Hans Memling et la peinture à Bruges au XVème siècle

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On sait peu de choses de la vie de Memling, dont la date de naissance en Allemagne, à Seligenstadt, est approximative. On connaît tout aussi mal sa formation, même si l’influence de Rogier Van der Weyden, perceptible dans ses œuvres, laisse supposer un apprentissage auprès du maître. Des légendes, le décrivant comme un soldat de l’armée de Charles le Téméraire, blessé au siège de Nancy, et peignant par gratitude envers les bienfaiteurs l’ayant recueilli, sont venues un temps combler ce manque d’éléments biographiques.

Son nom reste particulièrement attaché à Bruges où il s’établit en 1465. Cette ville était alors l’une des plus prospères de l’Europe du Nord et représentait un attrait fort pour un artiste sûr d’y trouver une clientèle. « Bruges est le rendez-vous de toutes les nations du monde », écrivait Petro Tarfur, voyageur andalou de passage dans la ville en 1438.

Memling va rapidement connaître un grand succès auprès des membres des colonies italiennes ou espagnoles résidant à Bruges, mais aussi auprès de la bourgeoisie et des institutions religieuses locales. Son abondante production supposait un atelier bien organisé. Deux noms d’apprentis ont été identifiés mais on ne sait combien de peintres travaillaient dans son atelier. Memling a réalisé des œuvres adaptées aux divers besoins d’une ville prospère et cosmopolite : retables pour les autels des églises et chapelles, petits formats pour le culte et la dévotion privée, mais aussi portraits d’hommes et de femmes. Ces derniers occupent une large place dans son œuvre, offrant une saisissante image de ses contemporains.

La peinture regardée comme son véritable chef-d'œuvre est le Triptyque du Jugement Dernier, dont le commanditaire était un banquier italien. Cette œuvre à la destinée romanesque sera interceptée par un corsaire avant d’atteindre l’Italie et trouvera sa place dans la cathédrale de Dantzig. La Châsse de sainte Ursule, châsse dont Hans Memling a décoré les quatre faces d'un ensemble de tableaux, témoigne quant à elle de ses talents de peintre miniaturiste.

En 1480, Memling est au sommet de sa carrière et achète plusieurs maisons. Toutefois, la mort de Charles le Téméraire en janvier 1477 ébranle la situation politique dans les Pays-Bas bourguignons. Les grandes banques italiennes comme la banque Médicis se retirent de l'Europe du Nord et de l’Angleterre, et les clients étrangers, notamment italiens, quittent Bruges.

L'art de Memling a connu une très grande popularité à la fin du XIXème siècle et passait pour l'expression la plus haute de la peinture flamande du XVème siècle. Aujourd'hui que sont mieux connues les œuvres de Van Eyck et de Rogier Van der Weyden, on le perçoit davantage comme un brillant continuateur. Auteur d’une centaine de tableaux attribués, Memling reste néanmoins l’un des éminents représentants des primitifs flamands.


Votre conférencière :

Anne Vuillemard-Jenn est docteur en histoire de l’art, enseignante et chercheur indépendant. Membre du Groupe de Recherches sur la Peinture Murale (www.gpm.asso.fr), elle poursuit des recherches sur la polychromie architecturale et la peinture monumentale.


Les dates à retenir :

Entre 1435 et 1440 : naissance à Seligenstadt près de Francfort.

Autour de 1450 : Memling quitte sa région natale.

1464 : mort de Rogier Van der Weyden avec qui Memling a travaillé.

30 janvier 1465 : Memling devient citoyen de Bruges

1466 : Memling loue une grande maison à Bruges.

1480 : il acquiert plusieurs maisons.

1487 : Memling se retrouve veuf avec trois enfants encore mineurs.

11 août 1494 : mort de Memling à Bruges.


A lire pour aller plus loin :

Philippe Lorentz et Till-Holger Borchert, Hans Memling au Louvre, Paris, Réunion des Musées Nationaux, coll. « Les dossiers du Musée du Louvre », 48, 1995.

Dirk De Vos, Hans Memling : L'œuvre complet, Paris, Albin Michel, 1994.

Bruges et la Renaissance. De Memling à Pourbus catalogue, Stichting Kunstboek, 1998.


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Anne Vuillemard
02_Histoire de l’art