Les Nabis, prophètes d’un nouvel art

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L’engouement pour le renouveau artistique de la fin du XIXème siècle et le développement des académies privées furent propices au rapprochement de jeunes artistes en quête d’expérimentations et d’émulation. C’est dans ce contexte qu’en 1888, la présentation par Paul Sérusier à quelques-uns de ses amis, d’une petite étude suivant la leçon dispensée par Paul Gauguin à Pont-Aven, devient le point de départ à la constitution d’un nouveau groupe artistique dont les membres se baptisèrent, les Nabis. Sérusier, Denis, Bonnard, Vuillard, Ranson se voyaient en prophètes d’un art renouvelé, un art d’ornement sensé magnifier la vie quotidienne et s’affirmant en œuvre d’art total dépassant les traditionnelles distinctions entre les techniques. Privilégiant une atmosphère intimiste, voire symboliste, ils ont, chacun à leur manière, contribué à l’épanouissement d’un style synthétique s’appuyant sur la simplification des formes et l’élimination des détails au profit de larges aplats de couleurs. Maurice Denis a précisé leur démarche par une sentence : Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane, recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées.

À travers ce groupe, ses pratiques et ses amitiés, son goût pour l’ésotérisme, le japonisme, les arts décoratifs ou encore la photo, se met en place un nouveau langage artistique, qui contribua à l'émergence des avant-gardes du début du XXème siècle, au fauvisme notamment.


Votre conférencière :

Nathalie Douay est historienne de l'art et conférencière nationale.


Les dates à retenir :

1887 : les jeunes peintres Maurice Denis, Pierre Bonnard, Paul Sérusier et Paul-Élie Ranson se retrouvent à l’Académie Julian. Certains s’étaient connus au lycée Condorcet à Paris où Édouard Vuillard et Ker-Xavier Roussel étudiaient également.

1888 : Paul Gauguin et Émile Bernard peignent à Pont-Aven en Bretagne, les premières œuvres manifestes du synthétisme. Paul Sérusier assimile cette nouvelle leçon et avec ses amis, peintres symbolistes, ils fondent le groupe des Nabis assumant par ce nom l’engagement en faveur d’un renouveau artistique.

1891 : première exposition du groupe à Paris dans la galerie Le Barc qui leur organisera 15 expositions de peintres impressionnistes et symbolistes jusqu’en 1897.

1892 : Félix Vallotton, Georges Lacombe et Jan Verkade rejoignent les Nabis.

1900 : le groupe éclate, la plupart des membres prenant des voies différentes.

1908 : ouverture de l’Académie Ranson dans laquelle Maurice Denis, Félix Vallotton, Paul Sérusier et Ker-Xavier Roussel enseignèrent.

1913 : Maurice Denis publie Théories 1890-1910 : Du symbolisme et de Gauguin vers un nouvel ordre classique.


À lire pour aller plus loin :

Murielle Neveux, Les Nabis : prophètes de l’art moderne, éditions Gallimard, 2021.

Le Talisman de Sérusier, catalogue d’exposition, éditions Flammarion, 2019.

Les Nabis & le décor. Bonnard, Vuillard, Maurice Denis, …, catalogue d’exposition, éditions de la RMN, 2019.


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Nathalie Douay
02_Histoire de l’art