Paysage d’eau. Les nymphéas de Monet à l’Orangerie
Je suis à la veille de terminer deux panneaux décoratifs, que je veux signer du jour de la Victoire, et viens vous demander de les offrir à l’État, par votre intermédiaire.
C’est par ces mots adressés à Georges Clemenceau que Claude Monet propose de s’associer à l’armistice de 1918 en offrant à la France un paysage contemplatif qui puisse renouer avec un sentiment de paix et de consolation. Le peintre, depuis longtemps considéré comme un maître de l’Impressionnisme, propose ainsi une somme de son œuvre, un paysage d’eau, sans limite et aux valeurs infinies, traduisant la délicatesse et la force de la nature, une plongée dans le mouvement continu de la vie.
Claude Monet s’est installé à Giverny depuis plus de 30 ans où il a transformé le jardin en palette de couleurs et motif inépuisable de ses tableaux. Depuis autant de temps, il peint les nymphéas sur l’eau de son bassin, les branches des saules pleureurs et surtout, la variation infinie de la lumière sur son jardin. Il faudra plusieurs années de discussions, d’élaborations et d’accords pour aboutir à la présentation actuelle des huit compositions des deux salles spécialement aménagées au musée de l’Orangerie qui sont aujourd’hui encore, un voyage subtil et coloré, sans cesse renouvelé.
Votre conférencière :
Nathalie Douay est historienne de l'art et conférencière nationale.
Les dates à retenir :
1885 : Claude Monet achète la villa avec jardin à Giverny qu’il louait depuis deux ans. Il procède alors à la création de l’étang.
1890 : Monet réalise la série des Meules (1890-1891), déclinaison d’un même motif traduit à travers les variations de la lumière. Il poursuivra sa recherche avec la série des Peupliers (1891) puis des Cathédrales de Rouen (1892-1895).
1897 : premières études datées des nymphéas sur l’eau du bassin. Ce sera son thème de prédilection pendant les 30 prochaines années.
1900 : il présente 12 de ces toiles, Bassin aux nymphéas, à la galerie Durand-Ruel à Paris. Elles sont exposées l’année suivante à New-York où elles remportent un réel succès.
1909 : Les Nymphéas, séries de paysage d’eau présente 48 toiles à la galerie Durand-Ruel.
1915 : Monet fait construire un nouvel atelier à Giverny, spécialement conçu pour pouvoir y travailler sur des toiles de très grand format.
1918 : en novembre, dès l’armistice, Monet fait connaître sa volonté de s’associer à la victoire en offrant à la France 2 panneaux décoratifs qu’il vient de peindre.
1921-1922 : Monet propose 8 compositions en plusieurs panneaux décoratifs des grands Nymphéas tandis qu’un lieu d’exposition permanente est fixé en prévoyant l’aménagement d’un niveau de l’Orangerie du jardin des Tuileries selon les dispositions du peintre.
1926 : Claude Monet décède le 5 décembre à 86 ans.
1927 : les 19 panneaux sont remis par son fils Michel à la direction des Beaux-arts et installés dans les deux salles elliptiques conçues avec le peintre. L’ensemble est inauguré le 17 mai sous le nom de musée Claude Monet.
À lire pour aller plus loin :
Michel Hoog, Les nymphéas de Claude Monet au Musée de l’Orangerie, nouvelle édition 1989, Éditions de la Réunion des musées nationaux.
Le Goût de la nature. Paysages des 19e et 20e siècles, Édition des Musées de Strasbourg, 2011.