Marie-Antoinette, femme avant d'être reine

Image représentant la conférence  Marie-Antoinette, femme avant d'être reine

Mythes et légendes se nourrissent de contrastes. Il n’est peut-être pas de plus de plus frappants que ceux-là. Marie-Antoinette est d’abord une jeune princesse encensée, rayonnante au milieu de la cour la plus raffinée d’Europe. Le monde que découvre cette jeune Autrichienne sans véritable éducation est celui du goût le plus exquis qui triomphe dans le mobilier, la toilette ou les mœurs, celui aussi du libertinage élégant et pervers qu’illustrent un Laclos, un Sade, un Mirabeau. Bref, le mon de la douceur de vivre dont les survivants garderont la nostalgie. Le premier acte est celui d’une vie déterminée. Née à Vienne, Marie-Antoinette grandit au sein d’une cour où le sentiment de la famille avait une dimension résolument politique. Les palais de Schönbrunn et de la Hofburg étaient des lieux régis par l’étiquette où les Arts s’épanouissaient suivant le goût de l’impératrice Marie-Thérèse et de son époux. La petite archiduchesse y grandit, apprenant à tenir son rang avec tout ce que cela sous-entendait, familiarisant son œil à la beauté. Si l’Impératrice lui servit de modèle dans es derniers jours et la transfigura dans l’iconographie de la Reine Martyre, force est de constater qu’elle bâtit aussi son goût de Femme. On parle principalement des dépenses somptuaires de la Souveraine qui lui ont permis d’exprimer un goût inimitable, mais ce goût comme cela vient d’être énoncé, avait formé à Vienne. Reine de France, Marie-Antoinette n’entendit pas devenir une nouvelle Marie Lesczinskà, souveraine effacée qui s’attacha à donner naissance, et s’abîma dans la dévotion religieuse. Jeune et belle, légitimement elle chercha à manifester une certaine indépendance à l’égard du système de cour, elle désira faire ses choix et prendre ses décisions. Ses choix, puisque la politique lui fut longtemps interdite, elle les prit dans le domaine des Arts. Avec l’aide et le soutien de l’administration royale, et sous l’influence de ce qui se faisait à Paris, elle s’attacha à créer des intérieurs raffinés où elle témoigna de son attrait pour l’Orient, suivant en cela l’exemple de sa mère, et de son goût pour la modernité. Que ce soit dans son Grand Appartement et ses cabinets de Versailles ou dans son appartement au château de Saint-Cloud, Marie-Antoinette s’est entourée d’objets d’art. Du fait de son éducation, elle demeurait convaincue que la magnificence de la reine de France passait par la présentation d’objets d’art. Saint-Cloud atteignit des sommets de raffinement. Les meubles confiés aux plus grands artistes présentaient une splendide harmonie avec le décor des pièces.


Votre conférencier :

Docteur en Histoire de l’Art moderne de l’université Michel de Montaigne (Bordeaux 3), enseignant en classes préparatoires, Christophe Levadoux est spécialiste de l’Histoire de l’Architecture et des arts décoratifs français au XVIIIe siècle, à travers notamment le mécénat artistique des princes de Bourbon-Condé. Auteur de nombreux articles scientifiques liés à son sujet de spécialité et au patrimoine auvergnat, sa thèse Louis-Henri de Bourbon (1692-1740), prince des Lumières doit être publiée prochainement en deux volumes (vol 1. Les bâtiments ; vol.2. Les objets d’art). Conférencier reconnu en région Rhône-Alpes-Auvergne, son esprit résolument progressiste et iconoclaste le pousse à vulgariser l’Histoire de l’Art auprès d’un public avide de ses présentations érudites et décalées. Sa devise ? « Le courage a le mérite que l’on se doit pour exister » Sonia Lahsaini.


Les dates à retenir :

2 novembre 1755 : naissance de Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine à Vienne, en Autriche.

1765 : elle a 10 ans lorsqu’elle est choisie par Louis XV, roi de France, pour devenir la future épouse de l’héritier de la couronne de France, Louis-Auguste, duc de Berry, le futur roi de France, Louis XVI.

De 1768 à 1770 : Marie-Antoinette est préparée à son futur rôle de reine de France.

16 avril 1770 : Louis XV demande officiellement la main de Marie-Antoinette pour son petit-fils Louis-Auguste.

19 avril 1770 : mariage par procuration de Marie-Antoinette et de Louis-Auguste.

21 avril 1770 : elle a 14 ans et demi quand elle quitte l’Autriche pour la France.

16 mai 1770 : elle épouse l’héritier de la couronne de France, le dauphin Louis-Auguste.

8 juin 1773 : le dauphin, futur Louis XVI, et la dauphine Marie-Antoinette sont accueillis chaleureusement à Paris.

10 mai 1774 : mort de Louis XV, Louis Auguste et Marie-Antoinette deviennent roi et reine de France et de Navarre. Elle a 18 ans.

20 décembre 1778 : naissance de Marie Thérèse Charlotte de France, premier enfant de Louis XVI et de Marie-Antoinette qui a 23 ans.

Février 1777 : Élisabeth Vigée Le Brun devient la portraitiste officielle de Marie-Antoinette.

29 novembre 1780 : mort de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche, la mère de Marie-Antoinette.

22 octobre 1781 : naissance de Louis Joseph Xavier François, le dauphin de France.

1784-1785 : l’affaire du collier de la reine affaiblit Marie-Antoinette et la monarchie.

27 mars 1785 : Marie-Antoinette donne naissance à son troisième enfant, Louis-Charles, duc de Normandie.

1786 : naissance d’un quatrième enfant, Sophie-Béatrice qui meurt à l’âge de 11 mois.

1789 : Marie-Antoinette est critiquée. Son train de vie luxueux est dénoncé lors des premiers États généraux.

9 juin 1789 : le troisième enfant de Marie-Antoinette meurt.

5 et 6 octobre 1789 : à Versailles, la famille royale est menacée par la population des faubourgs et la garde de Lafayette. La Révolution gronde.

21 juin 1791 : arrestation à Varennes-en-Argonne, de la famille royale qui retourne à Paris, aux Tuileries.

10 août 1792 : fin de la monarchie.

13 août 1792 : la famille royale est emprisonnée au Temple à Paris.

21 janvier 1793 : Louis XVI, son époux, est guillotiné.

13 Juillet 1793 : Marie-Antoinette est séparée de son fils, le dauphin.

2 août 1793 : elle est séparée de sa fille (Madame Royale) et de sa belle-sœur (Madame Élisabeth) conduite à la Conciergerie à Paris.

3-16 octobre 1793 : procès de Marie-Antoinette devant le Tribunal révolutionnaire. Elle est condamnée à mort.

16 octobre 1793 : Marie-Antoinette est guillotinée, place de la Concorde à Paris.


À lire pour aller plus loin :

Stéphane Castelluccio, Les Collections royales d’objets d’art de François Ier à la Révolution, Paris, 2002.

Daniel Alcouffe, « Un aspect du goût de Marie-Antoinette, les vases en pierres dures », Versalia, n°2, p.6-15.

Jean-Dominique Augarde, Les Ouvriers du Temps. La pendule à Paris de Louis XIV à Napoléon Ier, Paris, s.l., 1996.

Charles Ephrussi, « Inventaire de la collection de la reine Marie-Antoinette », Gazette des Beaux-Arts, vol.XX, 1879, p. 349-408.

Visioconférence en VOD

Christophe Levadoux
02_Histoire de l’art