XVIème-XVIIème siècles : l’âge d’or de la tapisserie française
Art de luxe et de prestige, d’une haute valeur décorative et symbolique, tout en assurant un certain confort matériel, la tapisserie connut un essor considérable au XVIème siècle en France. Dans la continuité de ce que l’on observe pour le Moyen-Age, ces pièces textiles, coûteuses par leurs matériaux et leur ampleur, représentaient un véritable investissement financier de la part de leurs possesseurs et accompagnaient tous les événements solennels d’un particulier, d’une paroisse ou d’un prince.
Pour répondre à une demande toujours accrue, non seulement le commerce s’intensifia dans le royaume, mais plusieurs centres de production s’y développèrent. Certaines villes accueillirent en effet des ateliers de tapisseries de manière ponctuelle, comme Tours et Toulouse, ou permanente comme Felletin, Aubusson et Bellegarde. Au premier rang figura Paris.
Paris redevint rapidement une capitale économique après la guerre de Cent Ans et fut l’un des centres artistiques européens les plus florissants au XVIème siècle. Toutes les industries du luxe y étaient représentées, comme l’orfèvrerie, l’armurerie, la broderie ou la tapisserie. L’implantation parisienne durable donna naissance à de véritable dynasties de tapissiers, parmi lesquelles figurent les Brocart, les Blassé ou les Laurens.
Cependant, visiblement peu attiré par la production parisienne, le roi François Ier se fournissait à Bruxelles. Il enrichit ainsi la collection royale d’un nombre non négligeable de séries réputées parmi les plus belles de l’époque, toutes à or et argent. En concurrence avec les autres souverains européens, comme Charles Quint ou Henri VIII, il acquit par exemple dès les années 1530 une Histoire de Scipion d’après des modèles en partie de Giulio Romano; une Vie de saint Paul sur des cartons de Pieter Coecke van Aelst.
En revanche, quand il s’agissait d’orner les lieux où siégeaient des représentants du pouvoir royal, comme la chancellerie ou la cour de justice, les ateliers parisiens étaient jugés suffisamment compétents !
Image : Fuzeau Philippe
Votre conférencier :
Docteur en Histoire de l’Art moderne de l’université Michel de Montaigne (Bordeaux 3), enseignant en classes préparatoires, Christophe Levadoux est spécialiste de l’Histoire de l’Architecture et des arts décoratifs français au XVIIIe siècle, à travers notamment le mécénat artistique des princes de Bourbon-Condé. Auteur de nombreux articles scientifiques liés à son sujet de spécialité et au patrimoine auvergnat, sa thèse Louis-Henri de Bourbon (1692-1740), prince des Lumières doit être publiée prochainement en deux volumes (vol 1. Les bâtiments ; vol.2. Les objets d’art). Conférencier reconnu en région Rhône-Alpes-Auvergne, son esprit résolument progressiste et iconoclaste le pousse à vulgariser l’Histoire de l’Art auprès d’un public avide de ses présentations érudites et décalées. Sa devise ? « Le courage a le mérite que l’on se doit pour exister » Sonia Lahsaini.
À lire pour aller plus loin :
Chefs-d'Œuvre de la tapisserie du XIVe au XVIe siècle, catal. expos. (Grand Palais, 26 oct. 1973-7 janv. 1974), par G. Souchal, Réunion des musées nationaux, Paris.
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Valentine Fougère Tapisseries de notre temps, L'Œil du temps, Paris, 1969.
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Roger - Armand d'Hulst, Tapisseries flamandes du XIVe au XVIIIe siècle, Arcades, Bruxelles, 1971.
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Jean Lestocquoy, « Deux Siècles de l'histoire de la tapisserie (1300-1500) », in Mémoires de la commission départementale des Monuments historiques du Pas-de-Calais, t. XIX, 1978.
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