Vermeer et les maîtres de la peinture de genre au siècle d'Or

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Toute exposition présentant plusieurs tableaux de Vermeer est un événement, tant le maître fascine et tant ses œuvres sont rares dans le monde (à peine plus d’une trentaine sont attestées de nos jours). Ce fut le cas de l’exposition présentée en 2017 au Louvre, qui réunissait pour la première fois depuis 1966 douze tableaux de Vermeer, soit un tiers de son œuvre connu.

Mais si l’exposition fut une telle réussite, c’est surtout parce qu’elle parvenait à recontextualiser cet œuvre, en montrant dans quelle mesure Johannes Vermeer (1632-1675) était un peintre de son temps, inséré dans un circuit commercial florissant, avant de tenter de démontrer ce qui fait sa singularité, son statut si exceptionnel au sein de l’histoire de l’art occidental. Celui que l’on appelait autrefois « le sphinx de Delft » tant il semblait isolé et mystérieux ne perd pas pour autant son mystère à être présenté parmi ses pairs talentueux et prolifiques.

Commençons par rappeler que la période d’activité de Vermeer, soit le troisième quart du XVIIe siècle, marque aussi l’apogée de la puissance économique mondiale des Provinces-Unies. Enrichis par le commerce maritime, les membres de l’élite hollandaises sont en quête d’un art qui reflète leur statut social et leur réussite. Ainsi, les artistes ont-ils multiplié les scènes de genre aptes à décrire la vie privée de la grande bourgeoisie du nord, tout en révélant des aspects intimes et culturels précieux pour notre regard contemporain.

Selon l’économie du marché qui implique de se renouveler tout en exploitant les formules à succès, l’art de Vermeer peut se lire comme autant de variantes sur des thèmes répandus à cette époque (la liseuse, la scène musicale, la scène de cuisine, etc.) Toutefois, si Vermeer se distingue de ses confrères, c’est peut-être par une qualité singulière : son aptitude à traduire en peinture le silence, dans un rapport quasi contemplatif à la figure, à la lumière.

Depuis sa relative « redécouverte » au XIXe siècle, Vermeer n’a plus cessé de fasciner les artistes peintres comme le grand public.


Votre conférencière :

Diplômée de l'École du Louvre en histoire de l'art et en muséologie, Géraldine Bretault est conférencière, traductrice et créatrice de contenus culturels. Elle est une collaboratrice régulière des revues Perspective de l’INHA, Beaux Arts Magazine et La Revue de l’art. Des séjours de longue durée à l'étranger (Milan et New York) lui ont permis de tisser des liens singuliers avec ces villes et leur culture. Elle a notamment travaillé au MAD Museum (Art et Design) et au New Museum de New York.


Les dates à retenir :

1632 : Naissance de Johannes Vermeer à Delft.

1652 : mort du père de Vermeer, Reynier Jansz.

1653 : mariage avec Catharina Bolnes et conversion au catholicisme.

1653 : admis comme maître à la guilde de Saint-Luc de Delft.

1662 et 1670 : élu doyen de la guilde.

1672 : « Rampjaar » (année désastreuse), grave crise économique dans les Provinces-Unies.

1674 : mort du principal mécène de Vermeer, Pieter Clazsz Van Ruijven.

1675 : disparition de Vermeer, enseveli à Oude Kerk (Église vieille) à Delft.

1676 : déclaration de faillite par Catharina Bolnes.

1866 : articles de Étienne-Joseph-Théophile Thoré sous le pseudonyme William Bürger dans la Gazette des Beaux-Arts.


A lire pour aller plus loin :

Catalogue de l’exposition Vermeer, sous la dir. de Adriaan E. Waiboer, Blaise Ducos et Arthur K. Wheelock, Jr, Somogy et Louvre éditions, 2017.

L’Ambition de Vermeer, Daniel Arasse, Adam Biro, 1993.

Vermeer, L’œuvre complet (catalogue raisonné), Karl Schütz, Taschen, 2017.

Le Monde dans un tableau – Le chapeau de Vermeer, Nicolas Autheman, documentaire, 2020.

Vermeer. La Fabrique de la Gloire, Jan Blanc, Citadelles&Mazenod, 2016.


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Géraldine Bretault
02_Histoire de l’art