La tournée des grands ducs : banquets et festins à travers les arts

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A la veille de la Saint-Sylvestre et des agapes qui l’accompagnent, il est peut-être intéressant de s’interroger sur le Banquet. Rappelons d’abord que le terme de « banquet » vient de l’italien banchetto et désigne un repas splendide et copieux, qu’il est du même pédigrée que « festin », « régal », ou « grand repas », et que tous ces termes s’accordent sur l’aspect extraordinaire et réjouissant de ce moment culinaire. Ajoutons qu’un banquet est censé se dérouler autour d'une table, en présence d'un nombre de personnes réunies pour célébrer un jour spécial. Festif, le banquet, dans la mesure du possible, doit l’être mais égalitaire c’est une autre affaire. Ainsi, la Grèce antique invente le banquet couché mais les femmes et les non-citoyens en sont exclus. A Rome, c’est autre chose, dans son Satyricon, Pétrone dresse le portrait moqueur d’un affranchi, Trimalcion, qui s’abîme dans des banquets déraisonnables où se consomment les mets les plus extravagants. Le banquet est donc aussi une question d’éducation et de statut social. Plus tard, au Moyen-Age, banquet rime avec distinction il doit être unique et généreux comme le sont les rois et les princes. Spectacle hors-du-commun destiné à marquer les consciences et l’histoire, le banquet fut dès son apparition un objet social et politique incontournable ! Réconciliations, ruptures, drames - le banquet agit comme un révélateur ! De fait, de multiples banquets ont joué un rôle dans l’histoire de France, du Banquet du Faisan (1454) de Philippe le Bon, au banquet de noces de Napoléon Ier et de Marie-Louise (1810) sans oublier sous la monarchie de Juillet la campagne des banquets qui débouchera sur la révolution de 1848 ! Le XXe siècle nous a laissé lui aussi le souvenir de quelques banquets cocasses et inimitables… Mais Dieu merci, face à tous ces débordements profanes et laïcs, il y eut aussi des banquets spirituels, d’une autre nature, comme la Cène, le dernier repas terrestre du Christ, ou les Noces de Cana, son premier miracle dont Léonard de Vinci et Paolo Véronèse nous ont laissé des versions inoubliables. Aussi avant de nous plonger dans les délices de la Saint Sylvestre, pourquoi ne pas s’embarquer dans une « tournée des grands-ducs » avec au menu un choix d’oeuvres d’art qui en disent plus sur le banquet que tous les laïus du monde ?


Votre conférencier :

Diplômé de l’École du Louvre et de l’université Paris-IV-Sorbonne, Fabrice Delbarre est Guide conférencier-national.


Les dates à retenir :

324 av.-J.-C.: un gigantesque banquet est organisé à Suse par Alexandre le Grand.

Vers 40 av.-J.-C.: Cléopâtre organise le « Banquet de la perle »

1066, Avant la Bataille d’Hastings, Guillaume le Conquérant organise un grand banquet.

1454 : Philippe le Bon, duc de Bourgogne organise à Lille le somptueux Banquet du Faisan et fait le vœu de délivrer Jérusalem.

1520 : les banquets Camp du Drap d’Or accompagnent la rencontre entre François Ier et Henry VIII d’Angleterre à Calaisis au 1661.

1671 : le maître d’hôtel François Vatel se suicide à l’issue du banquet organisé au château de Chantilly par le Grand Condé.

1789 : naissance du banquet politique ou républicain.

1810 : un banquet « royal » pour célébrer le mariage de Napoléon Ier et de Marie-Louise d’Autriche aux Tuileries.

1847-1848 : campagne des banquets dans toute la France et chute de la Monarchie de Juillet.

1900 : célébration de la naissance de la République et organisation d’un banquet où sont conviés l’ensemble des maires de France soit 22 000 convives.


À lire pour aller plus loin :

Jean-Louis Flandrin, Table d’hier, tables d’ailleurs, Odile Jacob, 1999.

Anthony Rowley, A Table ! La Fête gastronomique, Gallimard 1994.

-     Suzanne Varga, 12 banquets qui ont changé l’histoire, Pygmalion, 2013.

Catalogue de l’exposition : Les Tables du pouvoir. Une histoire des repas de prestige, Musée du Louvre-Lens, 2021.