Crimes sexuels et société à la fin de l'Ancien Régime
Le monde de la recherche a longtemps délaissé une histoire du viol semée d’embûches : aborder la question des crimes sexuels au XVIIIe siècle s’avère donc un défi. Pour le relever, il faut se familiariser d’abord avec un système judiciaire complexe, en revenant sur le droit en vigueur, les juridictions compétentes et le déroulement de la procédure criminelle. Afin de balayer de nombreuses idées reçues, véhiculées tant par la littérature que par l’historiographie, il convient aussi de redessiner le vrai visage des justiciables. Cette incursion dans la société d’Ancien Régime permet d’explorer la manière parfois surprenante dont les crimes sexuels s’ancrent dans le quotidien des individus, notamment au cœur de leurs lieux de vie et au fil de leurs journées. L'attention se porte enfin sur l’issue des poursuites et le destin des victimes et des accusés à la sortie du tribunal, entreprise jamais réalisée dans le cadre d'une thèse consacrée au viol. Cette enquête, qui s’appuie sur des documents d’archives et une trentaine d’affaires inédites, dépoussière certains préjugés qui pèsent encore sur les violences sexuelles au siècle des Lumières.
Votre conférencière :
Archiviste paléographe (prom. 2020) et diplômée d’un master d’histoire de Sorbonne Université, Enora Peronneau Saint-Jalmes est la première élève de l’École nationale des chartes lauréate de la bourse Victor Baubet. Cette bourse récompense sa thèse d’établissement intitulée Crimes sexuels et société à la fin de l'Ancien Régime. Le viol à Auxerre et à Sens au XVIIIème siècle, parue aux éditions Perrin sous le titre Crimes sexuels et société à la fin de l’Ancien Régime (octobre 2021).
Les dates à retenir :
1670 : Grande Ordonnance criminelle.
A lire pour aller plus loin :
Shane Agin, « Le viol au XVIIIe siècle. Discours sur l’origine et les fondements de la femme sociale », intervention dans le cadre du colloque international « Viol, violence, corps et identités » (13-15 décembre 2007, Bordeaux).
Raphaëlle Branche et Fabrice Virgili (dir.), Viols en temps de guerre, Paris, Payot & Rivages, 2013.
Jean-Paul Desaive, « Du geste à la parole : délits sexuels et archives judiciaires (1690-1750) », dans Communications : Parure, pudeur, étiquette, n°46, 1987, p. 119-133.
Georges Duby et Michelle Perrot (dir.), Histoire des femmes en Occident, t. III : XVIe-XVIIIe siècles dir. par Natalie Zemon Davis et Arlette Farge, Paris, Plon, 1991.
Georges Vigarello, Histoire du viol, XVIe-XXe siècle, Paris, Seuil, 1998.