Otto Dix, les maîtres anciens pour patrie

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Dans la cosmogonie picturale outre-Rhin des astres resplendissants se distinguent, par exemple Albrecht Dürer, Caspar David Friedrich, de nos jours Gerhard Richter. Il existe par ailleurs des artistes que l’on pourrait comparer à des trous noirs, des éclipses, des planètes cachées. Dans cette galaxie, on retrouve Matthias Grünewald, Käthe Kollwitz ou Otto Dix. Ce sont les artistes de l’inexplicable, de l’insondable, creusant chacun au cœur d’un labyrinthe commun leur propre mystère.

Otto Dix (1891-1969) restera allemand et en Allemagne pendant toute son existence, mais à quel prix ! Alors que la France développe dès 1914 une dynamique littéraire et esthétique autour du premier conflit mondial, notamment avec Blaise Cendrars et Fernand Léger, accueillant dans les années 30 Hans Hartung et Otto Wols, avant que Jean Fautrier ne révèle l’indicible horreur de la Seconde guerre mondiale en 1945, que s’est-il passé outre-Rhin ? Otto Dix a traversé ces années s’inspirant des monstres et des merveilles de l’art germanique et c’est son œuvre qui les raconte.

L’histoire de l’art occulte encore trop souvent la part des vaincus pour baigner de lumière uniquement celle des vainqueurs. Otto Dix, par son courage et sa détermination, reflète dans sa production une remarquable histoire de l’Allemagne au XXe. Sans concession, Dix sera le Monsieur Loyal d’une représentation féroce où la soldatesque est grimée en dompteurs, en animaux sauvages, en trapézistes et en lanceurs de couteaux.


Votre conférencier :

Stéphane Dubois-dit-Bonclaude est historien de l’art, dessinateur et auteur de plusieurs ouvrages sur les arts appliqués. Il a conduit sa carrière professionnelle à Genève plus sensiblement auprès du Service cantonal de la culture.


Les dates à retenir :

1871 : proclamation de l’Empire allemand au terme de la guerre franco-prussienne.

1895 : Joris-Karl Huysmans se convertit au catholicisme et « découvre » le retable d’Issenheim.

1914 : exposition du mouvement Deutscher Werkbund à Cologne.

1918 : proclamation de la République allemande.

1919 : création du Bauhaus à Weimar.

1937 : bombardement de Guernica et exposition de l’Art dégénéré à Munich.

1940 : Paul Klee obtient sa naturalisation suisse quelques jours après sa mort.

1945 : capitulation de l’Allemagne et bombe atomique sur Hiroshima.

1949 : création de la République démocratique allemande (RDA).

1972 : Jeux Olympiques d’été à Munich.


Pour aller plus loin :

À lire :

La montagne magique, Thomas Mann, 1924 (Scène finale).

Le temps retrouvé (À la recherche du temps perdu, tome 7), Marcel Proust, 1927.

Voyage au bout de la nuit, Louis-Ferdinand Céline, 1932.

Le tambour, Günter Grass, 1959.

Années 30 en Europe, le temps menaçant, sous la dir. de Suzanne Pagé, 1997 (Catalogue d’exposition).

Après la guerre, Laurence Bertrand Dorléac, 2010 (Essai).


À voir :

Allemagne année zéro, Roberto Rossellini, 1948.

L’œuf du serpent, Ingmar Bergman, 1977.

Le mariage de Maria Braun, Rainer Werner Fassbinder, 1979.


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Stéphane Dubois
02_Histoire de l’art