Sparte, histoire politique et sociale d’une puissante cité du Péloponnèse

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Grande rivale d’Athènes pendant la guerre du Péloponnèse, Sparte est l’une des cités grecques les plus mystérieuses ; les sources écrites en décrivent rarement les institutions et l’histoire, conséquence selon Thucydide d’un certain goût pour le secret que cultivaient les autorités politiques de cette ville et de la rareté des auteurs d’origine spartiate. Lacédémone est située en Laconie, une région montagneuse du Péloponnèse dominée par le mont Taygète ; grâce aux conquêtes militaire les Spartiates vont élargir leur contrôle sur la Messénie et sur le Péloponnèse jusqu’aux confins de l’Argolide et de l’Arcadie, en dominant ainsi tout le Péloponnèse méridional. La cité est connue en effet surtout pour ses entreprises militaires, fruit de l’audace et de la puissance des guerriers spartiates, soumis à de durs entrainements dans le cadre d’une organisation sociale stricte régie par l’État. L’agogè, l’éducation à la spartiate sous le patronage d’Artémis Orthia, était connue dans l’Antiquité pour sa dureté, en particulier la pratique de la krypteia, probablement réservée à une élite.

Selon la tradition, le législateur Lycurgue aurait importé de Crète la constitution spartiate (la Grande Rhètra) qui précise, entre autres, les caractéristiques des institutions politiques : la gérousia ou conseil des anciens, les deux rois, les éphores et l’assemblée du peuple (apellai). Les analogies avec les cités crétoises sont en effet significatives (il suffit de songer aux syssities spartiates et aux andreia crétois) et pourraient être la conséquence de la commune origine dorienne, selon les auteurs anciens, des deux peuples. Sparte participe également à la « diaspora grecque », notamment vers la fin du VIIIe lors de la fondation de Tarente, dans les Pouilles, une ville dotée d’un extraordinaire port intérieur, mais dont le développement est entravé par la bellicosité des populations indigènes. Pour décrire l’évolution de la cité de Sparte depuis ses origines, les sources d’informations sont rares, en particulier les inscriptions et les sources historiques d’origine spartiate. Les données archéologiques sont désormais plus abondantes, grâce au développement des fouilles récentes, mais limitées par la présence de la ville moderne sur le site de l’ancienne Sparte.


Votre conférencière :

Professeur d’archéologie grecque à l’Université de Strasbourg et membre de l’UMR 7044 Archimède depuis 2003, Daniela Lefevre-Novaro est ancien membre de la Scuola Archeologica Italiana di Atene et, après avoir fouillé les sites minoens de Phaistos et Haghia Triada, dirige actuellement la fouille de l’agora de Dréros (Crète). Ses spécialités sont l’archéologie du paysage, la protohistoire égéenne (civilisations minoenne et mycénienne), l’histoire et l’archéologie de la religion grecque, l’archéologie et l’histoire de la Grèce archaïque.


Les dates à retenir :

Vers 765-760 : synœcisme des quatre villages qui forment la cité de Sparte (Pitana, Mesoa, Limnai, Kynosoura) auxquels se rajoute Amyklai.

706 : fondation de l’apoikia de Tarente par Phalantos.

Vers 700 : Grande Rhètra.

Vers 695-675 : première guerre de Messénie.

Vers 635-610 : deuxième guerre de Messénie.

Vers 490-488 : troisième guerre de Messénie.

431-404 : guerre du Péloponnèse qui oppose Sparte à Athènes.


A lire pour aller plus loin :

Stephen Hodkinson, Anton Powell (éd.), Sparta. New Perspectives, Duckworth, London, 1998.

Edmond Lévy, Sparte. Histoire politique et sociale jusqu’à la conquête romaine, Seuil, Paris, 2003.

Irad Malkin, La Méditerranée spartiate : mythe et territoire, Les Belles Lettres, Paris, 1999.

Michael Pettersson, Cults of Apollo at Sparta. The Hyakinthia, the Gymnopaidia and the Karneia, Stockholm, 1992.

Nicolas Richer, Sparte. Cité des arts, des armes et des lois, Perrin, Paris, 2018.

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Daniela Lefevre
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