Parfums d’Arabie : naissance et déclin de la « route de l’encens »

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Evoquer la « route de l’encens » c’est parler de l’échange de produits aromatiques particuliers (myrrhe, encens pour les plus connus) dans une géographie bien définie allant de la péninsule Arabique à la Méditerranée et à une époque comprise entre le IIIe Mill av. J.-C. et le VIe ap.J.-C. L’importance de l’encens dans les usages sacrés et profanes des sociétés antiques voilà ce qui contribua à faire de la route de l’encens un axe convoité autant par les Egyptiens que par les Romains. L’archéologie nous montre clairement que la route de l’encens compta dans les échanges commerciaux reliant la Méditerranée à la mer Rouge, le golfe Arabo-persique à l’océan Indien et que durant sa longue histoire, elle connut différentes phases de développement et différents itinéraires. Pour preuve, ces pays d’abondance mentionnés dans des inscriptions, Dilmoun, Pount, Saba, tous trois impliqués à différentes époques et à différents niveaux dans le commerce de l’encens. Et puis, ne l’oublions pas, la route de l’encens - comme la route de la soie - fut encore une véritable « fabrique du merveilleux » avec toujours en arrière-plan une Arabie des confins, méconnue, où comme l’écrira l’historien Tabari (IXe siècle) « la fumée de l’encens atteint le ciel comme nulle autre fumée ». La route de l’encens n’est donc pas un mirage, elle a bel et bien existé. Mais alors, peut-on en dater précisément la naissance, et la mort ?


Votre conférencier :

Diplômé de l’École du Louvre et de l’université Paris-IV-Sorbonne, Fabrice Delbarre est Guide conférencier-national.


Les dates à retenir :

IIIe-Ier millénaire avant J.-C. : naissance et épanouissement de la civilisation de Dilmoun,.

2400 av. J.-C. : première attestation de l’utilisation de l’encens en Egypte inscrite sur la pierre de Palerme.

XVe av. J.-C. : le récit de l’expédition ordonnée par le reine Hatchepsout au pays de Pount est gravé dans le temple de Deir el-Bahari.

XIIe av. J.-C. : le commerce de l’encens entre le Pays de Pount et l’Egypte cesse.

VIIIe siècle av J.-C. : début de l’utilisation du dromadaire comme animal de bât.

VIe av. J.-C. : essor du commerce trans-désertique. Essor du commerce de l’encens et des royaumes d’Arabie du sud (Saba, Hadramawt, Maîn…).

IVe av. J.-C. : début de la participation au commerce caravanier des Nabatéens.

Ier siècle av. J.-C. : sous l’impulsion de la puissance romaine, l’essor de la voie maritime est manifeste alors que le déclin de la voie terrestre est entamé.

25 av. J.-C. : sur l’ordre de l’empereur Auguste, Aelius Gallus conduit une expédition malheureuse vers l’Arabie Heureuse afin de contrôler la route de l’encens.

IIIe ap. J.-C. : début du déclin de la route de l’encens.


A lire pour aller plus loin :

Bahreïn, la civilisation des deux mers, de Dilmoun à Tylos, Catalogue de l’exposition de l’IMA, 1999.

Lydie Bodiou, Véronique Mehl, (dir.) « Parfums et odeurs dans l’Antiquité », PUR, Rouen, 2008.

Paul Faure, « Parfums et aromates de l’Antiquité », Paris, 1987.

Nigel Groom, Frankincense and Myrrh: A Study of the Arabian Incense Trade, Londres/New York/Beyrouth., 1981.

Leïla Nehme, François Villeneuve, Pétra, métropole de l’Arabie antique, Paris, 1999.

« Yemen, au pays de la reine de Saba », Exposition, Paris, Institut du Monde Arabe, 1998.