Artemisia Gentileschi, femme peintre au temps du caravagisme

Image représentant la conférence  Artemisia Gentileschi, femme peintre au temps du caravagisme

Redécouverte depuis les années 2000 à travers la réhabilitation du caravagisme, Artemisia Gentileschi (1593-1656) incarne aujourd’hui l’une des figures emblématiques et pionnière, parmi les femmes peintres du XVIIème siècle. Elle représente l’une des rares femmes à s’être lancée dans ce courant artistique, caractérisé par son usage dramatique du clair-obscur ainsi que par une approche naturaliste des sujets. À cette époque, le caravagisme remet en question les conventions esthétiques établies en peinture. Est-ce une difficulté supplémentaire pour une femme peintre ? Lors de cette conférence, nous vous proposons d’explorer la vie et l’œuvre d’Artemisia Gentileschi, en mettant en lumière les défis et les triomphes d’une femme artiste dans un monde dominé par les hommes.

Nous plongerons dans les thèmes de prédilection d’Artemisia tels que les figures féminines fortes et héroïques issues de la mythologie ou de la Bible et qui se distinguent par leur intensité émotionnelle et leur profonde humanité. L’influence du Caravage reste présente dans les premières années mais Artemisia sait rapidement imprégner sa peinture de sa touche personnelle.

La conférence abordera également les aspects biographiques marquants de sa vie, comme le procès infâme qui a suivi son viol par le peintre Agostino Tassi, sombre affaire qui a bouleversé son travail, lui insufflant une puissance et une passion qui résonnent dans ses plus grands chefs-d’œuvre.

L’artiste a également su s’intégrer dans un monde d’amateurs d’art, faisant de son œuvre l’une des plus recherchée de son temps. En véritable maître peintre, elle sillonne l’Italie, traverse la France jusqu’à Londres, et établit son atelier à Naples. Bravant les conventions et les outrages, Artemisia Gentileschi incarne aujourd’hui une femme artiste puissante et innovante qui a su s’imposer avec force, courage et talent à l’égal des artistes masculins. Sa reconnaissance posthume en tant qu’une des artistes les plus influentes de son époque offre une perspective inspirante sur le rôle des femmes dans l’histoire de l’art.

Rejoignez-nous donc pour ce voyage fascinant sur la place des femmes dans l’art, à travers la vie et l’œuvre d’Artemisia Gentileschi qui clamait déjà au milieu du XVIIème siècle : « Je montrerai à Votre Seigneurie ce qu’une femme sait faire ! »


Votre conférencière :

Docteure en Histoire de l’Art, Elsa Trani a enseigné pendant dix ans au sein des universités de Montpellier et d’Aix-en-Provence. Spécialisée dans la peinture ancienne, sa carrière a débuté en tant qu’assistante de conservation au musée Fabre de Montpellier ainsi qu’au contact des conservateurs de la DRAC Occitanie pour la réalisation de sa thèse de Doctorat portant sur la peinture à Montpellier et dans le Midi aux XVIIème et XVIIIème siècles. Conférencière indépendante en Histoire de l’Art et enseignante en Histoire-Géographie, ses recherches se poursuivent autour de nombreux thèmes : la peinture régionale, les femmes peintres, les académies de peinture, la théorie de l’art, les grands maîtres de la Renaissance italienne…


Les dates à retenir :

1593, 8 Juillet : Artemisia Gentileschi naît à Rome. Elle est la fille aînée du peintre Orazio Gentileschi de Lomis, fidèle compagnon du Caravage.

1605, 26 décembre : Prudenzia, la mère d’Artemisia meurt en couches à l’âge de trente ans. La jeune fille épaule son père dans la conduite de la maisonnée.

1611, 6 mai : à l’âge de dix-sept ans, Artemisia est violée par le peintre Agostino Tassi, un collaborateur d’Orazio. Il promet d’épouser la jeune fille pour mettre fin au déshonneur de la famille.

1612 : Orazio Gentileschi dénonce Agostino Tassi. L’ouverture du procès fait scandale. Il dure huit mois. Tassi sera condamné à l’exil de Rome mais ne purgera jamais sa peine. Artemisia épouse un florentin pour conjurer son déshonneur.

1613 : la jeune femme mariée déménage à Florence afin de s’éloigner du scandale romain. Elle travaille bientôt pour le duc de Toscane et se forge une réputation en tant que maître peintre.

1620 : Artemisia et son époux fuient Florence pour Rome, inquiétés par des difficultés financières et de nouvelles calomnies.

1627 : l’artiste séjourne à Venise.

1630 : Artemisia s’installe à Naples où elle répond à quelques commandes religieuses.

1638 : Artemisia se rend à Londres au chevet de son père Orazio, qui s’éteint l’année suivante.

1640 : l’artiste rentre à Naples où elle achève sa carrière comme véritable maître peintre au sein de son atelier florissant.


À lire pour aller plus loin :

Cat. Exp, Rome, galerie nationale Barberini Corsini, 26 novembre 2021 – 27 mars 2022, Caravaggio e Artemisia la sfida di Giuditta.

Cat. Exp. Gand, musée des beaux-arts, 20 octobre 2018 – 20 janvier 2019, Les dames du baroque : femmes peintres dans l’Italie du XVIe et XVIIe siècles.

Cat. Exp. Rome, Palazzo Braschi, 30 novembre 2016 – 7 mai 2017, Artemisia Gentileschi e il suo tempo.

Cat. Exp, Paris, musée Maillol, 14 mars – 15 juillet 2012, Artemisia, 1593-1654 : pouvoir, gloire et passions d’une femme peintre.

Alexandra Lapierre, Artemisia, un duel pour l’immortalité, Pocket, Paris, 2012.


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Elsa Trani
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