David Caspar Friedrich, le génie romantique célébré à Dresde en 2024
Caspar David Friedrich (1774-1840) comme ses tableaux aux atmosphères brumeuses et mystérieuses, a longtemps été tenu dans un certain silence, presque un oubli. C’est une commémoration, celle célébrée à Berlin en 1906 par l’Exposition du Centenaire Allemand (1775-1875) qui le révéla tant aux critiques d’art qu’au grand public. Au cours du siècle passé, la dimension novatrice de son approche fut peu à peu soulignée jusqu’à ce que l’artiste soit considéré comme l’un des plus illustres représentants du romantisme. En 2024, de prestigieuses institutions allemandes lui rendent hommage à l’occasion des 250 ans de sa naissance, en présentant ses dessins et ses toiles dans les musées d’Hanovre, de Dresde et de Berlin.
Ces rétrospectives permettent d’éclairer davantage son œuvre et son parcours, ses sources d’inspiration et la puissance évocatrice qu’il insuffla à la représentation de paysages. Friedrich a profondément transformé ce genre pictural en introduisant une nouvelle relation entre l’homme et la nature qui se fait reflet d’un état d’âme, d’un sentiment face à la puissance et à la profondeur du paysage contemplé. Plus que la description pourtant minutieuse d’une montagne, d’une forêt ou des vagues de la mer, c’est l’émotion sublime face au paysage que dépeint l’artiste : Le peintre doit peindre non seulement ce qu’il a devant lui, mais aussi ce qu’il voit à l’intérieur de lui-même. (Caspar D. Friedrich)
Votre conférencière :
Nathalie Douay est historienne de l'art et conférencière nationale.
Les dates à retenir :
1774 : naissance le 5 septembre de Caspar David Friedrich à Greifswald, ville du nord de l’Allemagne alors rattachée à la Suède.
Entre 1781 et 1791, la vie de Friedrich est tristement marquée par les décès de quatre de ses proches, sa mère, son frère et deux sœurs.
1794 : pendant quatre ans, Friedrich suit les cours de Nicolai Abildgaard à l’Académie royale des Beaux-arts du Danemark. Ce peintre de paysages influencera durablement l’artiste.
Dans les années 1800, installé à Dresde, Friedrich s’inspire de diverses théories de penseurs allemands (Goethe, Schelling, Schleiermacher, Novalis…) attribuant une dimension spirituelle à la contemplation d’un paysage que l’artiste est à même de dévoiler par le sentiment du sublime qu’il exalte dans ses œuvres.
1810 : le peintre accède à une courte reconnaissance de son talent : il expose à Berlin, il est admiré par Goethe, Frédéric-Guillaume III de Prusse achète deux de ses tableaux.
1818 : Friedrich peint Le voyageur contemplant une mer de nuages, œuvre qui pourrait constituer un manifeste de son approche romantique de la peinture.
1826 : Friedrich, malade depuis deux ans, voit son état s’aggraver. Son obsession de la persécution l’éloigne de ses amis et de la peinture qu’il ne reprend que l’année suivante.
1835 : une congestion cérébrale le laisse paralysé.
1840 : Friedrich décède le 7 mai à Dresde où il est enterré ; son œuvre est longtemps oubliée des critiques et des historiens de l’art, jusqu’à l’Exposition du Centenaire allemand (1775-1875) à Berlin en 1908.
1972 : la Tate Gallery de Londres lui consacre sa première grande exposition qui sera suivie de celle de Dresde, de Hambourg et de Paris (1976) consacrée au Romantisme allemand et reconnaissant à Friedrich un rôle prépondérant dans cet incontournable mouvement artistique.
2024 : célébration des 250 ans de sa naissance par une rétrospective présentée à Hanovre, Dresde et Berlin.
À lire pour aller plus loin :
Sous la direction de Birgit Verwiebe, Infinite landscapes, catalogue de l’exposition de la Alte Nationalgalerie de Berlin, Éditions Prestel, 2024.
Sous la direction de Jean-Noël Bret et Laure Cahen-Maurel, L’œil de l’esprit, Caspar David Friedrich et le romantisme allemand, Editions Hermann, 2019.
Werner Hofmann, Caspar David Friedrich, Editions Hazan, Paris, 2005.