clément Martin, La révolte brisée. Femmes dans la Révolution française et l’Empire, Paris, Armand Colin, 2008.

Michèle Perrot, Les femmes ou le silence de l’Histoire, Paris, Flammarion, 1998.