Samarcande, la « ville sans rivale »

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Située dans la république d’Ouzbékistan, Samarcande est une oasis située à 720 mètres d’altitude au pied des contreforts du Pamir, dans une région fertile. Tout au long de son histoire, sa grande force fut d’être idéalement située au centre de la route de la soie ! La renommée de Samarcande fut telle qu’on la retrouve citée dans les récits des écrivains et des poètes de l’antiquité jusqu’à nos jours. Il est vrai que Samarcande a eu plusieurs vies. La première ville, la plus mystérieuse, a disparu au XIIIème siècle. Ses ruines impressionnantes sont visibles sur la colline d’Afrosiab au nord de la ville actuelle. Fouillé par les archéologues, le site est un vaste espace vide et étrange rythmé par des bosses, des creux et des coulées de limon recouvert au printemps d’une herbe verte et rase. Aujourd’hui c’est le paradis des chevriers. Hier, à cet endroit, se trouvait Marakanda, la ville des auteurs grecs et d’Alexandre le Grand, une cité incontournable, la capitale de la Sogdiane ! Puis, Marakanda devint Samarcande, une puissante ville enfermée derrière six kilomètres de murailles, entourée de jardins où étaient cultivés des fruits gorgés d’eau et de sucre comme les « pêches de Samarcande » réputées jusque dans la Chine des Tang. A cette époque, de grandes caravanes venaient déposer toutes les richesses de l’Asie, soie, porcelaine... dans les entrepôts de la ville ! En 1220, la conquête de Gengis Khan stoppa brutalement cet âge d’or, et en à peine quelques jours la ville fut détruite puis abandonnée.

Mais Samarcande n’avait pas dit son dernier mot ! Car, tel un phénix, la ville se reconstruisit magnifiquement à partir du XIVe siècle. C’est à Tamerlan, grand conquérant turco-mongol et grand destructeur de villes, que l’on doit cette renaissance lorsqu’il décida d’établir en 1369 la capitale de son immense empire à Samarcande et d’en faire l’une des plus belles villes de son époque. Samarcande devint la « perle de l’Orient », ornée de bâtiments ambitieux recouverts de briques émaillées : monumentalité et élégance ! Au début XIXe siècle, la ville était certes encore un carrefour commercial mais ne jouait plus qu’un rôle secondaire. C’est la conquête russe en 1868, qui sortit la vieille cité de sa torpeur. Elle se dota alors d’avenues plus larges, de bâtiments « pétersbourgeois », d’allées de platanes et de quelques églises, l’heure était à la colonisation, La période soviétique y laissa à son tour une forte empreinte. Aujourd’hui, Samarcande est au milieu du gué, partagée entre tradition et modernité. Mais déjà une nouvelle ville émerge, l’aventure continue. Dépêchons-nous de faire le voyage à Samarcande, la ville sans rivale, nous attend !


Votre conférencier :

Diplômé de l’École du Louvre et de l’université Paris-IV-Sorbonne, Fabrice Delbarre est Guide conférencier-national.


Les dates à retenir :

Milieu du VIIIème siècle avant-notre-ère : naissance présumée de la ville.

329 avant J-C : la ville de Marakanda est conquise par Alexandre le Grand.

722 après J-C : prise de la ville par les Arabes.

1220 : ruine totale de la ville sous les coups de Gengis Khan.

1369 : Tamerlan choisit Samarcande comme capitale de son empire.

1404 : Juan Gonzales y Clavijo, ambassadeur de Castille, est le premier européen à entrer dans Samarcande.

1868 : conquête de Samarcande par les troupes russes.

1925-1930 : Samarcande devient la capitale de la République d’Ouzbékistan.

1991 : Samarcande devient la capitale culturelle de l’Ouzbékistan indépendante.

2007 : l’UNESCO célèbre le 2750ème anniversaire de Samarcande.


À lire pour aller plus loin :

Pierre Chuvin (dir.) Les Arts de l’Asie centrale, Citadelles & Mazenod, Paris, 1999.

Vincent Fourniau (dira.), Samarcande 1400-1500, Autrement, 1995.

Amin Maalouf Samarcande, Paris, 1988.

Jean Soustiel, Yves Porter, Tombeaux de Paradis, Éditions d'Art Monelle Hayot, 2003.


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Fabrice Delbarre
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