Femmes et artistes

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Frida Kahlo, Tamara de Lempicka, Suzanne Valandon, trois femmes, trois artistes, trois destins. Si la condition féminine est le fruit d’un combat séculaire, celui de la femme-artiste l’est tout particulièrement. Non pas que les femmes ne s’intéressèrent pas aux Arts en tant que praticiennes ; en fait, quelles que soient les époques, elles furent essentiellement confrontées au mysoginisme ambiant. « Si c’était la coutume d’envoyer les petites filles à l’école et de leur enseigner méthodiquement les sciences, comme on le fait pour les garçons ; elles apprendraient et comprendraient les difficultés de tous les arts et de toutes les sciences aussi bien qu’eux » écrit Catherine de Pisan dans la Cité des dames en 1405. Peu de sources en réalité sur le travail des femmes dans l’Antiquité. Il faudra attendre le XIVe siècle pour que Boccace cite une série de femmes artistes. Mais rien ne reste des œuvres de ces dernières, ou du moins rien qu’on puisse leur attribuer avec certitude. En fait, plus que d’artistes au sens moderne du mot, on parle sous l’Antiquité et à l’époque médiévale de femmes instruites, car destinées en fait au travail des enluminures. Globalement, on peut dire que les religieuses médiévales ont activement participé à la diffusion de la culture par la production d’enluminures ou de manuscrits précieux. La Renaissance quant à elle est parsemée de figures à la forte personnalité, de femmes énergiques et résolues qui tiennent le gouvernail de l’Histoire : Isabelle d’Este, Isabelle de Castille, Elizabeth Ière d’Angleterre…Toutefois, dans l’horizon artistique de la même époque, il serait difficile de citer autant de noms féminins. Les obstacles que peuvent rencontrer les femmes lorsqu’elles veulent se consacrer à l’art en dehors des murs des couvents sont très nombreux : patriarcat, moralité, religion. Celles attirées par l’art sont généralement dirigées vers le portrait et la nature morte. Toutefois, certaines résistances se font jour : le succès iconographique des « femmes fortes » qui peuplent la Bible, à travers les œuvres troublantes et sanglantes d’Artémisia Gentileschi en sont la preuve ! Le XVIIIe siècle opéra quant à lui un véritable revirement. Ce n’est pas sans raison qu’Elisabeth Louise Vigée Lebrun écrit : « Les femmes régnaient souveraines, et puis la Révolution leur a enlevé leur trône ». Si la seconde moitié du XIXe siècle accepte plus facilement l’idée qu’une femme soit artiste, Rosa Bonheur ou Camille Claudel luttèrent âprement malgré tout. Le XXe siècle verra peu à peu toute restriction à l’enseignement artistique disparaître, la femme se libère et peut enfin décider peu à peu de sa vie, artistique ou non….


Votre conférencier :

Docteur en Histoire de l’Art moderne de l’université Michel de Montaigne (Bordeaux 3), enseignant en classes préparatoires, Christophe Levadoux est spécialiste de l’Histoire de l’Architecture et des arts décoratifs français au XVIIIe siècle, à travers notamment le mécénat artistique des princes de Bourbon-Condé. Auteur de nombreux articles scientifiques liés à son sujet de spécialité et au patrimoine auvergnat, sa thèse Louis-Henri de Bourbon (1692-1740), prince des Lumières doit être publiée prochainement en deux volumes (vol 1. Les bâtiments ; vol.2. Les objets d’art). Conférencier reconnu en région Rhône-Alpes-Auvergne, son esprit résolument progressiste et iconoclaste le pousse à vulgariser l’Histoire de l’Art auprès d’un public avide de ses présentations érudites et décalées. Sa devise ? « Le courage a le mérite que l’on se doit pour exister » Sonia Lahsaini.


A lire pour aller plus loin :

Elisabeth Védrenne , Pionnières…, Paris, Somogy, 2018.

Mélanie Gentil, Femmes artistes, Paris, Palette, 2017.

Claude Leibenson, Le féminin dans l’art occidental- Histoire d’une disparition, Paris, La Différence, 2007.

Simona Bartolona, Femmes artistes de la Renaissance au XXIe siècle, Paris, Gallimard, 2003.


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Christophe Levadoux
02_Histoire de l’art