Illusions (conjugales) perdues et mariages « de convenance » : l'exposition à la Maison de Balzac

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Le Mariage dit « de convenance », « arrangé » voire imposé, est un thème qui traverse les siècles et les civilisations, depuis la pression sociale dévalorisant le célibat jusqu’à l’arrangement entre familles.

 L’exposition aborde le sujet de ces unions motivées par des considérations sociales ou financières dans la première moitié du XIXème siècle, et met en parallèle le regard des dessinateurs comme Victor Adam, Honoré Daumier, Gavarni, Grandville, Henry Monnier, Émile-Charles Wattier, et la réflexion d’Honoré de Balzac.

Au XIXème siècle, le mariage est affaire d’argent, puisque la mariée permet de transférer le patrimoine, d’abord avec sa dot, puis en donnant naissance à des héritiers. Sans formation intellectuelle et sans expérience, mariées très tôt à des hommes inégalement délicats qui les choisissent pour leur fortune, les épouses pâtissent d’autant plus de cette situation que le code civil de Napoléon (1804) leur impose un statut de mineure.

Si les dessinateurs soulignent les conséquences fâcheuses du mariage de convenance sur l’harmonie des couples, ils le font par le rire : il convient en effet de vendre les gravures donc d’amuser le public. La dimension tragique des sensibilités froissées et des vies détruites n’a aucune place dans la production graphique.

Elle la trouve en revanche dans l’œuvre d’Honoré de Balzac à qui ses premières maîtresses, plus âgées, ont confié leurs traumatismes. Leurs souvenirs malheureux ont nourri toute La Comédie humaine.

Sans être féministe au sens actuel du terme, Balzac est en son temps le seul écrivain qui manifeste de l’empathie pour les femmes blessées. Il évoque des thèmes que la littérature mettra parfois plus d’un siècle à admettre, comme la nécessité d’une entente charnelle dans le couple, les conséquences sur la vie sentimentale de l’ablation d’un sein, le viol conjugal… Les citations rythmant l’exposition montrent la modernité de la pensée de Balzac sur un sujet qui reste, à divers égards, tristement actuel.

Cette conférence vous est proposée en partenariat avec la Maison de Balzac.

Retrouvez l'exposition Illusions (conjugales) perdues, visitable jusqu'au 30 mars 2025, au lien ici !


Votre conférencier :

Yves Gagneux est conservateur général du patrimoine et directeur de la Maison de Balzac.


Les dates à retenir :

1804 : publication du Code civil.

1826 : Honoré Balzac, imprimeur, édite une Physiologie du mariage non destinée au commerce et dont on ne connaît qu’un seul exemplaire.

1829 : publication de la Physiologie du mariage/ou/Méditations de philosophie éclectique, sur le bonheur et le malheur conjugal, publiées par un jeune célibataire. Balzac n’accole pas encore son nom à ce livre.

1850, 14 mars : Balzac épouse Ève Hanska, cinq mois avant de mourir à Paris.

L’expression « devoir conjugal » est absente du Code civil mais la notion est rapidement admise par la jurisprudence.

Le Code pénal rend la femme passible de trois mois à deux ans de prison en cas d’adultère, quand l’homme risque tout au plus une amende.

Le divorce aboli en France en 1816 y est rétabli en 1884.

En 1837, la prison de Saint-Lazare, destinée aux femmes, aurait vu défiler plus de 11 000 détenues dont environ 65% de prostituées.

Le terme féminisme semble apparaître en 1871, il désigne alors une pathologie, l’apparition chez l’homme tuberculeux de caractéristiques physiques féminines.

Novembre 2024 : un amendement en Irak propose de réduire l’âge du consentement sexuel chez les enfants de 18 à 9 ans.

 

À lire pour aller plus loin :

Cinq titres d’Honoré de Balzac. Les dates de publication soulignent combien le thème du mariage n’a cessé de travailler l’écrivain :

Honoré de Balzac, La Femme de trente ans (commencé en 1829, achevé en 1842).

Honoré de Balzac, Le Lys dans la vallée, 1836.

Honoré de Balzac, Mémoires de deux jeunes mariées, 1841.

Honoré de Balzac, Honorine, 1843.

Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844.