Avicenne, le prince des médecins arabes ?

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« Personne avant Avicenne n’a composé un livre aussi parfait sur les principes de la médecine que le premier livre du Canon de la médecine », déclare vers 1340 Gentile da Foligno, un professeur de médecine de l’université de Pérouse. « Il n’est de bon médecin qu’Avicennien », affirme encore, à la fin du XVIe siècle, un médecin allemand à la faculté de Leipzig. Voilà ce qu’ont pensé, pendant plus de trois siècles, les savants du monde occidental du grand penseur. Avicenne, « prince des savants », a alors dominé de sa figure non seulement la médecine mais aussi toute la science et la philosophie, avant d’être seulement écarté par les avancées de la Révolution scientifique moderne. Dans le monde islamique, sa fortune fut plus longue encore : on le commentait encore au XIXe siècle dans les écoles et, de nos jours, son Canon de la médecine est encore à la base de l’une des médecines traditionnelles indiennes.

Comment donc ce persan, né en Asie centrale vers 980 et écrivant en arabe, a-t-il pu avoir une telle influence sur l’histoire de la médecine mondiale, au point que l’on nomme, encore aujourd’hui, hôpitaux et universités à son nom dans toute la planète ? Etait-il un original, un inventeur, un esprit libre, comme le disent ses thuriféraires, ou plutôt un compilateur, compilateur de génie certes, mais simple compilateur tout de même, comme le disent ses critiques ?

Cette conférence tentera de répondre à ces questions en présentant la vie d’Avicenne, bien connue grâce à une autobiographie qu’il a rédigée lui-même, mais en essayant aussi de le replacer dans son temps : qu’est-ce qu’était un excellent médecin dans le Proche Orient médiéval ? Quelle fut concrètement son influence sur la discipline médicale ? Que peut-on, encore aujourd’hui, tirer de l’étude de ce grand savant ?


Votre conférencier :

Joël Chandelier est maître de conférences en histoire médiévale à l’Université Paris 8. Il s’intéresse depuis ses premiers travaux à l’histoire de la médecine médiévale et plus précisément sur l’influence de la médecine arabe en Italie. Sa thèse, soutenue en 2007 à l’École Pratique des Hautes Études portait sur : La réception du Canon d’Avicenne. Médecine arabe et milieu universitaire en Italie avant la Peste noire.


Les dates à retenir :

980 ou un peu avant : Naissance d’Avicenne à Boukhara.

998 : Avicenne devient médecin du prince samanide de Boukhara, Nūn ibn Manṣūr.

v. 999-1012 : Avicenne fuit l’avancée des Turcs et s’installe à la cour de Gurganj. Avicenne commence la rédaction du Canon de la médecine.

1015-v. 1024 : Avicenne à Hamadhan, où il devient vizir..

Années 1020 : achèvement du Canon de la médecine.

v. 1024-1037 : Au service de ʿAlāʾ-ad-Dawla à Ispahan comme conseiller et savant.

1037 : Mort d’Avicenne à Hamadhan.

1187 : Mort à Tolède de Gérard de Crémone, traducteur d’Avicenne en latin.


A lire pour aller plus loin :

Adamson, Peter, éd., Interpreting Avicenna : critical essays, Cambridge-New York, Cambridge University Press, 2013.

Chandelier, Joël, Avicenne et la médecine en Italie. Le Canon dans les universités (1200-1350), Paris, Honoré Champion, 2017.

Jacquart, Danielle et Micheau, Françoise, La médecine arabe et l’Occident médiéval, Paris, Maisonneuve et Larose, 1990

Sanagustin, Floréal, Avicenne (XIe siècle). Théoricien de la médecine et philosophe, Beyrouth, Presses de l’IFPO, 2009.

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Joel Chandelier
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