Raphaël, d'Urbin à Florence (1483 - 1508) : naissance d’un génie

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Raphaël Sanzio (1483-1520) est considéré comme l’un des plus grands peintres qui ait existé et demeure pour beaucoup l’incarnation vivante du classicisme et de la perfection. Sa biographie se présente comme une sorte d’incroyable « success story » interrompue brutalement par la mort précoce de l’artiste à l’âge de 37 ans…

Raphaël est né dans l’Italie de la fin du XVème siècle, agrégation de centres politiques et culturels performants mais concurrents. Plus précisément, il est originaire du duché d’Urbino, dans les Marches, une sorte de « Babylone des arts » par laquelle les esprits parmi les plus curieux et les plus talentueux de l’époque passèrent. Ainsi, le père de Raphaël, Giovanni Sanzi, fut l’élève de Piero della Francesca et un artiste reconnu à la cour d’Urbino. Ce père « bon et tendre » contribua sans doute à doter Raphaël d’une bonne culture générale tout en prenant rapidement conscience des dons artistiques exceptionnels de son fils. Cette atmosphère familiale bienveillante contribua sans doute à forger le caractère aimable de Raphaël qui traversa la vie en collectionnant les témoignages d’amitié, de reconnaissance voire de vénération : « qui possède autant de dons rares (…) n’est pas simplement un homme, mais si l’on peut dire, un dieu mortel » écrivit Giorgio Vasari à son propos.

La carrière du peintre se déploya par étapes, selon un itinéraire progressif cheminant d’Urbino à Pérouse puis de Florence à Rome au contact des « grands artistes » du moment : Pérugin d’abord, puis Michel-Ange et surtout Léonard de Vinci. En 1503, Raphaël décida de poser ses pinceaux à Florence, le milieu culturel le plus élaboré d’Italie. Il avait alors 21 ans ! Là, le jeune artiste fut au contact des œuvres de Michel-Ange et Léonard de Vinci, les deux titans du « style moderne ». Dans ses dessins, l’ambition du jeune Raphaël de se mesurer à ces deux génies est évidente. Son objectif ? Observer, identifier, imiter puis assimiler ce qui a changé avec eux tout en stimulant sa propre inventivité. La conséquence ? La libération de son graphisme et avec lui de ses figures, l’amorce d’un style « raphaélique. » Cette transformation est lisible dans la série des « Madones » que Raphaël peignit à Florence. Plus que des peintures de dévotion, ces œuvres précieuses et raffinées furent pour Raphaël des champs d’investigation où se télescopaient la tradition et la modernité. Des œuvres d’avant-garde !

À Florence, en quelques années le langage figuratif de Raphaël fut donc transformé ! Mais les choses ne pouvaient s’arrêter là. Après Florence, c’est vers la Rome pontificale, le nouveau centre artistique de l’Italie, que le regard ambitieux de Raphaël se porta. Là-bas, il deviendra le « prince des arts. »


Votre conférencier :

Diplômé de l’École du Louvre et de l’université Paris-IV-Sorbonne, Fabrice Delbarre est Guide conférencier-national.


Les dates à retenir :

6 avril 1483 : naissance de Raphaël Sanzio à Urbino en Italie.

1494 : Giovanni Sanzi, le père de Raphaël meurt. Orphelin, le jeune garçon est confié à son oncle.

1500 : probable passage par l’atelier du Pérugin à Pérouse en tant qu’assistant. Cité la même année en tant que « maître peintre » dans un contrat.

1502 : collabore avec Pinturicchio à la réalisation des cartons pour la bibliothèque Piccolomini dans la cathédrale de Sienne.

1504 : Raphaël peint le Mariage de la Vierge (National Gallery, Londres).

1504-1508 : Raphaël réside à Florence. Influence de Michel-Ange et de Léonard de Vinci. Il réalise sa série des Madones à l’Enfant et ses premiers portraits.

1509-1520 : Raphaël réside et travaille à Rome au service de la papauté. Il réalise le décor de la Chambre de la Signature et de la Chambre d’Héliodore.

1515-1520 : Raphaël est chargé par le pape de la reconstruction de Saint-Pierre de Rome.

1518-1519 : le banquier de la papauté, Agostino Chigi, commande le décor de la Villa Farnesina à Raphaël.

6 avril 1520 : mort de Raphaël à Rome.


À lire pour aller plus loin :

CORDELIER Dominique ; PY Bernadette, Raphaël, son atelier, ses copistes, RMN, Paris, 1992.

DE VECCHI Pierluigi, Raphaël, Citadelles-Mazenod, 2002.

FOCILLON Henri, Raphaël, Paris, (1926) 1990 (Pocket).

JOANNIDES Paul, Raphaël et son temps, Éditions Réunion des musées nationaux, 2002.

JOANNIDES Paul, Raphaël, les dernières années, catalogue d’exposition, Louvre, RMN, 2012.

VASARI Giorgio, Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, volume 5, Raphaël, Léonard et Giorgione, Paris, 1983.


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Fabrice Delbarre
02_Histoire de l’art