Les Impressionnistes et le paysage

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L’attachement des Impressionnistes au paysage est sensible jusque dans le nom du groupe, baptisé ainsi en 1874 d’après une vue du port du Havre de Claude Monet, si novatrice que le peintre l’avait intitulée impression plutôt que paysage. Tout comme lui, Auguste Renoir, Camille Pissarro, Paul Cézanne, Alfred Sisley, Berthe Morisot, Gustave Caillebotte vont préférer une vision proche de la nature, prise directement sur le motif afin de traduire son aspect éphémère, d’en saisir les infinies variations lumineuses et de souligner la subtile palette des émotions face à ce spectacle. Le paysage cesse tout à fait d’être la toile de fond des scènes dépeintes pour s’affirmer comme le sujet même de l’œuvre imprimant sa marque aux éléments qui s’y insèrent : un bal, une partie de canotage, une promenade, un train au loin… Cette nouvelle relation au paysage trouvera d’ailleurs son prolongement dans la création de jardins, sources inépuisables de motifs à peindre.

Outre les transformations de la nature selon les saisons ou les heures du jour, ces artistes privilégient les sujets modernes pour une peinture nouvelle. Ainsi, paysages naturels et paysages urbains, vues bucoliques et scènes contemporaines, approches panoramiques et cadrages photographiques vont-ils trouver avec eux, une expression inédite, une vision exacte et poétique.


Votre conférencière :

Nathalie Douay est historienne de l'art et conférencière nationale.


Les dates à retenir :

1859 : la maison Lefranc commercialise en France le tube de peinture souple. Ce nouvel emballage permet aux peintres de travailler en plein-air avec des couleurs qu’ils peuvent transporter aisément et qui ne s’assèchent pas.

1863 : Claude Monet, Frédéric Bazille, Auguste Renoir et Alfred Sisley qui se sont rencontrés dans l’atelier de Charles Gleyre, séjournent à Chailly-en-Bière et expérimentent la peinture de paysage en plein-air dans les traces des peintres de Barbizon. De son côté, Berthe Morisot prend des cours de peinture auprès de Camille Corot à Ville d’Avray.

1869 : Claude Monet et Auguste Renoir peignent ensemble en bord de Seine, à Croissy, la guinguette de la Grenouillère. Ils y allient leur intérêt pour l’étude de la lumière avec le choix de sujets modernes comme ces nouveaux loisirs.

1874 : l’exposition du tableau de Claude Monet Impression, soleil levant donne son nom au mouvement et une nouvelle dimension au paysage. Dans les années 1870, Pissarro, Monet, Sisley, Renoir, Morisot vont faire des variations atmosphériques, des nuances saisonnières, des vues de prairies ou de jardins sauvages la base de leurs expérimentations picturales.

1877 : Gustave Caillebotte peint Le Pont de l’Europe tandis que Claude Monet initie la série des Gare Saint-Lazare. La place accordée aux trains, ponts, routes et fleuves, à ces éléments industriels de l’époque renouvelle la représentation du paysage y compris dans la valorisation des espaces urbains.

1881-1883 : Claude Monet s’installe à Giverny où il crée son jardin-palette et plus tard le bassin aux nymphéas ; Gustave Caillebotte élabore au Petit-Gennevilliers un somptueux jardin et une serre pour cultiver des orchidées ; Berthe Morisot s’installe à Bougival dont le jardin est le cadre privilégié de ses tableaux ; Paul Cézanne aménage son atelier au Jas-de-Bouffan où la lumière et la végétation provençales l’aide à définir son style propre.

Parallèlement à ces créations, Edouard Manet, Edgar Degas, Paul Cézanne, Armand Guillaumin entre autres, s’intéressent à la photographie et y puisent un nouveau regard et des cadrages audacieux.

1914 : Claude Monet change d’échelle en réalisant les grands panneaux décoratifs qui aboutiront au cycle des Nymphéas et aux paysages d’eau.


À lire pour aller plus loin :

Stéphanie Grégoire, Plein air : les impressionnistes dans le paysage, Éditions Hazan, 2004.

Ivonne Papin-Drastik, En route vers l’impressionnisme : le paysage dans les collections du musée des Beaux-arts de Reims, Silvana editoriale, 2022.

Isabelle Cahn, L’impressionnisme ou l’œil naturel, Éditions Chêne, 2005.