Les Jacobins de Toulouse et d’Agen et les merveilles du gothique méridional

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Fondé en 1215 par le Castillan Dominique de Guzman, futur saint Dominique, l'ordre des Dominicains, se propage dans le Sud-Ouest de la France pour combattre l’hérésie albigeoise qui se développe au XIIIème siècle. Les dominicains se consacrent à la prédication, l’inquisition et l’enseignement. Les Frères prêcheurs ont été appelés Dominicains dès le XIIIème siècle, mais aussi Jacobins, beaucoup plus tard, à la période moderne, en référence au grand couvent de Paris situé rue Saint-Jacques.

De 1230 à 1234, les Frères prêcheurs bâtissent à Toulouse une église rectangulaire, moitié moins haute et moitié moins longue que l'église actuelle d’une grande sobriété, de manière à respecter l'idéal de pauvreté de cet ordre mendiant. Devant le succès des prédications, l'église est allongée entre 1245 et 1252, avec la construction d'un vaste chœur bordé de chapelles. De 1275 à 1292, le chœur est surélevé et voûté par le fameux palmier composé de 22 nervures. Enfin, l’ancienne nef sera surélevée à partir de 1323. Son ancienne couverture charpentée sera alors remplacée par une voûte prolongeant celle du chœur.

L'église abrite depuis 1369 les reliques de saint Thomas d'Aquin, auquel elle est consacrée. C'est également dans ces bâtiments qu'a été établie pendant plusieurs siècles l'ancienne université de Toulouse depuis sa fondation en 1229 jusqu'à sa suppression à la Révolution française.

Ouvrant sur le cloître, la chapelle Saint-Antonin a été érigée par Dominique Grima, prieur du couvent et évêque de Pamiers entre 1335 et 1341. Il souhaitait doter le couvent d’un lieu de sépulture pour les frères prêcheurs et les chanoines de Pamiers. Cette chapelle se distingue par le raffinement de son décor peint mêlant polychromie architecturale et peintures historiées.

L’église des Jacobins d’Agen est le seul vestige de l’important couvent des dominicains fondé en 1249. L'ensemble conventuel est édifié sur le modèle du prestigieux couvent des Jacobins de Toulouse. L'église Notre-Dame des Jacobins a connu deux phases de constructions dans la seconde moitié du XIIIème siècle. L’édifice actuel, de plan rectangulaire, comporte deux nefs égales divisées par trois piliers. Conformément à l'usage local, la brique est employée pour l'essentiel de la construction et la sculpture n'intervient que sur les chapiteaux engagés dans les murs. D’importantes restaurations ont eu lieu au XIXème siècle et de nombreuses traces de décor peint ont été signalées par Viollet-le-Duc. A partir de 1979, des vestiges des peintures des XIIIème et XIVème siècles ont pu être dégagés et l’édifice accueille désormais des expositions pour le Musée des Beaux-Arts.


Votre conférencière :

Anne Vuillemard-Jenn est docteur en histoire de l’art, enseignante et chercheur indépendant. Membre du Groupe de Recherches sur la Peinture Murale, elle poursuit des recherches sur la polychromie architecturale et la peinture monumentale.


Les dates à retenir :

1215 : l’ordre des Frères prêcheurs est approuvé par le Pape Innocent III.

1216 : l’ordre dominicain s’implante à Toulouse.

1230 : début de la construction d’une église des Dominicains à Toulouse.

1245-1252 : agrandissement de l’édifice.

1275-1292 : troisième campagne de travaux et voûtement du chœur.

A partir de 1323, surélévation de la nef.

1306-1309 : construction du cloître.

1335-1341 : construction de la chapelle Saint-Antonin par l’évêque de Pamiers.

1369 : présence des reliques de saint Thomas d’Aquin.

2018 : mise en place de l’œuvre de Sarkis Mesures de la lumière dans la nef de l’édifice.


1254 : une première église dominicaine est entreprise à Agen.

1561 : le couvent est pillé par les Huguenots.

1790 : le couvent est détruit.

1807 l’église devient paroissiale.

1860 : des restaurations sont entreprises par l’architecte parisien Juste Lisch.

1979 : l’édifice est restauré et devient le centre d’exposition du Musée des Beaux-Arts.


À lire pour aller plus loin :

Maurice Prin, « Les Jacobins », dans Congrès archéologique de France. 154e session, Monuments en Toulousain et Comminges, 1996, Paris, Société Française d'Archéologie, 2002, p. 177-187.

Michelle Gaborit, Des Hystoires et des couleurs. Peintures médiévales en Aquitaine, Confluences, 2002.

V. Czerniak, C. Riou (dir.), Toulouse au XIVe siècle. Histoire, arts et archéologie, PUM, 2021.

B. Chancel-Bardelot, C. Riou, 1300-1400, l’éclat du gothique méridional, catalogue d’exposition du Musée de Cluny, RMN, 2022.

Pierre Dubourg-Noves, Les peintures de l'église des Jacobins d'Agen, Archeologia, no 218, novembre 1986, p. 44-50.


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Anne Vuillemard
02_Histoire de l’art