Le cimetière royal d'Ur, trésor archéologique de Mésopotamie
L'une des grandes découvertes de l'archéologie est sans doute celle du cimetière royal d'Ur, comparable à la découverte du tombeau de Toutankhamon en Égypte. Mis au jour il y a un siècle dans le sud de la Mésopotamie, ce cimetière est exceptionnel tant par la richesse des objets retrouvés que par les rituels uniques qu'il révèle. Sans compter qu'il s'agit des premières tombes royales découvertes en Mésopotamie. Contrairement à l'Égypte, où les pharaons se faisaient construire de somptueux tombeaux, les rois mésopotamiens étaient enterrés dans différents endroits (sous les palais, sur l'acropole et dans des endroits encore inconnus) et sous terre, sans structures visibles (à l'exception des rois de la 3e dynastie d'Ur). A ce jour, des tombes royales ont été découvertes sur 4 des milliers de sites potentiels. En effet, entre 3000 et 2000 avant J.-C., chaque ville était le siège d'une dynastie royale. On peut donc s'attendre à des découvertes passionnantes à l'avenir ! Le cimetière est réputé pour la beauté et la richesse des objets découverts : vaisselle d'or et d'argent, maquettes de bateaux en argent, bijoux en pierre précieuse, sceaux cylindriques, armes en bronze ou en or, lyres, objets incrustés de coquillages ou d'ivoire... Mais le plus surprenant, ce sont les rituels de sang qui apparaissent ici pour la première et unique fois : femmes, hommes et animaux étaient tués pour accompagner les morts royaux et les servir dans l'au-delà.
Votre conférencière :
Laura Battini est chargée de recherche au CNRS (UMR 7192, PROCLAC, Paris). Spécialiste de la Mésopotamie, elle s’intéresse à l’architecture et urbanisme ainsi qu’à l’iconologie, en prenant en compte les données archéologiques et textuelles. En particulier, ses recherches visent d’un côté la ville et les maisons et de l’autre le corps, la maternité, l’identité ainsi que la matérialité des objets. De plus, Laura est chargée de la publication des terres cuites de la Yale Babylonian Collection (New Haven, USA). Elle a participé à des fouilles en Italie, Syrie et Irak. Elle a créé une revue (Ash Sharq, « l’est »), une série archéologique (AANEA, Oxford) et un blog (Sociétés humaines du Proche-Orient). Elle a publié deux livres, édités neuf livres et écrit plus de 300 articles.
À lire pour aller plus loin :
Aubrey Baadsgaard, Janet Monge, Samatha Cox et Richard L. Zettler, « Human sacrifice and intentional corpse preservation in the Royal Cemetery of Ur », Antiquity 85, 2011, p. 27-42.
L. Bachelot, « Les tombes royales d'Ur », Religions & Histoire 37, 2011, p. 32-39.
Michèle Casanova, « Luxuries of precious materials : the royal cemetery of Ur (Iraq) and the lapis lazuli, witnesses of intercultural relations in the Near East », in Michèle casanova et M. Feldman (éds.), Les produits de luxe au Proche-Orient ancien, aux âges du Bronze et du Fer.
Massimo Vidale, « PG 1237, Royal Cemetery of Ur: Patterns in Death », Cambridge Archaeological Journal 21/3, 2011, p.427-451.
Richard L. Zettler et Lee Horne (éds.), Treasures from the Royal Tombs of Ur, Philadelphie, 1998.