Fra Angelico (vers 1400-1457) ou le peintre des anges

Image représentant la conférence  Fra Angelico (vers 1400-1457) ou le peintre des anges

Vers 1420, un jeune-homme nommé Guido entra dans l’ordre des Dominicains de Fiesole, près de Florence. Il prit alors le nom de « Giovanni » et pour ses contemporains il devint Fra Giovanni de Fiesole, « frère Jean ». Mais en 1469, moins de dix ans après sa mort, il fut qualifié de « peintre angélique » et connu désormais sous le nom de Fra Angelico. L’année 1982, sera le point d’orgue de cette valse des noms lorsque le pape Jean-Paul II béatifiera Fra Angelico qui sera désormais et pour toujours le « Bienheureux Angelico » protecteur des artistes, fêté chaque année le 18 février.

Fra Angelico est considéré comme l’un des plus grands artistes de l’histoire de l’art occidental. Né peu avant 1400, à Vecchio, près de Florence, les étapes de sa formation sont mal connues bien qu’un passage par l’atelier prestigieux du peintre et miniaturiste florentin, Lorenzo Monaco ne fasse guère de doute. Sa première oeuvre - aujourd’hui disparue - date de 1418. Fra Angelico fut donc peintre avant de devenir moine.

Durant ces années 1420-1440, Florence est le foyer artistique le plus dynamique de l’Italie. C’est là que Brunelleschi, Donatello, Masaccio sont en train d’élaborer une nouvelle perception du monde. Fra Angelico n’est pas en reste, à la croisée des chemins, sa peinture regarde à la fois vers Giotto et vers Masaccio. Cependant, une différence de taille le distingue des autres artistes : Fra Angelico est un religieux et son oeuvre ne sera que religieuse. Dans la biographie que lui consacrera Giorgio Vasari, il est l’exemple même de l’artiste inspiré par le divin. Un artiste qui ne prenait pas les pinceaux avant d’avoir fait une prière. Vasari ajoute que lorsque Fra Angelico peignait un crucifix « c’était toujours les joues baignées de larmes ». Pour cerner la personnalité du peintre Fra Angelico, il suffirait donc de se plonger dans son oeuvre. Mais cette oeuvre ne se limite pas à la seule beauté esthétique car l’objectif du peintre-moine tient en une phrase : rendre un hommage permanent au divin et à la dévotion au moyen de la peinture.

Cette approche est lisible de retable en retable que ce soit à Fiesole, Florence ou encore Rome où Fra Angelico sera tout à tour actif. Elle est plus éloquente encore dans les fresques du couvent San Marco de Florence (1438-1450). Pour parvenir à ses fins, Fra Angelico bouscule les codes mais à sa manière. Ainsi, il convoque de nouveaux outils comme le naturalisme et la perspective mais garde une palette irréelle, à la fois douce et sonore : le rose, le blanc, l’or. Un côté médiéval dira certains. Ces aller-retours entre tradition et modernité furent sans doute pour Fra Angelico les moyens les plus adaptés pour peindre le divin. Michel-Ange l’avait, lui, bien compris lorsqu’il écrivit : « ce bon moine - Fra Angelico - a visité le Paradis et il lui a été permis d'y choisir ses modèles ». Allons donc faire à notre tour un une petite visite au Paradis…


Votre conférencier :

Diplômé de l’École du Louvre et de l’université Paris-IV-Sorbonne, Fabrice Delbarre est Guide conférencier-national.


Les dates à retenir :

Vers 1400, naissance de Guido di Pietro dit « Fra Angelico »

1417, première mention de Fra Angelico en tant que peintre

1420, Guido di Pietro entre dans l’Ordre des Dominicains à Fiesole

1429-1440, Fra Angelico se spécialise dans la production de retables

1438-1450, réalisation des fresques du couvent dominicain de San Marco à Florence

1446-1447, le peintre réalise la Chapelle du Saint-Sacrement au Vatican

1450-1452, Fra Angelico est nommé prieur au couvent de San Domenico de Fiesole

1453, second voyage à Rome où il décore l’église de la Minerva

1457, mort le 18 février de Fra Angelico à Rome

1982, Fra Angelico est béatifié par le pape Jean-Paul II et devient le patron des artistes


À lire pour aller plus loin :

DAMIANI, Giovanna, Fra Angelico et les Maîtres de la lumière. Catalogue de l’exposition du musée Jacquemart-André, Fonds Mercator, 2011

G. DIDI-HUBERMAN, Fra Angelico, dissemblance et figuration, Paris, Flammarion, 1990

J. POPE-HENNESSY, Fra Angelico, Phaidon Press, Londres, 1974, trad. franç. Sers, Paris, 1989

N. ROWLEY, Fra Angelico. Peintre de lumière, Gallimard, 2011

A. TABUCCHI, Les oiseaux de Fra Angelico, 10/18, 2000, (Nouvelles)


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Fabrice Delbarre
02_Histoire de l’art