Van Gogh et le Japon : histoire d'une passion

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La passion des peintres du XIXème pour l’art japonais est bien connue. Manet, Degas, Monet, Tissot, ils sont nombreux à y avoir succombé. Vincent Van Gogh n’échappe pas à cette mode. S’il ne mettra jamais les pieds dans l’archipel nippone, ses peintures dénotent incontestablement l’influence de cet art. 

D’abord collectionneur, c’est à travers les estampes que le peintre découvre le Japon. Fasciné par le travail des maîtres du XIXème siècle tels que Utagawa Hiroshige ou Katsushika Hokusai Vincent van Gogh achetait autant d’estampes que ses maigres moyens le lui permettaient. Sa collection atteindra plusieurs centaines de feuilles.

Et c’est à Paris, peut-être sous l’influence des impressionnistes et des peintres nabis que son regard change : les gravures japonaises deviennent un véritable matériau artistique. D’abord simples copies de sa collection, Vincent souhaite rapidement travailler « à la japonaise ». En étudiant le cadrage, la composition, l’utilisation du trait et de la couleur chez les maîtres nippon, sa propre manière de peindre évolue radicalement.

Mais Vincent veut plus, il souhaite retrouver le Japon. Il décide donc de quitter Paris pour la Provence, dans l’espoir d’y trouver l’équivalent européen de ce Japon qu’il imagine, qu’il fantasme. Ce Japon rêvé qu’il projette sur le Midi devient son refuge dans la folie. Le peintre aspire à mener « une existence de peintre japonais vivant bien dans la nature en petit-bourgeois », tel un bonze de la peinture. Depuis Arles, il écrit à son frère Théo : « Tu sais, je me sens au Japon » et il est vrai que ses œuvres n’ont jamais autant montré l’empreinte des maîtres nippons. Peintures mais aussi dessins témoignent d’une nouvelle manière de voir, de « l’œil japonais » de Vincent.

Cette passion dévorante s’évanouit aussi rapidement qu’elle a été intense pour l’artiste. Après 1888, Vincent prend ses distances avec les estampes japonaises. Il n’en reste pas moins que l’année qui vient de s’écouler fut sans l’une des plus productives de sa carrière et l’art japonais un véritable catalyseur.


Votre conférencière :

Après un Master en Histoire de l’art médiéval (“Représenter le roi : Charles V en France et Richard II en Angleterre”) et une Licence d’Histoire obtenus sur les bancs de l’université Paris IV – La Sorbonne, Tatiana Mignot s’est orientée vers le domaine des musées. Sa préparation au concours des conservateurs du patrimoine lui a permis de se spécialiser dans l’art du XVème au XVIIIème siècle tout en abordant les œuvres de près lors de différents stages au Musée du Louvre ou à la Cité de la Céramique de Sèvres. Désireuse de partager sa passion pour l’art et l’Histoire, elle se tourne désormais vers les visites-conférences et l’enseignement. Ainsi, elle travaille aussi pour l’Ecole du Louvre en tant que chargée de travaux dirigés sur la peinture du Moyen-Âge et de la Renaissance et mène cours et visites pour divers organismes comme des Universités Inter-Âge ou l’Ecole Boulle par exemple. Sur sa page Facebook, elle publie régulièrement des « Minutes culturelles » qui sur un ton enlevé et volontiers décalé proposent aux lecteurs de s’amuser avec l’art et l’Histoire. Entre travaux scientifiques et vulgarisation, elle réussit à trouver un équilibre qui lui permet de s’adresser au plus grand nombre. Tatiana Mignot travaille aussi avec le jeune public et a publié un récit fantastique destiné aux petits et aux grands, La Sirène de la tour Saint-Jacques aux éditions Amalthée.


Les dates à retenir :

30 mars 1853 : naissance de Vincent Van Gogh à Groot-Zundert, aux Pays-Bas.

Décembre 1885 : l’artiste découvre les estampes japonaises à Anvers.

28 février 1886 : Van Gogh arrive à Paris et s'installe chez son frère Théo, 25 rue Laval à Montmartre.

1887 : Vincent organise une exposition d’estampes japonaises au cabaret Le Tambourin.

20 février 1888 : arrivée de Vincent à Arles.

23 décembre 1888 : crise de folie de Vincent.

8 mai 1889 : internement volontaire de Vincent à Saint-Rémy-de-Provence.

20 mai 1890 : Vincent s’installe à Auvers-sur-Oise.

29 juillet 1890 : mort de Vincent Van Gogh à Auvers-sur-Oise.


À lire pour aller plus loin :

Pinacothèque de Paris, Van Gogh, rêves de Japon, 2018.

Louis Tilborg, Van Gogh et le Japon, 2019, Van Gogh Museum Editions.

David Haziot, Van Gogh, 2007, Folio.