Les Suisses de Napoléon

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Le moins que l’on puisse dire est que Napoléon Bonaparte, nourri de la pensée de Rousseau, a eu de la Suisse dans les idées et dans son environnement immédiat à toutes les étapes de sa vie et de sa carrière : de Faesch à Jomini en passant par Madame de Staël sa pire ennemie, Benjamin Constant, Boinod, Laharpe et tant d’autres, comme les financiers et banquiers Emmanuel Haller, Perregaux père ou Delessert qui contribuèrent à assoir la fortune de Napoléon et à créer la Banque de France. Napoléon sut, dès le début de sa carrière s’appuyer sur plusieurs officiers suisses comme Amédée Laharpe ou Boinod, sans oublier Reynier et les quelques 30.000 soldats confédérés attachés au service de France qu’il put apprécier à leur juste valeur au passage de la Bérézina.

Nous partirons sur les traces laissées par Napoléon dans la mémoire collective helvétique. Nous évoquerons l’organisation géographique, administrative et politique de la Suisse que Napoléon Bonaparte recréa en 1802-1803. Non seulement, l’empereur n’a jamais annexé la Suisse mais il lui a donné sa forme moderne : Plurilinguisme, fédéralisme, égalité entre les cantons, redimensionnement de ceux-ci, politique du consensus… Le traité de la Malmaison élaboré sous l’égide du Premier Consul le 29 mai 1801, compromis entre le système centralisateur et les aspirations fédéralistes des Suisses, ne fut jamais réellement appliqué mais servit à l’élaboration de l’Acte de Médiation introduit en 1803 et peut être considéré comme la matrice des constitutions futures de la Suisse, à commencer par celle de 1848 qui marque toujours la naissance officielle de la Suisse moderne. La résolution de la question suisse en 1802-1803 est le dossier qui lui prit le plus de temps et pour lequel il mobilisa les meilleurs connaisseurs de la Suisse ainsi que tous les Helvètes de bonne volonté.

A la fin de l’Empire, des Suisses accompagnèrent la chute de l’empereur à tous points de vue, en lui restant fidèle comme le bataillon Stoffel au combat de Wavre ou en précipitant sa chute comme Perregaux fils en 1814 ou Jean-Victor de Constant-Rebecque, le Suisse méconnu de Waterloo, en 1815. Napoléon put également compter pour forger sa légende sur tous ces Suisses qui accompagnèrent Napoléon pour le meilleur et pour l’Empire, tel Jean-Abram Noverraz, le dernier serviteur suisse de Napoléon, témoin de sa disparition il y a 200 ans.


Votre conférencier :

Docteur ès lettres de la Sorbonne, spécialiste des relations franco-suisses, chargé de cours émérite à l’Université de Fribourg/CH, titulaire des Palmes académiques, chevaliers des Arts et des Lettres et de l’Ordre national du Mérite, Citoyen d’honneur de la ville impériale de Rueil-Malmaison, Alain-Jacques Czouz-Tornare, né en 1957, a participé en 2003 au film d’Anne Cunéo : « Napoléon et la Suisse : la Médiation, naissance d’une nation ». Pour France 2, il a tourné pour le magazine historique « Secrets d’histoire » : « Danton : aux armes citoyens ! » Auteur de nombreuses expositions tant en France qu’en Suisse, il a contribué à vulgariser l’histoire pour plusieurs médias écrits comme L’Histoire, Le Temps, L’Hebdo, Passé Simple, ou audiovisuels comme la RSR Espace 2, France Culture ou Radio Fribourg. Les lecteurs et auditeurs apprécient les présentations décalées et provocatrices de cet historien atypique et volontiers franc-tireur.


Les dates à retenir :

janvier 1798 : Le général Bonaparte à l’origine de l’invasion du Corps helvétique.

9-10 Novembre 1799 : La contribution des Suisses à la prise du pouvoir par Bonaparte.

9 février 1801 (20 pluviôse an IX): L’apport du traité de Lunéville à l’Helvétie.

29 mai 1801 : Adoption du Traité de Malmaison.

19 février 1803 : Acte de Médiation de Napoléon Bonaparte qui recrée la Suisse.

27 septembre 1803 : Dernier renouvellement de l’Alliance franco-suisse.

21 octobre 1805 : Participation méconnue des Suisses à la bataille de Trafalgar.

26-29 novembre 1812 : Les Suisses sauvent Napoléon à la Bérézina.

18 juin 1815 : Participation suisse à la bataille décisive de Waterloo… dans les deux camps.

Juillet 1815 : Les Suisses envahissent la France.


A lire pour aller plus loin :

Gérard Miège: La Suisse des Bonaparte. Terre convoitée, pays d’agrément, lieu d’exil, Bière, Cabédita, 2012.

Alain-Jacques Tornare, Les Vaudois de Napoléon, des Pyramides à Waterloo (1798-1815), Préfacé par Pascal Couchepin, Cabédita Yens sur Morges 2003.

Sous la direction d’Alain-Jacques Czouz-Tornare, Quand Napoléon Bonaparte recréa la Suisse, Paris, collection études révolutionnaires no 7, Société des études robespierristes, 2005.

Georges Andrey, A.-J. Czouz-Tornare, Louis d’Affry 1743-1810, premier landamman de la Suisse. La Confédération suisse à l’heure napoléonienne, Editions Slatkine, Genève, 2003.

Thierry Choffat et Alain-Jacques Tornare, La Bérézina. Suisses et Français dans la tourmente de 1812, Cabédita, Bière, 2012.

Vient de paraître : Catherine Minck-Brandt et Alain-Jacques Tornare: Jean-Abram Noverraz. Le dernier Vaudois de Napoléon, Cabédita, Bière, 2021. Posfaces de Sabine Utz et de Pascal Pouly. Préface de Guy Parmelin, Président de la Confédération suisse.

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