Alfons Mucha. L’esprit du siècle

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Vous ne vous souvenez peut-être pas de son nom et pourtant vous connaissez plusieurs de ses œuvres. Évoquer Alfons Mucha, c'est replonger dans l'élégance et la douceur du Paris 1900 quand l'Art Nouveau faisait courir des arabesques sur les façades et imprimait à toutes les figures la souplesse de ses courbes. Mucha s'y illustra comme affichiste et nous lui devons ce style caractéristique des affiches de la Belle Époque. Leur renommée fut telle qu'elle occulta les autres facettes de sa production.

L’artiste tchécoslovaque fut également très engagé dans la cause nationale de son pays et si attaché à sa défense qu’il s’y consacra artistiquement pendant 20 ans par la création d’un monumental cycle pictural. Son intérêt pour le progrès et la modernité le porta vers la théosophie et le mysticisme, vers les nouvelles recherches astronomiques dont la dimension cosmique s’exprime dans certaines de ses œuvres. Personnalité complexe et très riche, Alfons Mucha fut, à bien des égards, l’esprit du siècle.


Votre conférencière :

Nathalie Douay est historienne de l'art et conférencière nationale.


Les dates à retenir :

24 juillet 1860 : naissance d’Alfons Maria Mucha à Ivančice, en Moravie, province de l’empire austro-hongrois. Son père est huissier au tribunal. A 17 ans, en 1877, il part pour Vienne comme peintre de décors de théâtre.

1887 : Mucha s’installe à Paris grâce à la générosité du comte Eduard Khuen-Belasi qui lui avait déjà permis de suivre les cours de l’Académie de Munich. Il y étudie pendant 2 ans à l’Académie Julian puis à l’Académie Colarossi.

1889 : devant subvenir à ses besoins, il travaille comme illustrateur auprès de plusieurs maisons d’éditions parisiennes. Il fréquente les peintres Nabis et Paul Gauguin, son compatriote František Kupka et l’écrivain suédois August Strindberg.

1894 : il crée l’affiche Gismonda pour Sarah Bernhardt qui lui propose un contrat de 6 ans pour réaliser les décors, les costumes et les affiches de ses pièces. Il acquiert une grande célébrité et de nombreux industriels font appel à lui pour des œuvres publicitaires. Il devient le décorateur Art Nouveau le plus réputé et recherché.

1900 : Mucha participe à l’Exposition Universelle à Paris en réalisant la boutique Art Nouveau du joailler Georges Fouquet et le pavillon de la Bosnie-Herzégovine pour les autorités autrichiennes qui ont récemment annexé cette région slave. Mucha transforme cette commande en un hymne à l’histoire et à la culture bosniaque et commence à nourrir le projet d’un vaste programme pictural célébrant les peuples slaves.

Entre 1904 et 1909 : Mucha travaille fréquemment aux Etats-Unis pour récolter les fonds nécessaires à son cycle de tableaux de l’épopée slave. Il rencontre Richard Crane, millionnaire passionné par la culture slave, qui accepte de financer son projet pendant près de 20 ans.

Entre 1911 et 1928 : Mucha se consacre aux 20 toiles de L’Epopée slave, qu’une fois achevées, il offre à la ville de Prague.

1919 : Mucha dessine les documents officiels de la nouvelle administration de son pays, la Tchécoslovaquie devenue indépendante. Dans les années suivantes, plusieurs de ses travaux visent à promouvoir le nationalisme tchèque.

Années 1930 : Mucha réalise plusieurs œuvres (dessin, peinture, vitraux) rendant compte des valeurs maçonniques auxquelles il adhère et de son souhait de contribuer à l’unité spirituelle de ses compatriotes slaves.

14 juillet 1939 : Mucha meurt de pneumonie à Prague alors que la Tchécoslovaquie est envahie par les Allemands.


A lire pour aller plus loin :

Alfons Mucha, catalogue d’exposition, Somogy, 2009.

Mucha : catalogue de l'exposition au Musée du Luxembourg (12 septembre 2018 au 27 janvier 2019), Flammarion, 2018.

Uta Hasekamp, L’Art Nouveau, éditions Place des Victoires, 2019.

Alfons Maria Mucha, Documents décoratifs, Librairie Centrale des Beaux-arts, 1902 (consultable en ligne).

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Nathalie Douay
02_Histoire de l’art