New York à travers ses musées : identité americaine et softpower

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Comme l’analyse le grand historien des musées, Krzysztof Pomian, auteur d’une somme historique mondiale dont les deux premiers tomes viennent de paraître, la construction, l’histoire et l’agencement des musées dans un territoire donné reflètent l’identité culturelle dudit territoire.

Le cas de la ville de New York est particulièrement significatif à cet égard : celle que d’aucuns décrivent comme « la plus européenne des villes américaines » pourrait bien se révéler au contraire extrêmement américaine dans sa construction même : utopie d’abord disputée par des colons néerlandais et britanniques, New York n’a cessé d’affirmer sa singularité suite à l’indépendance américaine, pour devenir le port d’entrée de l’immigration européenne à la fin du XIXe siècle.

Comptant aujourd’hui plus de 80 musées sur l’ensemble de ses 5 boroughs (Manhattan, Brooklyn, Staten Island, Queens, Bronx), New York peut se vanter de proposer une offre culturelle parmi les plus riches au monde. En remontant le fil de cette histoire, nous verrons que les premiers musées furent certes conçus sur le modèle européen (à l’instar du Metropolitan Museum), mais à la différence notable qu’ils émanaient d’une initiative privée. Nous évoquerons ensemble le système de la philanthropie à l’américaine.

Puis peu à peu, à mesure que des intellectuels, des hommes d’affaires et des artistes se sont emparés de la question de l’identité américaine, indispensable à l’affirmation de la puissance géopolitique des États-Unis sur l’échiquier international, le musée est apparu comme une institution susceptible de répondre à cette question, en s’appuyant sur la création artistique contemporaine. Le Musée d’Art moderne et le Whitney Museum répondirent chacun à leur manière à ce paradigme.

Si les attentats du World Trade Center le 11 septembre 2001 ont traumatisé durablement la ville, ils ont également marqué une rupture dans le rapport de la ville au tourisme et aux publics, après une période de crise profonde dans les années 1970 et 1980. Depuis, Big Apple apparaît comme une véritable ville-laboratoire à la pointe de la muséographie contemporaine, comme l’illustrent le projet de la High-Line, le Shed ou encore les méga-galeries.


Votre conférencière :

Diplômée de l'École du Louvre en histoire de l'art et en muséologie, Géraldine Bretault est conférencière, traductrice et créatrice de contenus culturels. Elle est une collaboratrice régulière des revues Perspective de l’INHA, Beaux Arts Magazine et La Revue de l’art. Des séjours de longue durée à l'étranger (Milan et New York) lui ont permis de tisser des liens singuliers avec ces villes et leur culture. Elle a notamment travaillé au MAD Museum (Art et Design) et au New Museum de New York.


Les dates à retenir :

1626 : Pierre Minuit achète l’île de Manhattan aux Indiens Lenape pour 60 florins.

1664 : Peter Stuyvesant cède l’île aux Anglais, la Nouvelle-Amsterdam devient New York.

1871 : Création du Metropolitan Museum.

1877 : Musée d’Histoire naturelle.

1929 : Museum of Modern Art.

1931 : Whitney Museum.

1935 : Frick Collection.

1959 : Guggenheim Museum dessiné par Frank Lloyd Wright.

2009 : High Line.

2014 : 9/11 Memorial.


A lire pour aller plus loin :

Krzysztof Pomian, Le musée, une histoire mondiale, tome I : Du trésor au musée, 2020.

Krzysztof Pomian, Le musée, une histoire mondiale, tome II : L’ancrage européen, 1789-1850, 2021.

Jérôme Charyn, Metropolis, 1988.

Peggy Guggenheim, la collectionneuse, documentaire de Lisa Immordino Vreeland, 2015.

Inside The Met, documentaire, 2021.

Image : CC BY 2.0 File:Guggenheim Museum, New York City, U.S.A.jpg