Aux origines de la Première Guerre mondiale

Image représentant la conférence  Aux origines de la Première Guerre mondiale

Existe-t-il un sujet sur lequel on a plus écrit que sur les origines de la Grande Guerre ? Près de 25 000 articles et ouvrages ont été recensés sur cette question – en toutes langues – sans finalement jamais satisfaire complètement le lecteur. En la matière, les opinions varient avec la nationalité des auteurs mais aussi avec leurs convictions politiques, les nationalistes s’opposant par exemple aux marxistes. De plus, le débat est biaisé car il tourne plus ou moins ouvertement depuis cent ans autour de la question de la responsabilité et donc de la culpabilité de telle ou telle nation. Derrière les origines de la Première Guerre mondiale se profile donc cette interrogation : qui a déclenché la grande catastrophe ? Etait-ce l’Allemagne, comme l’affirme le traité de Versailles en 1919 ? La Russie comme le soutiennent les Allemands dès 1914 ? Le militarisme et le capitalisme comme le défendent les socialistes ? En cherchant à s'affranchir de cette recherche d’un coupable d’où viendrait tout le mal, nous tentons ici de reprendre ce vieux débat à nouveaux frais.

Longtemps, les historiens ont élaboré de vastes constructions politiques, diplomatiques, économiques, démontrant le caractère inexorable et mécanique de l’affrontement. Et pourtant aucun fait mis en avant ne permettait à lui seul d’expliquer la guerre : la compétition coloniale ? Elle avait surtout opposé la France à la Grande Bretagne ! La confrontation économique ? Mais les milieux libéraux et financiers étaient convaincus que la paix était plus profitable aux affaires que la guerre ! L’Alsace-Lorraine ? Une vieille blessure pas tout à fait refermée mais dont on ne parlait plus depuis vingt ans ! L’engrenage fatal des alliances diplomatiques – Triple Entente contre Triple Alliance ? La mécanique de cette machine infernale avait pourtant été arrêtée lors des crises précédentes, en 1908 et 1911. La question est donc plutôt pourquoi n’a-t-on pas arrêté cette mécanique en 1914 ? Au fond, si les grandes synthèses sont insuffisantes, c’est peut-être parce qu’elles cherchent des facteurs rationnels et objectifs et oublient les facteurs subjectifs qui animent pourtant l’humanité : la peur, le bluff, la paranoïa, les erreurs d’interprétation. Cette conférence s’attachera donc à brosser le portrait de l’Europe en 1914. Un continent-poudrière où tout le monde se méfie de tout le monde. La guerre n’y était peut-être pas inéluctable mais les Européens croyaient dans son inéluctabilité.


Votre conférencier :

Jean-Yves Le Naour est historien, spécialiste de la Grande Guerre, scénariste de films documentaires et de bandes dessinées, auteur d’une quarantaine d’ouvrages.


Les dates à retenir :

1911 : crise d’Agadir entre la France et l’Allemagne.

1912-1913 : guerres balkaniques. Vives tensions entre l’Autriche et la Serbie.

7 août 1913 : le service militaire passe de deux à trois ans en France.

28 juin 1914 : attentat de Sarajevo, l’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche-Hongrie, est assassiné par un Serbe de Bosnie.

5 juillet 1914 : l’Allemagne apporte son soutien à l’Autriche pour qu’elle règle ses comptes avec la Serbie et donne sa garantie en cas de guerre avec la Russie.

23 juillet 1914 : ultimatum austro-hongrois à la Serbie.

28 juillet 1914 : entrée en guerre de l’Autriche contre la Serbie.

30 juillet 1914 : mobilisation générale en Russie.

1er août 1914 : mobilisation générale en Allemagne et en France.

4 août 1914 : suite à l’invasion de la Belgique, la Grande-Bretagne entre en guerre contre l’Allemagne.


A lire pour aller plus loin :

Christopher Clark, Les somnambules. Eté 14 : comment l’Europe a marché vers la guerre, Paris, Flammarion, 2013.

Gerd Krumeich, Le feu aux poudres. Qui a déclenché la guerre de 1914 ?, Paris, Belin, 2014.

Jean-Yves Le Naour, 1914. La grande illusion, Paris, Perrin, 2012.

Margaret MacMillan, 1914. Comment l’Europe a renoncé à la paix, Paris, 2014.


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Jean-Yves Le Naour
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