Le watergate, scandale politique majeure du XXe siècle

Image représentant la conférence  Le watergate, scandale politique majeure du XXe siècle

Washington, 17 juin 1972. En pleine période électorale, cinq « cambrioleurs » sont arrêtés au siège de campagne des démocrates, dans le complexe immobilier du Watergate.

Mais ces monte-en-l’air sont loin d’être des délinquants ordinaires. Il s’agit en vérité d’espions à la solde du comité pour la réélection de Richard Nixon, venus placer des micros dans les téléphones. C’est le début du plus retentissant scandale politique du XXe siècle, qui se terminera par la première (et unique à ce jour) démission d’un président dans l’histoire des États-Unis.

C’est une affaire à rebondissements, qui tient le pays en haleine pendant plus de deux ans. L’arrestation des cinq hommes et l’enquête qui a suivi n’ont pas empêché Richard Nixon d’être réélu haut-la-main en novembre, par 60 % des voix. Il faut l’acharnement de deux journalistes informés par un mystérieux « Gorge profonde », celui d’un procureur spécial et d’un juge fédéral, puis un arrêt de la Cour suprême et finalement la menace d’une procédure de destitution pour qu’au fil des mois la vérité apparaisse : Nixon a déployé tous les moyens possibles pour étouffer cette affaire, qui s’insère dans un dispositif généralisé d’espionnage de ses adversaires démocrates.

Cette conférence rappelle la personnalité de Nixon et les tournants de l’enquête, mais surtout replace cette dernière dans le contexte de l’époque, celui d’un pays en mutation sociale et en proie au doute, traumatisé par la guerre du Vietnam. Elle montre les conséquences durables de ce scandale qui si profondément marqué les consciences américaines que le suffixe « gate » est utilisé depuis pour frapper d’infamie toute affaire sulfureuse, du « Monicagate » à l’« Irangate ».


Votre conférencier :

Didier Combeau, agrégé et docteur en civilisation américaine, est essayiste et spécialiste des États-Unis. Ses recherches portent sur les questions de violence et plus généralement sur la politique intérieure. Il a notamment publié Des Américains et des armes à feu : démocratie et violence aux États-Unis (Éditions Belin) et Polices Américaines (Gallimard). Son dernier ouvrage, Être Américain aujourd’hui : les enjeux d’une élection présidentielle, est paru en juin 2020 aux éditions Gallimard.


Les dates à retenir :

1971 : le président Richard Nixon, alors au milieu de son premier mandat, fait installer pour ses archives personnelles un système secret d’enregistrement des conversations dans ses bureaux.

Juin 1972 : arrestation des cinq « cambrioleurs » dans l’immeuble Watergate. La Maison-Blanche nie toute implication. Deux jeunes journalistes du Washington Post, Bob Woodward et Carl Bernstein, sont chargés de couvrir l’affaire. Ils publient par la suite plusieurs articles qui établissent un lien entre le comité de réélection de Nixon et les « cambrioleurs ».

Août 1972 : Nixon annonce que l’enquête interne confiée à son conseiller juridique John Dean n’a pas montré d’implication de la Maison-Blanche.

Novembre 1972 : réélection triomphale de Nixon.

Janvier 1973 : procès des cinq « cambrioleurs » et de hauts responsables proches de Nixon, qui sont condamnés.

Avril 1973 : John Dean, qui initialement avait pris la défense de Nixon est limogé et coopère avec la commission d’enquête sénatoriale. Deux proches collaborateurs de Nixon démissionnent. Ce dernier annonce que, selon ses propres investigations, « personne dans notre Administration n’a été impliqué dans ce très bizarre incident ».

Juillet 1973 : un collaborateur de Nixon, Alexander Butterfield, lors d’une audience au Sénat retransmise à la télévision, révèle l’existence du système d’enregistrement des conversations dans les bureaux présidentiels.

Mai – juillet 1974 : le juge Sirica ordonne à Nixon de fournir à la justice les enregistrements de ces conversations. Nixon se retranche derrière l’immunité que lui confère sa fonction. La Cour suprême confirme la décision du juge. La commission judiciaire de la Chambre des Représentants entame une procédure de destitution.

Août 1974 : Nixon fournit les enregistrements et démissionne. Gérald Ford devient président.

Septembre 1974 : le président Ford accorde un pardon présidentiel à Richard Nixon.

2005 : l’identité de « Gorge profonde » est révélée. Il s’agit de Mark Felt, ancien numéro 2 du FBI.


A lire pour aller plus loin :

Carl Bernstein et Bob Woodward, All the President’s Men, 1974, traduit sous le titre Les fous du président (Gallimard), et le film d’Alan J. Paluka qui en a été tiré, Les hommes du président (1976).

Bob Woodward, Gorge profonde : la véritable histoire de l’homme du Watergate, Denoël, 2005.

Joseph Rodota, The Watergate : Inside America’s Most Famous Address, William Morrow, 2019.

Michael Dobbs, King Richard : Nixon and the Watergate, an American Tragedy, Alfred A. Knopf, 2021.

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Didier Combeau
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