L’architecture palatiale et l’art figuratif en Islam

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La question de la représentation figurée en islam a fait couler beaucoup d’encre : l’art islamique est-il un art aniconique, sans représentation figurée, voire iconophobe, c’est-à-dire qui rejetterait fermement toute figuration ? Après une brève introduction présentant la position de la religion musulmane par rapport à la représentation humaine et animale, nous verrons quelques exemples de palais islamiques ornés de figurations. En effet, la figuration est interdite dans les édifices religieux (mosquées, madrasas) mais permises dans les édifices profanes. Néanmoins, l’art figuratif reste circonscrit aux parties privatives des palais, où seuls la famille et les proches peuvent se rendre.

Ainsi, les bains de Qusayr ‘Amra en Jordanie (700-715) sont ornés de fresques murales inspirées de la peinture romaine. Dans le palais de Khirbat al-Mafjar (Cisjordanie) édifié entre 724 et 743, les figures en ronde-bosse s’inspirent de l’art de la Perse sassanide, et des figures d’atlantes ornent les écoinçons. À Qasr al-Hayr al-Gharby (Syrie, 724-727), le Calife est représenté suivant la tradition perse.

Durant la période abbasside, l’art figuré est également bien présent. C’est notamment le cas dans le palais d’al-Jawsâq al-Khâqânî érigé dans la ville de Samarra en Iraq en 836-837.

Cet exposé ne se limitera pas au Levant et à la Mésopotamie, et nous nous rendrons en Afghanistan pour admirer le palais ghaznévide et ghuride de Lashkari Bazar.

En Occident, nous découvrirons la ville palatiale de Madinât al-Zahra (936) puis les palais mythiques de l’Alhambra érigés sous le règne des Nasrides.

Enfin, nous découvrirons les différentes influences (turques, perses et indiennes) qui font la splendeur du palais du Topakapı érigé à partir de 1459 par le sultan Mehmed II le Conquérant à Constantinople.


Votre conférencière :

Sterenn Le Maguer-Gillon est archéologue et historienne de l’art spécialiste de l’Islam médiéval. Elle a encadré des fouilles archéologiques en péninsule Arabique et en Ouzbékistan. Elle a enseigné l’histoire de l’art et l’archéologie islamique à l’Université Paris 1. Depuis 2020, elle enseigne à l’Institut Catholique de Paris un cours sur les « Arts, histoire et culture du monde arabo-perse » et un cours d’histoire de l’art intitulé « Pluralités des aires culturelles » à l’Université Rennes 2.


Les dates à retenir :

661-750 : Califat omeyyade.

700-715 : Palais de Qusayr ‘Amra (Jordanie).

750-1258 : Califat Abbasside.

756-929 : Émirat omeyyade de Cordoue.

836-892 : Samarra (Iraq), capitale du Califat Abbasside.

962-1187 : Dynastie Ghaznévide.

1150-1215 : Dynastie Ghuride.

1237-1492 : La dynastie Nasride règne sur l’Émirat de Grenade.

1453 : Prise de Constantinople.


A lire pour aller plus loin :

Sheila Blair, The Art and Architecture of Islam, 1250-1800, New Haven/Londres : Yale University Press, 1994.

Dossier « La représentation figurée dans l’Islam », Vous avez dit arabe ? Un webdoc de l’Institut du monde arabe, [En ligne]

Richard Ettinghausen, The Art and Architecture of Islam, 650-1250, Harmondsworth : Penguin Books, 1987.

Robert Hillenbrand, Islamic Architecture, Edimbourg, 1994.

Sylvia Naef, Y’a-t-il une question de l’image en islam ?, Paris : Téraèdre (Les débats), 2004.


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Sterenn Lemaguer
02_Histoire de l’art