Les courtisanes : amour vénal au XIXème siècle
Puissante figure de l’imaginaire et des sensibilités, la courtisane est une actrice essentielle de l’histoire du XIXème siècle. Le Paris de cette époque, en pleine croissance, offre un cadre idéal à ces femmes, dont la journée s’organise autour des cafés, restaurants, bals, casinos, courses hippiques, promenades au Bois et, à la belle saison, des escapades en Normandie ou sur la Côte d’Azur. Financées par des clients richissimes issus de la noblesse, de la haute bourgeoisie, des milieux d’affaires et de la presse, elles parviennent à amasser des fortunes considérables et vivent avec une liberté et une indépendance exceptionnelles dans un XIXème siècle qui cantonne encore la plupart des femmes à la maternité, à des tâches domestiques ou à des positions subalternes. Comment ces prostituées « insoumises », grisettes, lorettes ou filles passées par des maisons closes sont-elles devenues des courtisanes millionnaires, des femmes d’influence et de pouvoir qui ont dominé leur époque ? Issues le plus souvent de milieux pauvres ou travaillant dans le monde artistique du théâtre, de la danse ou du café-concert, comment ont-elles opéré leur métamorphose pour devenir des icônes de leur génération, des femmes qui envahissent la presse et les images de leur temps ? Intelligentes et audacieuses, libres dans leur art de vivre, leur manière de s’habiller ou de se maquiller mais aussi de voyager de par le monde ou de tenir salon à leur guise, elles apparaissent comme des pionnières en matière d’émancipation et de droits de la femme. À travers le parcours des plus célèbres horizontales du XIXème siècle – de l’époque romantique avec la Dame aux Camélias, du Second Empire et des grandes cocottes qu’étaient Cora Pearl et La Païva et enfin de la Belle Époque et des Reines de Paris, Caroline Otéro ou Liane de Pougy –, Catherine Authier nous ouvre les portes de ce monde mystérieux, elle fait revivre avec bonheur ce mythe qui continue encore à fasciner notre société moderne.
Votre conférencière :
Catherine Menciassi-Authier est Historienne, enseignante et guide-conférencière. Elle est diplômée d’un doctorat d’histoire et de musicologie à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en Yvelines et de l’Ecole du Louvre. Elle est l’auteur d’une thèse intitulée « De Tancrède à Norma : la construction d’une diva internationale Giuditta Pasta (1797-1865) » sous la direction de JC Yon et de JY Mollier et d’un ouvrage « Femmes d’exception, femmes d’influence, une histoire des courtisanes au XIXe siècle », publié chez Armand Colin en 2015. Elle s’intéresse notamment à la place des artistes femmes dans le champ du spectacle vivant, de l’histoire culturelle et l’histoire de l’art. Passionnée de chant lyrique, elle s’intéresse particulièrement au domaine de l’opéra et de la fabrique des divas mais a également publié des articles qui touchent à d’autres formes artistiques comme l’opérette (« La naissance de la star féminine sous le Second Empire ») ou l’univers du café-concert (« Eugénie Buffet, la reine des pierreuses » dans L'Actrice le corps en spectacle (1850 – 1927). Elle co-dirige avec le Professeur Sabine Chaouche la collection « Les Contemporaines » à paraître chez Classiques Garnier, en 2027.
Les dates à retenir :
1824 : naissance de Marie Duplessis, première grande courtisane du XIXème siècle, future Marguerite Gautier chez Dumas, et Traviata chez Verdi.
1830 : expansion du système règlementariste et des maisons closes.
1836 : publication de "De la prostitution dans la ville de Paris" par Alexandre Parent-Duchâtelet.
1852-70 : Second Empire, âge d’or des courtisanes.
1858 : le couturier Charles-Frédérick Worth ouvre sa maison de couture à Paris.
1863 : Manet peint Olympia, scandale.
1861-70 : rédaction du livre des courtisanes, archives secrètes de la Police des mœurs.
1866: inauguration de l’Hôtel particulier de la Païva.
1867: la grande duchesse de Gerolstein, opérette d’Offenbach avec la chanteuse et courtisane Hortense Schneider.
1896 : scandale de la sculpture « La Danseuse » d’Alexandre Falguière qui serait le portrait nu de Cléo de Mérode.
A lire pour aller plus loin :
Lola Gonzalez-Quijano, Capitale de l’amour: filles et lieux de plaisirs à Paris au XIXe siècle, Paris, Vendémiaire, 2015.
Gabrielle Houbre, Le Livre des Courtisanes, archives secrètes de la police des mœurs, Paris, Tallandier, 2006.
Alain Corbin, Les filles de noce, misère sexuelle et prostitution au XIXe siècle, Paris, Flammarion, 1982.
Anne Martin-Fugier, Comédienne, Paris, Seuil, 2001.
Brigitte Rochandelet, Histoire de la prostitution du Moyen Age au XXe siècle, Paris, Cabédita, 2007.