Les 300 aux Thermopyles : Histoire et mémoires d’une bataille

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En 480 av. J.-C., dix ans après avoir subi une défaite anecdotique à Marathon, face aux Athéniens, l’Empire des perses achéménides lance une puissante armée à l’assaut de la Grèce continentale. Rien ne semble alors en mesure d’arrêter le rouleau compresseur achéménide. Il faut dire que la disproportion des forces – sur le papier du moins – est colossale : d’un côté un empire-monde – le premier de l’Histoire soit dit en passant – aux ressources en hommes et en or inépuisables ; de l’autre quelques centaines de cités-Etats dont la plupart ne sont jamais que de gros villages dont la population civique n’excède que rarement le millier d’homme.

Contre toute attente, les plus fières des cités grecques – parmi lesquelles Athènes et Sparte - décident de se battre au nom de la liberté de la Grèce. Une folie, sublime, nous dit Hérodote qui écrit quarante ans après les faits qu’il relate dans ses Enquêtes (c’est le sens premier du mot Histoires, au pluriel).

Alors que la guerre gronde et menace, une poignée d’hommes décide de se sacrifier pour retarder l’armada perse, achetant aux prix de leur vie le temps qui manque à leurs cités qui s’arment fébrilement. Ces braves - des guerriers d’élite venus de l’austère Sparte – sont dirigés par le roi Léonidas lequel a identifié un étroit défilé – coincé entre des reliefs abrupts et la mer – où engager le combat contre les hordes barbares.

Le décor du drame est planté. Les acteurs et les figurants sont en place. Seul le traitre attend encore l’heure d’entrer en scène.

Voilà résumé en peu de mots, l’une des mémoires de la bataille des Thermopyles, laquelle mémoire, pour sublimer la résistance des Trois-Cents oublie que la petite armée grecque de Léonidas comptait en fait… près de 7 000 hommes venus des cités de Sparte, c’est vrai, mais aussi de Mantinée, de Tégée, d’Orchomènes d'Arcadie, de Corinthe, de Thèbes, de Thespies…

Un détail qui nous rappelle que, comme souvent, comme toujours plutôt, Histoire et mémoires ne concordent pas, ou pas tout à fait.

C'est à la confrontation de la première et des secondes que vous invite cette conférence au cours de laquelle nous nous tenterons de répondre aux questions suivantes :

- Quelle fut la réalité concrète de ce combat de retardement en termes stratégique et tactique ?

- Peut-on voir dans la bataille des Thermopyles la parfaite expression de ce modèle occidental de la guerre chère à l'historien nord-américain Victor Davis Hanson ?

- La bataille des Thermopyles peut-elle être considérée comme un succès stratégique pour l'un des deux protagonistes ? Tactique à tout le moins ?

- Comment expliquer l'incroyable postérité de cet affrontement ?


Votre conférencier :

Laurent Lanfranchi est historien et directeur de Storia Mundi.


Les dates à retenir :

490 av. J.-C. : première guerre médique : les Athéniens remportent la bataille de Martahon.

484 av. J.-C. : naissance d’Hérodote à Halicarnasse, l’actuelle Bodrum en Turquie actuelle.

483 av. J.-C. : le stratège athénien Thémistocle parvient à convaincre ses concitoyens de consacrer le revenu des mines du Laurion à la création d’une puissante flotte de guerre de 200 trières.

480 av. J.-C. : l’armée achéménide envahit la Grèce par voie de terre.

480 av. J.-C. : fin août – début septembre, les Grecs combattent sur terre aux Thermopyles et sur mer à l’Artémision.

480 av. J.-C. : en septembre, après avoir fait sauter le verrou des Thermopyles, les Perses prennent et brûlent Platée, Thespies et Athènes dont la population a été évacuée vers l’île de Salamine. L’acropole est incendiée.

480 av. J.-C. : en septembre, la flotte grecque remporte une victoire décisive à Salamine. Xerxès et le corps de bataille principal repasse en Asie.

479 av. J.-C. : le 27 août, les Grecs coalisés écrasent l’armée perse à Platée, en Béotie.

469 av. J.-C. : Thémistocle, le vainqueur de Salamine, se réfugie en Perse où il termine sa vie au service du Grand Roi Artaxerxès Ier.

449 av. J.-C. : le traité de Callias met un terme aux guerres médiques.


A lire pour aller plus loin :

Hérodote, Les Enquêtes, Livre VII.

Peter Green, les Guerres médiques, Tallandier, 2021.

Victor Davis Hanson, Le modèle occidental de la guerre, Tallandier, 1990.

Steven Pressfield, Les murailles de feu, Archipoche éd., 1998 (roman).

Franck Miller, 300, Rackham, 2017 (bande dessinée).


A regarder pour aller plus loin :

300, un film de Zack Snyder, 2006.


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Laurent Lanfranchi
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