La Piazza dei Miracoli de Pise, magnifique ensemble médiéval
Inscrite au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco, la Place des Miracles de Pise réunit des œuvres éminentes érigées entre le XIème et le XIVème siècle et formant un ensemble unique, revêtu de marbre blanc : la cathédrale, le baptistère, le campanile et le cimetière ou Camposanto.
Construite entre 1064 et 1118, la cathédrale Santa Maria Assunta, de style roman, témoigne de la puissance de la république Maritime de Pise. Elle renferme une chaire sculptée par Giovanni Pisano au début du XIVème siècle qui est l’un des chefs-d’œuvre de la sculpture médiévale. Dans l’abside, la mosaïque de Cimabue représentant le Christ entre la Vierge et saint Jean a miraculeusement survécu à l’incendie de 1595 qui a occasionné de nombreuses destructions.
À proximité du Duomo se dresse le campanile du XIIème siècle, mondialement célèbre en raison de sa silhouette penchée depuis l’origine. Ce cylindre ceint d’une gracieuse colonnade s’élève jusqu’à près de 60 mètres de haut. Sur le marbre blanc du premier niveau se détachent des ornements en carrés sur la pointe constitués de marbres colorés d’un grand raffinement. Après plusieurs interruptions du chantier, en 1292, des mesures de l'inclinaison de l’édifice sont prises, au fil à plomb devant notaire. Le campanile ne sera achevé qu’en 1360 en y apportant une correction géométrique. Les plus anciennes gravures rendent déjà compte de l’inclinaison de la tour qui donnera lieu à de nombreuses recherches au cours des siècles pour éviter son effondrement.
Le baptistère de plan circulaire est le plus grand d’Italie. Commencé en 1152, il présente en partie basse des arcs en plein cintre encore romans alors que le reste de l’élévation témoigne de l’influence du répertoire gothique. Il ne sera achevé qu’à la fin du XIVème siècle. A l’intérieur, la chaire du baptistère, réalisée par Nicola Pisano autour de 1260, est sculptée de panneaux représentant des épisodes de la vie du Christ.
Enfin, le Camposanto monumentale est le cimetière historique qui ferme le côté nord de la place. Au XIIème siècle, l’archevêque de Pise aurait rapporté de la deuxième croisade de la terre sacrée prélevée sur le Mont Golgotha. Le mur extérieur est orné d’arcs aveugles et l’intérieur était paré de fresques. L’ensemble ne fut achevé qu’en 1464 en raison de la crise provoquée par la défaite pisane lors de la bataille de la Meloria en 1284.
Votre conférencière :
Anne Vuillemard-Jenn est docteur en histoire de l’art, enseignante et chercheur indépendant. Membre du Groupe de Recherches sur la Peinture Murale, elle poursuit des recherches sur la polychromie architecturale et la peinture monumentale.
Les dates à retenir :
1063 : début de la construction de la cathédrale par l’architecte Buscheto.
Le Duomo est consacré en 1118 par le pape Gélase II.
1152 : début de la construction du baptistère.
9 août 1173 : démarrage des travaux de la tour penchée.
En 1178, les travaux sont interrompus jusqu’en 1272.
1464 : achèvement du camposanto.
1595 : la cathédrale subit un violent incendie
1910 : Gabriele d’Annunzio qualifie ce site de Place des miracles dans son roman Forse cher si, forse che no.
1987 : la piazza dei Miracoli est inscrite au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco.
À lire pour aller plus loin :
Emilio Tolaini, Campo Santo di Pisa - Progetto e cantiere, Pise, ETS, 2008.
Jean Barthélémy « La tour de Pise. Son histoire et les moyens mis en œuvre pour sa sauvegarde », Bulletin de l’Académie Royale de Belgique, 2000, 11-1-6, p. 87-105.