Histoire d’une œuvre : Les Loisirs selon Fernand Léger
Des cyclistes arrêtés au bord de la route dans un univers coloré et moderne, c’est l’image que Fernand Léger élabore du bonheur moderne illustré par les loisirs populaires. Nous sommes en 1949 et le peintre, de retour des Etats-Unis où il s’était installé pendant la guerre, entend marier dans son art les héros des temps nouveaux à ceux de l’histoire dans une esthétique qui s’est depuis longtemps émancipée des critères d’une peinture traditionnelle : ni profondeur, ni perspective, des personnages simplifiés, des couleurs arbitraires qui parfois se libèrent même de la forme et surtout, vélo, nuage, enfant ou barrière, tout est traité de la même manière avec autant d’importance.
Fernand Léger permet à la peinture de s’évader elle aussi et d’exister sans sujet, en présentant dans un univers plastique, des objets facilement identifiables par tous. Objets qui traduisent sa fascination pour le progrès, les constructions et la vie moderne qui l’amènera à pratiquer également le cinéma, la littérature, la sculpture, le vitrail, la céramique et les fresques reliant ainsi ses premières pratiques en architecture avec une œuvre murale permettant aux visiteurs de s’immerger dans un monde nouveau.
Image : bridgemanart.com
Votre conférencière :
Nathalie Douay est historienne de l'art et conférencière nationale.
Les dates à retenir :
1881 : naissance le 4 février à Argentan (Orne) de Fernand Léger dans une famille paysanne.
1903 : après avoir été dessinateur chez un architecte, il entre à l’Ecole des Arts Décoratifs à Paris. Il fréquente également l’Académie Julian.
1908 : il s’installe dans un des ateliers de La Ruche où il côtoie Chaïm Soutine, Marc Chagall, Robert Delaunay et Blaise Cendrars.
1911 : il expose au Salon des Indépendants et au Salon d’Automne. En marge de Picasso et Braque, inventeurs du cubisme, il fonde son esthétique sur les contrastes entre forme et couleur. Il participe au groupe de la Section d’or.
1914-1917 : il est mobilisé pendant la Première Guerre Mondiale.
Dans les années 1920, le thème de la ville et des machines prend de plus en plus d’importance dans son œuvre alors qu’il s’ouvre à des formes d’expressions nouvelles : littérature, spectacles vivants, architecture, cinéma, sculpture.
1924 : il fonde avec Amédée Ozenfant et Marie Laurencin, l’Académie de l’art moderne.
1937 : il participe à l’Exposition internationale des Arts et techniques au moment où son travail opère un retour à la figuration et à la dimension décorative d’une œuvre en lien avec l’architecture.
1941 : il s’installe à New-York où il retrouve le compositeur Darius Milhaud et les peintres modernes représentés par la galerie Pierre Matisse.
1945 : il rentre en France et adhère au parti Communiste. Il ouvre une nouvelle école d’enseignement artistique à Montrouge, puis à Paris. Sa production est toujours très marquée par la vie moderne et notamment le monde des loisirs et des progrès sociaux.
1949 : le musée national d’Art Moderne lui organise une rétrospective.
1950. Léger crée son atelier de céramique à Biot et présente la même année, sa première grande sculpture La Fleur qui marche.
1955 : il meurt brusquement d’une crise cardiaque à l’âge de 74 ans, le 17 août à Gif-sur-Yvette où il vivait depuis 3 ans.
À lire pour aller plus loin :
Catalogue de l’exposition Fernand léger, le beau est partout, édition du Centre Pompidou-Metz, 2017
Catalogue de l’exposition Fernand Léger, reconstruire le réel, Réunion des musées nationaux, 2014
Catalogue du Musée national Fernand Léger, Réunion des musées nationaux, 2006
Pierre Descargues, Fernand Léger, Cercle d’art, 1997