Les bijoux pharaoniques : des fragments du corps et du savoir des dieux
Au-delà du simple rôle d’ornement, la magnificence des bijoux pharaoniques possédait un rôle transformatif, capable de modifier l’essence du porteur. Des pectoraux au nom de Sésostris III au masque funéraire de Toutânkhamon, par le choix des images et des textes, mais aussi par le choix des matériaux employés tels que l’or, le grenat, le lapis-lazuli ou la turquoise, toute une lecture mythologique apparaît. Considérés comme des éléments de la chair des dieux, la manipulation de ces éléments par les orfèvres conférait ainsi une transmutation de la matière en artefacts divins, soulignés de plus par des choix iconographiques/hiéroglyphiques spécifiques faisant écho au statut du porteur. Au-delà du seul effet de démarcation de l’élite égyptienne, le port des joyaux pharaoniques, les textes cachés qu’ils comportaient et le choix spécifique des éléments employés divinisaient ainsi le roi et sa famille, aussi bien auprès des Hommes qu’auprès des dieux.
Image : © Jean-Pierre Dalbéra, Flickr, CC by 2.0
Votre conférencier :
Docteur en égyptologie de l’université Paris-Sorbonne, Jean-Guillaume Olette-Pelletier est spécialiste des divinités égyptiennes des IIème et IIIème millénaires avant J.-C. et des cryptographies hiéroglyphiques. Épigraphiste de terrain dans le temple de Karnak puis dans les tombes royales de Tanis, il suis actuellement co-directeur de la mission épigraphique du Ouadi Hammamat. Auteur de nombreuses publications scientifiques, Jean-Guillaume Olette-Pelletier est également chargé d’enseignement en Histoire et en histoire de l’art de l’Egypte pharaonique à l’Institut Catholique de Paris.
Les dates à retenir :
2600 avant J.-C. env. : trésor de la reine Hetepheres Iere (mère du pharaon Khéops) découvert en 1925.
1901 - 1866 avant J.-C. : trésor de Tod (règne d’Amenemhat II) découvert en 1936.
1800 avant J.-C. environ : trésor de la princesse Senebtisi (12e dynastie) découvert en 1915.
1900 avant J.-C. environ : trésor de la princesse Itaouret (fille d’Amenemhat II)
1900 avant J.-C. environ : trésor de la princesse Sathathoriounet (fille de Sésostris II) découvert en 1914.
1900 avant J.-C. environ : trésor de la princesse Khnoumet (fille d’Amenemhat II) découvert en 1894.
1900 avant J.-C. environ : trésor de la reine Mereret (fille de Sésostris III) découvert en 1894.
1600 avant J.-C. environ : trésor de la reine Iahhotep (sœur d’Ahmosis Ier) découvert en 1859.
1500 avant J.-C. environ : trésor des épouses de Thoutmosis III découvert en 1916.
1345 -1327 avant J.-C. : trésor de Toutânkhamon (règne de Toutânkhamon) découvert en 1922.
1284 -1225 avant J.-C. : trésor du prince Khâemouaset (fils de Ramsès II) découvert en 1883.
1200 environ avant J.-C. : trésor de la reine Taousert (dernière reine de la 19e dynastie) découvert en 1906.
1100 environ avant J.-C. : trésor de Psousennès Ier (règne de Psousennès Ier) découvert en 1939.
À lire pour aller plus loin :
Cyril Aldred, Le trésor des pharaons. La joaillerie égyptienne de la période dynastique, Paris, 1979.
Carol Andrews, Ancient Egyptian Jewelry, Londres, 1990.
Jean-Louis Hellouin de Cenival, Tanis, l’or des pharaons, Paris, 1987.
Jean-Guillaume Olette-Pelletier, « L’anneau caché du scarabée d’or. Une écriture cryptique double sur un pectoral de Toutânkhamon », Egypte, Afrique & Orient – Supplément 9, 2019, p. 35-42.
Jean-Guillaume Olette-Pelletier, « Deux singulières amulettes du dieu Min. Analyse identitaire de deux artefacts liés à Abydos », Egypte, Afrique & Orient 109, 2023, p.15-26.
Nicolas Reeves, A la découverte de Toutankhamon. Le roi, la tombe, le trésor, Paris, 1995.
Christiane Ziegler, L’or des pharaons. 2500 ans d’orfèvrerie dans l’Egypte ancienne, Monaco, 2018.