Constantin, la naissance d’un Empire chrétien ?

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Saint de l’Église orthodoxe, Constantin Ier conserve dans la mémoire collective la réputation d’être le premier empereur romain converti au christianisme. La question de sa conversion figure cependant au registre des sujets les plus discutés dans la communauté des historiens de l’Antiquité. Il apparaît toutefois que Constantin témoigne d’un intérêt certain pour les questions dogmatiques qui animaient alors le christianisme antique et s’investit dans leur résolution en convoquant le concile de Nicée en 325.

Chef militaire efficace, Constantin entreprend une irrésistible ascension vers le pouvoir en éliminant progressivement tous ses rivaux. Régnant seul dès 324, il entend alors restaurer la dignité impériale et réforme l’État sur les plans administratifs et économiques. Conscient des symboles, en quête d’une nouvelle forme de romanité, il se dote d’une nouvelle capitale : Constantinople, la « deuxième Rome ».

Son règne de trente ans marque son temps et la postérité. Il y aura un avant et un après Constantin pour l’Empire romain tardif et le christianisme antique. Les sources, conquises ou à charge, nous livrent malgré tout le portrait d’un homme complexe et ne peuvent que faire le constat de son empreinte durable.


Votre conférencière :

Docteure en Histoire, Alexandra Pierré-Caps est conférencière et enseignante en Histoire ancienne à l'Université de la Culture permanente (Nancy) et consultante dans le domaine de l'Histoire et du patrimoine.


Les dates à retenir :

272 : naissance à Naissus, aujourd’hui Niš au sud de l’actuelle Serbie ; seul fils de Constance Chlore et d’Hélène, future sainte des églises catholique et orthodoxe.

293 – 305 : son père, haut gradé militaire, est promu César en Occident, soit empereur-adjoint de l’Auguste (empereur en titre) Maximien.

303 : naissance du premier fils de Constantin, Crispus, né de Minervina ; il est éliminé en 326.

305 – 306 : Constance Chlore devient à son tour Auguste mais ne peut promouvoir son fils au rang de César.

306 : Constance Chlore meurt, ses armées proclament son fils Constantin Auguste. Il usurpe la pourpre, selon l’expression consacrée.

Entre 307 et 317 : naissance de la fille de Constantin, Constance, esprit brillant et femme de pouvoir, née de Fausta (fille de Maximien).

308 : le titre d’Auguste est refusé à Constantin lors de la conférence de Carnuntum organisée par Galère, Auguste en Orient et primus Augustus ; Constantin est donc « seulement » titré César de l’Auguste Licinius en Occident.

311 : mort de Galère, Constantin devient Auguste à égalité avec Licinius. Il se rapproche irrésistiblement d’un pouvoir sans partage.

312 : bataille du pont Milvius à Rome entre Constantin et celui que la tradition considère comme un usurpateur, Maxence, fils de Maximien, installé à Rome depuis 306. Vision de Constantin ; il fait apposer le chrisme, symbole chrétien, sur les boucliers de ses soldats. Maxence est éliminé, Constantin est victorieux, désormais seul Auguste en Occident.

316 : naissance de son deuxième fils, Constantin, futur Constantin Ier, né de Fausta.

317 : naissance de son troisième fils, Constance, futur Constance II, né de Fausta.

Début des années 320 : naissance de son quatrième fils, Constant, futur Constant Ier, né de Fausta.

324 : Constantin bat Licinius et devient empereur (Auguste) unique de tout l’Empire. Il associe ses trois fils Constantin, Constant et Constance au pouvoir.

324 – 330 : Constantin réforme l’État, organise la cour et restaure la dignité impériale avec force.

325 : il convoque le premier concile œcuménique du christianisme primitif à Nicée (Turquie actuelle), pour résoudre un certain nombre de questions dogmatiques.

330 : inauguration de Constantinople, la « deuxième Rome », sa capitale.

337 : baptisé chrétien sur son lit de mort, Constantin meurt sans régler sa succession ; l’Empire est partagé entre ses trois fils restants.


À lire pour aller plus loin :

Constantin Ier, Lettres et discours, Pierre Maraval, (trad.), Paris, Les Belles Lettres, 2010.

Eusèbe de Césarée, Vie de Constantin, Friedhelm Winckelmann (éd.) – Rondeau, M.-J. (trad.) – Pietri, L. (comm.), Paris, Les Éditions du Cerf, SC 559, 2013.

Panégyriques latins, Edouard Galletier (éd., trad., comm.), Paris, Les Belles Lettres, CUF, 3 vol., 1949 – 1955.

Zosime, Histoire nouvelle, François Paschoud (éd., trad., comm.), Paris, Les Belles Lettres, CUF, 5 vol., 1979 – 2000.

Timothy D. Barnes, The New Empire of Diocletian and Constantine, Cambridge, Harvard University Press, 1982.

André Chastagnol, L’évolution politique, sociale et économique du monde romain de Dioclétien à Julien. La mise en place du régime du Bas-Empire (284-363), Paris, SEDES, 1982.

Roland Delmaire, Les institutions du Bas-Empire romain de Constantin à Justinien Ier – I. : Les institutions civiles palatines, Paris, Cerf/CNRS, 1995.

Arnold Hugh Martin Jones, The Later Roman Empire (284-602). A Social, Economic and Administrative Survey, Oxford, B. Blackwell, 1964.

Bertrand Lançon, Tiphaine Moreau, Constantin : un Auguste chrétien, Paris, Armand Colin, 2012.

Pierre Maraval, Constantin le Grand : empereur romain, empereur chrétien, Paris, Tallandier, 2011.

Jules Maurice, Numismatique constantinienne, Paris, Ernest Leroux, 3 vol., 1908 – 1912.

Paul Veyne, Quand notre monde est devenu chrétien, Paris, Albin Michel, 2007.



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Alexandra Pierré-Caps
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