Laurent le Magnifique (1449-1492) et l’« âge d’or » florentin

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« Qu’à son gré chacun soit en liesse/ Rien n’est moins sûr que demain » Laurent de Médicis.


On retient qu’en 1492 Christoph Colomb a découvert l’Amérique mais on oublie qu’en 1492 Laurent de Médicis dit « le Magnifique » (1449-1492), un personnage fascinant, artisan de l’ « âge d’or » florentin, véritable icône de la Renaissance italienne trépassa.

Laurent était le petit-fils de Cosme de Médicis (1389-1446), le bâtisseur de la puissance politique du clan des Médicis. Sa formation intellectuelle se fit sous l’autorité des grands esprits florentins de son temps, philosophes et humanistes. A 15 ans, Laurent conduisait déjà des missions diplomatiques auprès notamment de la papauté. Ses biographes admiratifs évoquent un jeune homme « complet » c’est-à-dire diplomate avisé, fin politique, érudit, collectionneur, chasseur, poète de renom, excellent danseur et anticonformiste. Laurent devint « Il Magnifico ! »

En 1469, il succéda à son père à la tête de la république florentine pour 23 ans. Ambitieux autocrate, Laurent s’empara de tous les pouvoirs de la république florentine non sans provoquer une contestation chez les grandes familles écartées des affaires de l’Etat. Cette opposition prit la forme d’une tentative de coup d’état en 1478. Une répression d’une grande violence s’ensuivit laquelle contribua à renforcer le pouvoir du « Magnifique. » Mais elle précipita aussi Florence dans une guerre perdue d’avance. Apôtre de la diplomatie plutôt que du chaos, Laurent de Médicis décida alors de partir à Naples afin de trouver un compromis avec ses adversaires. Son retour à Florence fut triomphal et pour cause il ramenait avec lui la paix ! « S’il était parti grand, il revint grandissime » écrira plus tard Machiavel.

Si Laurent fut un grand politique, il fut par contre un bien mauvais gestionnaire ! On constate que c’est durant son règne que la puissance financière des Médicis commença à vaciller. Banquiers des rois et des princes, les filiales Médicis furent il est vrai d’abord affaiblies par la stagnation économique qui frappait alors l’Europe. Ce à quoi il faut donc ajouter l’incompétence notoire de Laurent dans les affaires financières. Qui s’en étonnera ? Après tout, l’histoire a moins gardé le portrait de Laurent le Magnifique en « capitaine d’industrie » qu’en prince de la Renaissance à la fois redoutable politicien, génial mécène et poète dont le talent fut reconnu par les cercles humanistes de son temps. Rappelons-nous aussi que c’est sous son gouvernement que les artistes florentins parmi les plus géniaux rayonnèrent de Naples à Milan! Verrochio, Botticelli, Signorelli, Ghirlandajo, Léonard…la liste est longue. On n’oubliera pas d’y ajouter le jeune Michel-Ange découvert selon la tradition par Laurent le Magnifique en personne.

Bientôt, le temps faisant son œuvre, les Florentins changèrent, moins captivés désormais par les fêtes extravagantes données par le Magnifique que par les sermons décapants d’un dominicain : Jérôme Savonarole. Le 8 avril 1492, Laurent, sur son lit de mort, légitimement préoccupé par son salut, demanda lui aussi la bénédiction de Savonarole ! Avec la disparition de Laurent le Magnifique la « belle époque » florentine était arrivée à son terme, elle laissa place aux terribles guerres d’Italie. Comme l’écrivit l’historien François Guichardin : c’est bien à partir de 1492 que les « calamités de l’Italie » commencèrent !


Votre conférencier :

Diplômé de l’École du Louvre et de l’université Paris-IV-Sorbonne, Fabrice Delbarre est Guide conférencier-national.


Les dates à retenir :

1449 : naissance le 1er mai de Laurent de Médicis, fils de Pierre Ier de Médicis et de Lucrezia Turnabuoni.

1469 : mort de Pierre Ier Médicis, Laurent est désigné comme son successeur.

1470-1480 : Sandro Botticelli réalise ses « mythologies » pour les Médicis.

1470-1490 : épanouissement de l’Académie platonicienne (Marsile Ficin, Jean Pic de la Mirandole, Ange Politien, Laurent de Médicis…).

1472 : début de la déroute financière des Médicis.

1475 : naissance de Jean de Médicis, futur pape Léon X (1513-1521).

1478 : conjuration des Pazzi, coup d’état manqué contre Laurent de Médicis. Assassinat de Julien de Médicis, frère cadet de Laurent.

1490 : Laurent autorise le prédicateur Jérôme Savonarole à revenir à Florence.

1492 : Laurent de Médicis meurt à la Villa de Carregi le 8 avril 1492.

1494 : le roi de France Charles VIII envahit l’Italie. Les Médicis sont expulsés de Florence.


Pour aller plus loin :

Jean-Yves Boriaud, La fortune des Médicis, Perrin, 2019.

André Chastel, Art et Humanisme à Florence au temps de Laurent le Magnifique, PUF, 1982.

Ivan Cloulas, Laurent le Magnifique, Fayard, 1982.

Nicole Carew-Reid, Les fêtes florentines au temps de Lorenzo il Magnifico, Florence, 1995.

LAURENT DE MEDICIS, Canzoniere, Imprimerie Nationale, Paris, 2000.


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Fabrice Delbarre
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