Devenir femme et mère : les obligations du féminin en Grèce ancienne

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Le modèle de la vie des femmes devenues épouses s’organise dans l’oikos, dans le gynécée autour de la production d’enfants et du métier à tisser, c’est là que s’opère la transmission culturelle féminine. C’est là que se racontent les mythes, que se chantent les chansons, que se donnent les recettes et que s’élèvent les petits. Ce tableau idéal est en contradiction totale avec ce que la tradition misogyne raconte de la femme, qui est, paresseuse, gourmande, ivrogne, dévergondée et bavarde. Tout ceci vaut surtout pour la femme du citoyen aisé, où les valeurs aristocratiques subsistent à l’âge de la cité. La femme idéale doit savoir faire quelque chose de ses dix doigts, c’est-à-dire filer et tisser. La philergia, l’amour du travail, est la qualité prisée chez une épouse. La femme du citoyen doit aussi savoir gouverner sa maison et diriger les serviteurs.

La maternité et le travail de la laine sont des valeurs solidaires qui constituent un point central pour la survie de la société. Le rôle des femmes, ces exclues proches de l’animalité, est reconnu comme capital. C’est un des paradoxes de la pensée grecque. Mais les épouses ont aussi une vie qui leur appartient, elles ont en effet la maîtrise de leur corps et sans doute de certains de leurs gestes. Si c’est bien sur elle que repose le devoir de produire des petits d’hommes, elles ont aussi la possibilité de ne pas en faire, avortement et contraception sont des pratiques communes. Car il existe bien une sociabilité des femmes entre elles et qui échappe aux hommes. Si sans doute elle se vit à l’ombre du gynécée dans l’oikos quand les hommes sont absents, les femmes se retrouvent aussi entre elles à la toilette autour du loutérion ou à la fontaine, seul lieu hors de la maison où elles se rencontrent (certaines d’entre elles au moins). Aussi les femmes sont indispensables comme épouses et comme mères. Comme maillons, de la filiation, de la parenté et de la citoyenneté.


Votre conférencière :

Lydie Bodiou est maître de conférences d’histoire grecque à l’université de Poitiers, elle appartient au laboratoire HERMA (Hellénisation et romanisation dans le monde antique), EA 3811. Ses travaux portent sur l’histoire des femmes et du genre dans l’Antiquité grecque, particulièrement sur l’histoire du corps, de la médecine et des sensibilités. Elle a notamment publié Diplômée Les crimes passionnels n’existent pas, avec F. Chauvaud et A. Sanesid, Editions d’une rive à l’autre, Paris, 2021 ; Liens saccagés. Commet parler des violences familiales ?, avec F. Chauvaud et M.-J. Grihom, Rennes PUR, 2021 ; Dictionnaire du corps dans l’Antiquité, Rennes, PUR, 2019 avec V. Mehl ; On tue une femme. Le féminicide, histoire et actualité, Paris, Hermann, 2019 avec F. Chauvaud et al. ; Une femme sur trois. Les violences faites aux femmes d’hier à aujourd’hui, Poitiers, Éditions Atlantique, 2019 (avec F. Chauvaud, M.-J. Grihom et H. Morel) ; L’Antiquité écarlate. Le sang des Anciens Éco, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2017 (avec V. Mehl) ; Le corps en lambeaux. Violences sexuelles et sexuées faites aux femmes Rennes, PUR, 2016 (avec F. Chauvaud, L. Gaussot, M.-J. Grihom).


Les dates à retenir :

Vers 1250 ? : début de la guerre de Troie.

1200-800 : « âges obscurs ».

Vers 620 : lois de Dracon à Athènes.

Vers 600 : Sappho à Lesbos.

594 : salon à Athènes.

508 : réformes de Clisthène à Athènes.

490 : Marathon.

451 : loi de Périclès sur la citoyenneté.

443-429 : Périclès stratège à Athènes.

431-404 : guerre du Péloponnèse.

399 : mort de Socrate.

359-336 : Philippe II roi de Macédoine.


A lire pour aller plus loin :

Pierre Brulé, La fille d’Athènes. La religion des filles à Athènes à l’époque classique : mythes, cultes et société, Belles Lettres, 1987.

Geneviève Hoffmann, La jeune fille, le pouvoir et la mort dans l’Athènes classique, De Boccard, 1992.

Nicole Loraux, La Grèce au féminin, Belles Lettres, 2003.

Pauline Schmitt-Pantel (dir.), Le corps des jeunes filles, Perrin, 2001.

Pauline Schmitt Pantel (dir.), L’Antiquité (I.), dans Duby G. et M. Perrot, L’Histoire des femmes en Occident, 5 volumes, Paris, Plon, 1991-1992, Perrin coll. Tempus, 2002.


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Lydie Bodiou
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