Le retable d'Issenheim de Grünewald, en partenariat avec le Musée Unterlinden

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« Là, dans l’ancien couvent des Unterlinden, il surgit dès qu’on entre, farouche, et il vous abasourdit aussitôt avec l’effroyable cauchemar d’un calvaire (…) avec ses buccins de couleurs et ses cris tragiques, avec ses violences d’apothéoses et ses frénésies de charniers, il vous accapare et vous subjugue (…) ». À l’instar du romancier Joris-Karl Huysmans qui évoque sa rencontre avec l’œuvre dans Trois églises et trois primitifs, publié en 1908, le Retable d’Issenheim fascine et suscite l’admiration de ceux qui le contemplent.

Réalisé pour le maître-autel de l’église de la prospère commanderie des antonins d’Issenheim, à l’ouest du Saint Empire romain germanique, le retable est exposé dans la chapelle du couvent des Dominicaines d’Unterlinden depuis l’ouverture du Musée en 1853. La force émotionnelle de ce polyptique monumental, peint par Mathis Gothart Nithart dit Grünewald et sculpté par Nicolas de Haguenau entre 1512 et 1516, s’explique par la qualité picturale de l’œuvre, la richesse des couleurs employées et l’expressivité des scènes et des personnages. Les huit panneaux de bois de tilleul et les dix sculptures qui le composent, illustrent plusieurs épisodes de la vie du Christ et de saint Antoine l’Ermite, patron de la commanderie.

Véritable trésor de la collection du Musée Unterlinden, le Retable d’Issenheim est l’une des œuvres les plus admirées du musée. Sa récente restauration aura duré 4 ans et s’est achevée en 2022.


Votre conférencière :

Ancienne cheffe du service Conservation et conservatrice chargée des collections médiévales du musée Dobrée à Nantes, Camille Broucke est directrice du musée Unterlinden de Colmar depuis 2023.


Les dates à retenir :

Vers 1300 : fondation de la commanderie des antonins d’Issenheim.

1512-1516 : réalisation du retable.

1793 : le retable est transporté à Colmar, à la Bibliothèque Nationale du District, pour le préserver des destructions révolutionnaires. Perte de la caisse et du couronnement sculpté qui le surmontait.

1852 : le retable est transféré dans l’église de l’ancien couvent des dominicaines d’Unterlinden.

1853 : ouverture du musée Unterlinden.

2018-2024 : dernière campagne de restauration du retable qui concerne pour la première fois simultanément peintures, sculptures et encadrements.


À lire pour aller plus loin :

Christian Heck et Roland Recht (dir.), Le retable d’Issenheim avant Grünewald. Les sculptures de Nicolas de Haguenau, Colmar, 1987.

Grünewald et le retable d’Issenheim. Regards sur un chef-d’œuvre, Colmar, musée d’Unterlinden, 2007-2008.

Pantxika de Paepe et Magali Haas, Le Retable d'Issenheim - Le chef-d'œuvre du musée Unterlinden - Nouvelle édition, Réunion des Musées Nationaux, 2023.