L'influence de Michel-Ange, l'artiste divin

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Au XVIème siècle, le génie de Michel-Ange est reconnu par tous. Chez les humanistes comme chez les artistes, les éloges le concernant sont dithyrambiques. L’objet de cette fascination repose d’abord sur l’idée de complétude : Michel-Ange maîtrise à la fois la sculpture, la peinture, l’architecture et la poésie. Sa créativité et son caractère intransigeant sont d’autres qualités relevées par ses contemporains. En fait, on peut dire que Michel-Ange incarne à merveille le nouveau statut acquis par l’artiste durant la Haute-Renaissance : l’artiste-démiurge qui ne doit rien à personne sauf peut-être à Dieu…

Si cette renommée n’est pas usurpée, force est de constater qu’elle s’est aussi appuyée sur un « storytelling » écrit par des auteurs talentueux et sous influence comme Giorgio Vasari ou de Benedetto Varchi et avec la complicité de l’artiste. Des libertés ont donc été prises avec la réalité. Mais qui oserait remettre en question la « grandeur » de Michel-Ange ? Son œuvre ne se décline-t-elle pas sous les angles de la démesure et de la perfection ? Par ailleurs, des artistes géniaux comme Raphaël ou Titien n’ont-ils pas reconnu eux-mêmes la puissance de Michel-Ange ?

Il est vrai que Michel-Ange fut une source inépuisable pour les artistes de son temps. De son vivant, ses inventions furent reprises pour être réinterprétées à Florence, Rome, Venise pour ne parler que de l’Italie. Par exemple, son goût pour une palette dominée par des tonalités saturées voire acides - et dont la Chapelle Sixtine est le manifeste - séduisit toute une génération d’artistes italiens, ceux que l’on a qualifié de « maniéristes ». Mais on peut dire la même chose à propos du traitement musculeux de ses personnages et de leurs poses parfois acrobatiques et lascives. Pas de doute, les « papes du maniérisme » que furent Bronzino, Pontormo, Le Rosso eurent pour mentor Michel-Ange !

Pourtant, l’étoile d’« Il Divino » a fini par pâlir. Au milieu du XVIème siècle à Rome le ciel s’assombrit une première fois et l’œuvre de Michel-Ange fut alors sous les feux de la critique. Tant de nus virils et dynamiques exposés aux yeux de prélats innocents et de plus dans la chapelle Sixtine, c’est-à-dire dans la Maison de Dieu, c’était tout sauf convenable ! Toutefois dès le XVIIème siècle, l’artiste était à nouveau vénéré - par Pierre-Paul Rubens en particulier - mais au XVIIIème siècle il passa une nouvelle fois au second plan. C’est donc bien le XIXème siècle qui replaça l’illustre florentin au centre du jeu. Et ce furent encore les excès du maître, guidé par ses passions disait-on, qui retinrent des artistes romantiques comme Füssli, Carstens, ou Géricault. Enfin, vint Auguste Rodin dont on peut dire sans exagérer qu’une partie de son œuvre fut basée sur celle de Michel-Ange Buonarroti.


Votre conférencier :

Diplômé de l’École du Louvre et de l’université Paris-IV-Sorbonne, Fabrice Delbarre est Guide conférencier-national.


Les dates à retenir :

1475 : naissance de Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni à Caprese.

1488 : Michel Ange intègre l’atelier de Domenica Ghirlandaio.

1490-1492 : l'artiste est le protégé de Laurent de Médicis.

1499 : réalisation de la « Piéta » de la basilique Saint-Pierre.

1501 : Michel Ange reçoit la commande d’une statue de « David » de la ville de Florence.

1505 : commande de son tombeau à Michel Ange par le pape Jules II (1503-1513).

1508-1512 : le peintre réalise les fresques du plafond de la chapelle Sixtine.

1536-1541 : Michel Ange réalise le Jugement dernier dans la chapelle Sixtine.

1555 : l'artiste sculpte la « Piéta di Palestrina ».

1564 : mort de Michel Ange à Rome.


Pour aller plus loin :

À lire :

Frank Zöllner et Christof Thoenes, Michel-Ange. L’œuvre complet. Peinture, sculpture, architecture, Taschen, 2022.

Giorgio Vasari, La Vie des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, réédition de la traduction française et édition commentée sous la direction d'André Chastel (2 vol.), Actes Sud, 2005.

Guillaume Cassegrain, Michel-Ange, origines d'une renommée, Hazan, 2019.

Marcel Brion, Michel-Ange, PUF, 2022.

Thomas PÖPPER, Michel-Ange, 1475-1564 : l’oeuvre graphique, Taschen, 2017

Cristina ACIDINI LUCHINAT, Michel-Ange Sculpteur, Actes Sud, 2010

Cristina ACIDINI LUCHINAT, Michel-Ange Peintre, Actes Sud, 2007

MICHEL-ANGE, Poèmes, Gallimard, 1992


À voir :

Andreï Konchalovsky, Michel-Ange (titre original : Il Peccato), 2020.


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Fabrice Delbarre
02_Histoire de l’art