Verdun, la bataille et sa légende

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Une bataille de 300 jours et 300 nuits, 60 millions d’obus, 300 000 morts. Verdun représente dans la mémoire des Français un affrontement d’une violence inouïe où l’horreur le dispute à la fierté d’avoir tenu tête à la ruée allemande. Mais la légende du sacrifice recouvrait la bataille d’un lourd couvercle héroïque qui empêchait de se poser des questions essentielles : pourquoi les Allemands ont-ils attaqué dans la Meuse à plus de 250 kilomètres de Paris, sans possibilité d’exploiter un éventuel succès ? Le front de Champagne, situé à seulement 120 km de la capitale française, n’aurait-il pas été mieux désigné pour une offensive décisive ? Comment se fait-il que le général Joffre, à la tête de l’armée française, n’ait pas réagi alors même qu’il a été averti dès décembre 1915 des préparatifs militaires ennemis dans la région ? Pourquoi les Allemands ont-ils fait le choix de se ruer dans une région fortifiée qui, précisément, apparait comme un point fort des lignes françaises ? Et surtout, une fois confrontés à l’échec, au bout d’une semaine seulement, pourquoi se sont-ils entêtés durant des mois ? Est-il vrai qu’il cherchait là à « saigner à blanc » l’armée française comme l’a prétendue une historiographie paresseuse ? Par ailleurs, est-il vrai que Pétain soit le vainqueur de Verdun comme on n’a cessé de le claironner dans l’entre-deux-guerres et comme beaucoup le pense encore aujourd’hui ? Parce que 163 000 Français et 140 000 Allemands ont péri sur ce front étroit, on peut supposer que Verdun constitue un objectif absolument essentiel. Et cependant, cela ne va pas de soi. Mais alors, comment donc expliquer cette incroyable bataille à la violence inouïe si elle n’a aucun intérêt stratégique ? Enfin, comment se fait-il qu’elle soit si rapidement devenue un mythe national qui finit par résumer la guerre tout entière ? En faisant le point sur la bataille de Verdun à partir des dernières recherches, cette conférence ébranlera les mythes et égratignera fatalement les légendes.


Votre conférencier :

Jean-Yves Le Naour est historien, spécialiste de la Grande Guerre, scénariste de films documentaires et de bandes dessinées, auteur d’une quarantaine d’ouvrages.


Les dates à retenir :

Octobre 1914 : le front se fixe au nord de Verdun la région fortifiée forme un saillant dans les lignes allemandes.

21 février 1916 : les Allemands attaquent sur la rive droite de la Meuse.

25 février : chute du fort de Douaumont.

25 février : Pétain est nommé à la tête de la défense de Verdun.

10 avril : ordre du jour de Pétain qui s’achève par « On les aura ! »

1er mai : le général Nivelle remplace Pétain à la tête de l’armée de Verdun.

7 juin : chute du fort de Vaux.

11 juillet : dernière offensive allemande. Échec.

Octobre-décembre : offensive française et reconquête du terrain perdu.

8 décembre 1920 : inauguration du monument de la tranchée des baïonnettes.

Septembre 1927 : les corps exhumés sur le champ de bataille sont transférés à l’ossuaire de Douaumont.

22 septembre 1984 : le président François Mitterrand et le chancelier Helmut Kohl se tiennent la main devant le cimetière de Douaumont.


A lire pour aller plus loin :

Jean-Yves Le Naour, 1916, Perrin, 2014, 396 p.

Jean-Yves Le Naour, Verdun (série de bandes dessinées en trois volumes, chez Grand Angle, 2016-2018).

Antoine Prost, Gerd Krumeich, Verdun 1916, Tallandier, coll. Texto, 2015.

Paul Jankowski, Verdun. 21 février 1916, Gallimard, 2013.

Jean-Pierre Guéno, Paroles de Verdun, Perrin, coll. « Tempus », 2016.

Pierre Miquel, Mourir à Verdun, Tallandier, coll. « Texto », 2011.

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Jean-Yves Le Naour
05_Champs de bataille