L’âge du roi Arthur : la chute de la Britannia romaine et la naissance de l'Angleterre anglo-saxonne

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Le roi Arthur a-t-il existé ? Les historiens ne s’accordent pas sujet. Mais s’il a vraiment vécu, l’aventure d’Arthur doit être située dans la province romaine de Britannia (la Grande-Bretagne), au moment où l’Antiquité s’achève mais où les structures de la société médiévale ne sont pas encore en place. L’histoire de cette région est mal connue. Entre les années 410 et 440, Rome paraît avoir abandonné ses habitants à leur sort, n’ayant plus les moyens d’assurer la défense militaire contre les Pictes le long du Mur d’Hadrien. Puis les informations se tarissent presque totalement jusqu’aux années 600. Que s’est-il passé ? Un historien du VIIIe siècle, Bède le Vénérable, affirme que les Romains de Bretagne auraient fait appel à des mercenaires barbares pour défendre la province. Ceux-ci, les Angles, les Jutes et les Saxons, seraient venus en nombre, auraient triomphé des Pictes, puis auraient envahi les terres de leurs employeurs. Dans tout l’est de la Grande-Bretagne, ces barbares continentaux auraient fondé sept royaumes anglo-saxons (Kent, Sussex, Wessex, Essex, East Anglia, Mercie et Northumbrie). Quant aux Romains défaits, ils se seraient retirés dans l’ouest de l’île où ils auraient créé les royaumes bretons du pays de Galles. Mais dans quelle mesure peut-on faire confiance au récit de Bède le Vénérable, qui rêve de donner une unité historique à son propre peuple ? Parmi les multiples scénarios envisagés pour la naissance des royaumes anglo-saxons, les historiens semblent actuellement préférer l’idée d’une multiplication des troubles au sein d’une province romaine désemparée. Une partie de la population se serait réorganisée autour de chefs efficaces. Les uns étaient des Romains de Bretagne, comme l’éventuel roi Arthur. D’autres étaient d’origine barbare. Ces nouveaux dirigeants, incapables de maintenir le système fiscal romain, se seraient orientés vers une économie de pillage. Quant à la réorganisation politique de la Bretagne en royaumes territoriaux, elle pourrait ne dater que du milieu du VIe siècle, sous l’influence des Francs qui avaient une influence forte sur le sud-est de l’île mais aussi de la papauté qui y organise la première mission de l’histoire de la chrétienté occidentale. Entre temps, le chaos politique n’a pas interdit le développement d’une civilisation fusionnelle à la culture matérielle foisonnante.


Votre conférencier :

Bruno Dumézil est professeur en Histoire médiévale à Sorbonne Université ; professeur à l’École Polytechnique.


Les dates à retenir :

vers 410-440 : abandon de la Grande-Bretagne par l’Empire romain.

476 : disparition de l’Empire romain d’Occident.

v. 600 : premiers succès de la mission du pape Grégoire le Grand en Angleterre.

v. 610 : lois d’Aethelbert du Kent.

627 : conversion du royaume de Northumbrie.

v. 630 : sépulture à bateau de Sutton Hoo (East Anglia).

686 : Conversion de l’île de Wight, dernier royaume païen.

664 : synode de Whitby.

v. 690 : début de la mission anglo-saxonne sur le continent.

732 :rédaction de l’Histoire ecclésiastique du peuple anglais par Bède le Vénérable.


A lire pour aller plus loin :

Bruno Dumézil, Les barbares, Paris, PUF, 2016.

Hervé Inglebert, Atlas de Rome et des barbares, IIIe-VIe siècle. La fin de l’Empire en Occident, Paris, 2009.

Paul Fouracre, éd., The new Cambridge medieval History, t. I, « c. 500-c. 700 », Cambridge, 2005.

Stéphane Lebecq et al., Histoire des îles Britanniques, Paris, 2007.

Bryan Ward-Perkins, La Chute de Rome, Paris, Alma, 2014.

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Bruno Dumezil
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