Les Camondo, entre Orient et Occident

Image représentant la conférence  Les Camondo, entre Orient et Occident

L’oeuvre philanthropique des Camondo se distingue, entre autres, par la faible publicité dont elle fut accompagnée, contrairement à celle de nombreux donateurs et mécènes, qui ont satisfait leur désir de renommée personnelle, dans la proclamation de leurs faits. Cette famille fit preuve d’une grande discrétion dans sa générosité, mais celle-ci était fameuse, et nombreux furent ceux qui sollicitèrent leur soutien. L’oubli où sont tombés l’oeuvre familialle et le nom des Camondo dans la seconde moitié du XXème siècle tient autant au fait que plus d’un témoin minimisa leur rôle, qu’à l’absence d’héritiers après l’assassinat de la dernière des Camondo à Auschwitz en 1945.

Peu de personnes, hormis les conservateurs qui ont à gérer l’héritage des Camondo, connaissent le nom de ces fortes personnalités, dont les carrières ont, chacune en son temps, marquee la société dans laquelle ils évoluaient.

Parler des Camondo, revient en général à faire référence à l’hôtel Nissim de Camondo, situé 63 rue de Monceau à Paris. En fait, au même titre que les Médicis au XVIème siècle, chaque génération vint enrichir les collections familiales, permettant d’obtenir un ensemble à la fois prestigieux et heteroclite, où se côtoient des oeuvres d’époques diverses et d’origines ethniques ou tout du moins géographiques variées. S’entremêlaient des oeuvres des dynasties chinoises Qing, Shang, de Torii Kiyonaga, de Degas, de Cézanne, ou de Manet.

Adeptes de la philanthropie des Lumières, et toujours au coeur des débats au XIXème siècle, les Camondo fondent des écoles, des dispensaires, des hôpitaux. Leurs actions privilégient l’aide utile et efficace, tentent d’améliorer la capacité productive en biens et richesses de leurs coreligionnaires en s’associant à Albert Cohan, dépêché à Istanbul en 1854 par James de Rotschild pour fonder une première école moderne à Hasköy, sur les bords de la Corne d’Or.

Pourtant, les oeuvres artistiques et urbanistiques accumulées par cette famille, et laissées à partie à l’Etat français, n’empêchèrent par une extinction dramatique. 

Image : Musée des Arts Décoratifs


Votre conférencier :

Docteur en Histoire de l’Art moderne de l’université Michel de Montaigne (Bordeaux 3), enseignant en classes préparatoires, Christophe Levadoux est spécialiste de l’Histoire de l’Architecture et des arts décoratifs français au XVIIIe siècle, à travers notamment le mécénat artistique des princes de Bourbon-Condé. Auteur de nombreux articles scientifiques liés à son sujet de spécialité et au patrimoine auvergnat, sa thèse Louis-Henri de Bourbon (1692-1740), prince des Lumières doit être publiée prochainement en deux volumes (vol 1. Les bâtiments ; vol.2. Les objets d’art). Conférencier reconnu en région Rhône-Alpes-Auvergne, son esprit résolument progressiste et iconoclaste le pousse à vulgariser l’Histoire de l’Art auprès d’un public avide de ses présentations érudites et décalées. Sa devise ? « Le courage a le mérite que l’on se doit pour exister » Sonia Lahsaini.


À lire pour aller plus loin :

Edmund de Waal, Lettres à Camondo, Paris, Musée des Arts décoratifs, 2001.

Pierre Assouline, Le Dernier des Camondo, Paris, Gallimard, 1997

Nora Şeni et Sophie Le Tarnec, Les Camondo ou l'éclipse d'une fortune, Paris, Actes Sud, 1997.

Myriam Boutoulle, « Les Camondo, Rothschild de l'Orient », Connaissance des Arts, no 676, novembre 2009, p. 84 à 89.