Jeanne d'Arc, héroïne et martyre
Jeanne d’Arc a grandi à Domrémy, un petit village lorrain des frontières du royaume de France fidèle au roi de France et, depuis le traité de Troyes, hostile aux ducs de Bourgogne et aux Anglais. Dès l’adolescence, elle entend des voix (saint Michel, sainte Catherine et sainte Marguerite) qui lui commandent de « bouter les Anglais hors de France ». Elle réussit à prendre les armes en 1429 et, à Chinon, elle convainc le dauphin Charles de lui confier une armée. Menacé par l’avancée des Anglo-bourguignons, le roi, après examen de sa virginité et du contenu de sa foi, la considère comme une prophétesse. Nommée capitaine, elle galvanise les troupes et enthousiasme la population lorsqu’elle contribue à faire lever le siège d’Orléans (8 mai). À l’inverse, ses ennemis l’injurient comme fille commune et comme sorcière : elle les aurait envoûtés, croient-ils. Ils n’ont eu de cesse d’être désenvoûtés, ce qu’ils obtiendront après un long procès d’inquisition en la condamnant au bûcher le 30 mai 1431comme hérétique et sorcière. Entre temps, elle a fait sacrer le roi Charles VII, mais elle n’a pas réussi à reprendre Paris et, un an plus tard, elle a été capturée par les Bourguignons à Compiègne, puis livrée aux Anglais. Certains, en particulier le roi, ont pu penser que Dieu l’avait abandonnée et rien ne fut entrepris pour la sauver. Elle ne fit donc pas l’unanimité de son vivant. Trente ans après sa mort, l’un de ses anciens ennemis la traite encore de « putain ribaude ». D’autres, mais peu nombreux, comme François Villon, chantent « Jeanne la bonne Lorraine ». En 1456, le procès en nullité réhabilite sa renommée (sa fama), sans grand écho. Il faut attendre la fin du XIXème siècle pour qu’en France, l’opinion publique s’approprie son personnage et pour qu’elle soit canonisée (1920), non sans faire taire les controverses.
Votre conférencière :
Historienne, professeure émérite à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, spécialiste d'histoire politique, sociale et judiciaire du Moyen Âge.
Les dates à retenir :
1412 : 6 janvier ? naissance de Jeanne d’Arc.
1420 : 21 mai, Traité de Troyes, le roi anglais Henri V gouvernera le royaume de France à la mort de Charles VI.
1425 : Jeanne a probablement ses premières apparitions (saint Michel, sainte Catherine et sainte Marguerite).
1429 :
-12 février ? Jeanne part de Vaucouleurs.
-25 février ? Jeanne rencontre le dauphin Charles à Chinon.
-22 mars : première sommation par lettre aux Anglais.
-29 avril : entrée de Jeanne à Orléans.
-8 mai : Orléans délivrée.
-17 juillet : sacre de Charles VII à Reims.
-8 septembre : échec devant Paris, Jeanne blessée.
1430 :
-23 mai, Jeanne est faite prisonnière par l’armée bourguignonne.
-25 mai, l’université de Paris demande que Jeanne soit jugée comme hérétique.
-14 juillet : l’évêque Cauchon obtient que Jeanne soit livrée aux Anglais.
-23 décembre : Jeanne emprisonnée au château de Rouen.
1431 :
-9 janvier, ouverture du procès d’inquisition par l’évêque Cauchon.
-27 et 28 mars, lecture à Jeanne des 70 articles de l’acte d’accusation comme hérétique et sorcière.
-24 mai, Jeanne abjure au cimetière de Saint-Ouen.
-28 mai, Jeanne déclarée relapse car elle a repris ses habits d’homme.
-30 mai, Supplice de Jeanne sur la place du Vieux-Marché à Rouen.
1449 : 10 novembre, entrée triomphale de Charles VII à Rouen.
1450 : 15 avril, victoire de Charles VII à Formigny contre les Anglais en Normandie.
1453 : 17 juillet, victoire de Charles VII à Castillon contre les Anglais en Guyenne.
1455 : début du procès en nullité.
1456 : 7 juillet, Jeanne réhabilitée à Rouen.
A lire pour aller plus loin :
Franck Collard, La passion Jeanne d’Arc. Mémoires françaises de la Pucelle, Paris, Presses universitaires de France, 2017.
Philippe Contamine, Oliviers Bouzy, Xavier Hélary, Jeanne d’Arc. Histoire et dictionnaire, Paris Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2012.
Georges et Andrée Duby, Les procès de Jeanne d’Arc, Paris, Gallimard-Julliard, coll. « Archives », 1973.
Claude Gauvard, Le temps des Valois, 1323-1515, Paris, Presses universitaires de France, 2013.
Claude Gauvard, Jeanne d’Arc. Héroïne diffamée et martyre, Paris, Gallimard, coll. « L’esprit de la cité », 2022, (Prix Augustin Thierry de l’Académie française).