La quête de la perfection : Michel-Ange peintre, dessinateur et poète

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« Avec ce cœur de soufre et cette chair d’étoupe. » (Michel Ange)

En peignant le plafond de la Chapelle Sixtine (1508-1512) à Rome, Michel Ange a gagné le panthéon des grands génies de la Renaissance. Pourtant, c’est sous la pression d’un pape, Jules II, que l’artiste a accepté cette commande qui est restée l’une de ses réalisations les plus prestigieuses. Ce fut une véritable épreuve physique et dans l’un de ses poèmes l’artiste s’interrogeait : « Suis-je en bonne posture ici et suis-je peintre ? » Car Michel Ange se considérait avant tout comme un sculpteur. Et il avait beau manier pinceaux et couleurs, son œil était celui d’un sculpteur. Pour preuve, les réalisations peintes durant sa longue vie sont peu nombreuses : quatre peintures et trois fresques monumentales. Plus étonnant encore, l’irrégularité de cette production picturale. Ainsi après la voûte de la Sixtine, Michel Ange posera ses pinceaux durant plus de 25 ans avant de revenir pour peindre le Jugement dernier (1536-1541) et surprendre - voire scandaliser - une fois de plus ses contemporains.


Si l’œuvre picturale est donc plutôt parcellaire, il en fut tout autrement du dessin dont on peut dire qu’il fut la grande affaire de la vie artistique de Michel Ange. Si l’on a estimé à environ 50 000 le nombre de dessins réalisés par l’artiste durant sa carrière, c’est que comme Picasso - autre dessinateur exceptionnel - il eut pour lui la longévité, la précocité mais aussi la dextérité du geste, la science du raccourci, la rapidité de l’esprit et plein d’autres avantages. Bref, Michel Ange fut un champion toute catégorie ! Mais on ne saurait limiter le rôle du dessin chez cet artiste à la seule volonté de représenter la diversité de la nature, ou de s’interroger sur le monde et ses mystères comme le fit un Léonard de Vinci. Dans la pratique du dessin chez Michel Ange c’est l’idée d’une recherche de la perfection, c’est à dire une trace du divin qui domine. C’est une conception du beau héritée de sa fréquentation des cercles humanistes florentins, à la cour de Laurent de Médicis. Mais, cette quête de perfection, c’est aussi un défi que se lance en permanence à lui-même un artiste cultivé, tourmenté, passionné et mélancolique. On regrettera que pour attacher la perfection à son nom, Michel Ange ait détruit de nombreux dessins, esquisses, cartons jugés…imparfaits. Pour accompagner ses questionnements existentiels, Michel Ange se consacra aussi très sérieusement à la poésie. Plus de 300 poèmes furent écrits tout au long de sa vie et Michel Ange avec « ce cœur de soufre et cette chair d’étoupe », comme il l’écrit au début d’un sonnet, en retira une nouvelle gloire.


Votre conférencier :

Diplômé de l’École du Louvre et de l’université Paris-IV-Sorbonne, Fabrice Delbarre est Guide conférencier-national.


Les dates à retenir :

1475 : naissance de Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni à Caprese.

1488 : Michel Ange intègre l’atelier de Domenica Ghirlandaio.

1490-1492 : l'artiste est le protégé de Laurent de Médicis.

1499 : réalisation de la « Piéta » de la basilique Saint-Pierre.

1501 : Michel Ange reçoit la commande d’une statue de « David » de la ville de Florence.

1505 : commande de son tombeau à Michel Ange par le pape Jules II (1503-1513).

1508-1512 : le peintre réalise les fresques du plafond de la chapelle Sixtine.

1536-1541 : Michel Ange réalise le Jugement dernier dans la chapelle Sixtine.

1555 : l'artiste sculpte la « Piéta di Palestrina ».

1564 : mort de Michel Ange à Rome.


À lire pour aller plus loin :

Frank Zöllner et Christof Thoenes, Michel-Ange. L’œuvre complet. Peinture, sculpture, architecture, Taschen, 2022.

Thomas Pöpper, Michel-Ange. L’œuvre graphique, Taschen, 2017.

Michel-Ange, Poésies / Rimes, texte établi par Enzo Noè Girardi et traduit par Adelin Charles Fiorato, Belles Lettres, 2004.

Giorgio Vasari, La Vie des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, réédition de la traduction française et édition commentée sous la direction d'André Chastel (2 vol.), Actes Sud, 2005.

Thomas PÖPPER, Michel-Ange, 1475-1564 : l’oeuvre graphique, Taschen, 2017

Cristina ACIDINI LUCHINAT, Michel-Ange Sculpteur, Actes Sud, 2010

Cristina ACIDINI LUCHINAT, Michel-Ange Peintre, Actes Sud, 2007

MICHEL-ANGE, Poèmes, Gallimard, 1992