Clichés ? La vraie vie des aristocrates sous l’Ancien Régime

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Depuis le XIIe siècle, la noblesse était considérée comme le second ordre de la société chrétienne. Chargés de défendre l’église et d’aider les princes à accomplir la volonté divine, les aristocrates se reconnaissaient dans des valeurs communes véhiculées par la littérature et exaltées par le pouvoir royal. A la Renaissance, la représentation du second ordre découlait encore largement d’un imaginaire chevaleresque, dont le mythe était toujours très vivace. Là commence une des premières légendes de l’aristocratie liée au lignage et à la pureté de la « race noble ». En effet, la noblesse de bien des lignages ne se perdait pas dans la nuit des temps, beaucoup étaient avant tout des petits seigneurs ruraux, dont les aïeux s’étaient peu à peu écartés de leurs origines roturières. Paradoxalement, être noble dépendait de l’adéquation à un certain nombre de codes. Mais, qu’est-ce que vivre noblement ? Vivre noblement résume la capacité à vivre parmi les siens, selon des règles de représentation qui vont définir son appartenance et son identité. Ainsi, le titre, l’ancienneté de la famille, le prestige du fief, sont autant de critères qui définissent cette sociabilité. Au cœur du domaine, le château était conçu comme le symbole du prestige familial. Pour beaucoup, entretenir une demeure familiale ou bâtir un château neuf était une façon de perpétuer sa renommée. Toutefois, si la représentation idéale du mode de vie nobiliaire était belle et bien rurale et militaire, elle ne correspondait pas toujours aux réalités sociales.

Dans les plus grandes villes du royaume, de riches familles étaient considérées comme nobles, alors que l’essentiel de leurs revenus provenaient du commerce. Dans la réalité sociale aristocratique, n’est pas noble qui veut, le lignage est donc parfaitement réfléchi. Les nobles cédèrent à la tentation endogamique. Le terme d’aristocratie renvoyait immédiatement à la conception inégalitaire et élitiste d’une société supposant par son étymologie même l’existence d’une catégorie des meilleurs. En fait, au plus bas de l’échelle sociale nobiliaire, il était parfois difficile de distinguer la demeure des petits nobles ruraux de celle des plus riches paysans. Nous l’aurons compris, plus on s’élevait dans la hiérarchie des fortunes, plus le cadre de vie se diversifiait. Dans la moyenne noblesse, les soucis de représentation et d’apparat étaient plus marqués, les logis n’avaient plus rien à voir avec les maisons de la petite noblesse pauvre. La réalité nobiliaire était infiniment plus complexe que ce qui est communément établi depuis la Révolution !


Votre conférencier :

Docteur en Histoire de l’Art moderne de l’université Michel de Montaigne (Bordeaux 3), enseignant en classes préparatoires, Christophe Levadoux est spécialiste de l’Histoire de l’Architecture et des arts décoratifs français au XVIIIe siècle, à travers notamment le mécénat artistique des princes de Bourbon-Condé. Auteur de nombreux articles scientifiques liés à son sujet de spécialité et au patrimoine auvergnat, sa thèse Louis-Henri de Bourbon (1692-1740), prince des Lumières doit être publiée prochainement en deux volumes (vol 1. Les bâtiments ; vol.2. Les objets d’art). Conférencier reconnu en région Rhône-Alpes-Auvergne, son esprit résolument progressiste et iconoclaste le pousse à vulgariser l’Histoire de l’Art auprès d’un public avide de ses présentations érudites et décalées. Sa devise ? « Le courage a le mérite que l’on se doit pour exister » Sonia Lahsaini.


A lire pour aller plus loin :

Eric Mansion-Rigau, Enquête sur la noblesse. La permanence historique, Paris, Perrin, 2019.

Eric Mansion-Rigau, Singulière noblesse : L’héritage nobiliaire dans la France contemporaine, Paris, Fayard, 2015.

Ouvrage collectif, Noblesse oblige : Identités et engagements aristocratiques à l’époque moderne, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2017.

François Bluche, La noblesse française au XVIIIe siècle, Paris, Hachette, 1995.


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Christophe Levadoux
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