Les visions de Francisco Goya

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Francisco Goya (1746-1828) est sans doute l’un des peintres les plus féconds et complexes d’Espagne. Grand portraitiste de la noblesse, il devint peintre du roi Charles III puis de Charles IV qui le consacra premier peintre de la cour d’Espagne. C’est peut-être parce qu’il se doit justement d’observer un certain classicisme dans son travail que lorsqu’il prend la parole devant l’Académie Royale de peinture en 1792, c’est pour défendre une peinture libre d’invention et de créativité loin de « l’obligation servile […] de faire suivre à tous le même chemin ». Lui-même tente d’introduire des éléments nouveaux dans sa peinture de cour et surtout, développe en parallèle de ces commandes prestigieuses une œuvre plus personnelle, résolument novatrice. A la jonction du témoignage d’histoire – tant dans ses portraits sans concession que dans les scènes de guerre – et de la fantaisie la plus débridée et démente qui soit, son œuvre gravée, tourmentée et noire contient en elle l’annonce du romantisme, du réalisme et de l’expressionnisme, tous mouvements artistiques qui introduiront la modernité en peinture.

Du courtisan à l’insurgé, du maitre de scènes galantes à celui des sabbats sataniques, l’œuvre de Goya s’affirme comme le creuset de la modernité : la réalité et l’imagination s’y interpénètrent pour livrer des visions où la beauté et la délicatesse rivalisent avec le cauchemar et la folie. Une œuvre aussi riche et complexe que l’était Francisco Goya.


Votre conférencière :

Nathalie Douay est historienne de l'art et conférencière nationale.


Les dates à retenir :

30 mai 1746 : naissance à Fuendetodos, près de Saragosse, de Francisco José de Goya y Lucientes, fils de José Goya décorateur et d’Engracia Lucientes de la petite noblesse locale. Il a cinq frères et sœurs.

1760 : il entre comme apprenti dans l’atelier du peintre baroque José Luzan Martinez. Il y copie de nombreuses gravures françaises et italiennes.

1767-1771 : après avoir échoué deux fois aux concours de peinture donnant droit à une bourse d’étude, il partit par ses propres moyens en Italie. Il y découvre les œuvres des grands artistes florentins, vénitiens et romains, particulièrement touché par les tableaux du Caravage. Il y obtient ses premières commandes. Fort de ces réussites, il revint à Saragosse où il réalise des œuvres religieuses et souvent monumentales.

1773 : il épouse Josefa Bayeu dont le frère Francisco, peintre de la Chambre du Roi, le présente à la Cour de Charles III. Goya entre au service du roi et s’installe à Madrid.

1775 : il commence la série des cartons de tapisserie pour la Manufacture Royale qu’il poursuivra jusqu’en 1792.

1780 : il est élu à l’Académie et entreprend une brillante carrière officielle en devenant notamment, le grand portraitiste de la noblesse.

1793 : il devient sourd à la suite d’une grave maladie. Peu à peu, il se désengage de ses obligations à la cour pour développer une expression artistique plus libre, plus inventive et plus personnelle.

1799 : il commence la série des Caprices, première série d’estampes de caricatures espagnole, et surtout point de départ de toute une expression romantique. La même année, il est nommé par Charles IV, premier peintre de la cour d’Espagne.

1810 : il commence les eaux-fortes des Désastres de la guerre motivées par l’invasion napoléonienne. Il les terminera en 1823.

1819-1824 : il entreprend les Peintures noires dans sa maison la Quinta del Sorto, près de Madrid. Certaines de ces fresques ouvrent la voie à l’expressionnisme et aux artistes modernes.

1824 : fuyant la répression et l’absolutisme du règne de Ferdinand VII, Goya émigre à Bordeaux.

16 avril 1828 : décès à Bordeaux. Son corps fut rapatrié en Espagne en 1888.


A lire pour aller plus loin :

Werner Hofmann, Goya. Du ciel à l’enfer en passant par le monde, Paris, éditions Hazan, 2014.

Pascal Torres, La Peinture en Espagne du XVe au XXe siècle, Paris, Presses universitaires, 1999.

Adrien Enfedaque, Véronique Gerard Powell, Bruno Mottin et Juliet Wilson-Bareau, Goya, génie d’avant-garde – le maître et son école, catalogue d’exposition du musée d’art d’Agen, éditions Snoeck, 2020.


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Nathalie Douay
02_Histoire de l’art