Histoire d’une œuvre : Le voyageur contemplant une mer de nuages de Caspar David Friedrich

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Comme ses tableaux aux atmosphères brumeuses, aux cimes d’arbres à peine perceptibles, au grand silence qui les berce d’une douce lumière, comme dans ses paysages sauvages et retirés, l’œuvre de Caspar David Friedrich est elle-même restée longtemps cachée, ignorée, insoupçonnée. Ce n’est que depuis quelques années que le monde de l’art s’est avisé de son approche talentueuse et novatrice, de celles capables de générer des courants artistiques. Aujourd’hui, l’artiste allemand est regardé comme l’un des plus illustres représentants du romantisme.

L’œuvre Le voyageur contemplant une mer de nuages (1818) est révélatrice de son univers visuel et de la dimension du sublime que Friedrich ajoute à la simple observation du paysage. A partir de cette toile, nous parcourons ses forêts, ses vallées, ses montagnes et ses mers pour souligner la dimension onirique et innovante des paysages saxons du maître romantique.


Votre conférencière :

Nathalie Douay est historienne de l'art et conférencière nationale.


Les dates à retenir :

1774 : naissance le 5 septembre de Caspar David Friedrich à Greifswald, ville du nord de l’Allemagne alors rattachée à la Suède.

Entre 1781 et 1791 : la vie de Friedrich est tristement marquée par les décès de quatre de ses proches, sa mère, son frère et deux sœurs.

1794 : pendant quatre ans, Friedrich suit les cours de Nicolai Abildgaard à l’Académie royale des Beaux-arts du Danemark. Ce peintre de paysages prestigieux influencera durablement l’artiste.

Dans les années 1800 : installé à Dresde, Friedrich s’inspire de diverses théories de penseurs allemands (Goethe, Schelling, Schleiermacher, Novalis…) attribuant une dimension spirituelle à la contemplation d’un paysage que l’artiste est à même de dévoiler par le sentiment du sublime qu’il exalte dans ses œuvres.

1810 : le peintre accède à une courte reconnaissance de son talent : il expose à Berlin, il est admiré par Goethe, Frédéric-Guillaume III de Prusse achète deux de ses tableaux.

1818 : Friedrich peint Le voyageur contemplant une mer de nuages, œuvre qui pourrait constituer un manifeste de son approche romantique de la peinture.

1826 : Friedrich, malade depuis deux ans, voit son état s’aggraver. Son obsession de la persécution l’éloigne de ses amis et de la peinture qu’il ne reprend que l’année suivante.

1835 : une congestion cérébrale le laisse paralysé.

1840 : Friedrich décède le 7 mai à Dresde où il est enterré ; son œuvre est longtemps oubliée des critiques et des historiens de l’art.

1972 : la Tate Gallery de Londres lui consacre sa première grande exposition qui sera suivie de celle de Dresde, de Hambourg et de Paris (1976) consacrée au Romantisme allemand et rendant à Friedrich son rôle prépondérant dans cet incontournable mouvement artistique.


À lire pour aller plus loin :

Werner Hofmann, Caspar David Friedrich, Editions Hazan, 2005.

Jean-Noël Bret et Laure Cahen-Maurel (dir.), L’œil de l’esprit, Caspar David Friedrich et le romantisme allemand, Editions Hermann, 2019.

Caspar David Friedrich : Die Erfindung der Romantik, [Caspar David Friedrich : L’invention du romantisme], catalogue en allemand de l’exposition rétrospective à Essen et Hambourg, 2006.